Corneille.
Bonjour,
Si j’ai séduit Cinna, j’en séduirai bien d’autres
Que faut-il penser de ce futur simple ?
Merci.
Bonjour,
Cet emploi du futur est tout à fait justifié.
Pour être prosaïque voici un exemple simple.
Si tu as menti, tu seras puni.
On ne pourrait pas dire :
Si tu as menti, tu serais puni
Merci Czardas d’avoir répondu.
Les deux phrases sont structurellement identiques, effectivement, mais elles ne me semblent pas exprimer la même chose.
Dans la seconde, on est dans l’affirmation péremptoire ; dans la première, dans l’hypothèse.
Bonjour Brad.
Il ne s’agit pas ici d’une hypothèse mais d’une affirmation.
Le verbe de la subordonnée introduite par si est au passé composé, permettant d’affirmer la réalité de la séduction et le verbe de la principale est au futur pour indiquer une action à venir.
Bonjour,
Vous avez sans doute raison.
Mais je n’écrirai jamais ce vers avec un futur simple. Les propositions ont beau être ce qu’elles veulent.
Je distingue entre :
Si j’ai séduit Cinna, j’en séduirai bien d’autres (en ajoutant un S), ce qui signifie » Je pourrais bien en séduire d’autres », » Je serais bien capable d’en séduire d’autres »
et
J’ai séduit Cinna et j’en séduirai bien d’autres (ici le mot bien prend le sens de beaucoup), ce qui signifie » Après avoir séduit Cinna, je vais encore en séduire beaucoup d’autres. Là, oui, il faut utiliser le futur.
Bonjour,
En conjuguant diriez-vous :
Si nous avons séduit Cinna, nous en séduirons/séduirions bien d’autres.
Ce débat devient cornélien… 😎
En conjuguant, je mettrais un conditionnel, parce que ce qui est exprimé est une supposition. C’est vrai qu’à la 1° et à la 2° personne du pluriel, le conditionnel est lourd à prononcer et qu’on est tenté d’utiliser le futur, une sorte de raccourci, mais il ne se justifie pas.
Oui, il devient cornélien, parce qu’on s’aperçoit de plus en plus qu’en appliquant certaines règles que certains brandissent, la langue se met à grincer plus fort que des gonds rouillés, et vice versa. En huilant la langue, ce sont les règles brandies qui se mettent à grincer.
Alors, il ne reste plus qu’une seule solution : jouer à l’instit en criant » taisez-vous dans les rangs, écoutez et obtempérez, moi seul suis savant ! »
Ce « si » n’introduit pas une condition, il est synonyme de « puisque ». C’est pour ça que le conditionnel n’a rien d’obligatoire, voire rien à faire ici.
Puisque j’ai séduit Cinna, j’en séduirai bien d’autres.
Bonjour Passcool,
Je trouve votre réponse très intéressante.
Effectivement si n’introduit pas une condition, vous avez raison, et on n’a pas besoin d’un si pour mettre un verbe au conditionnel.
Le fait est que le locuteur n’a nullement l’intention d’en séduire d’autres. Il exprime une supposition, supposition qui relève, il me semble, du mode conditionnel.
J’accèpterais bien un futur simple, mais il faut alors admettre que le futur simple s’autorise d’empiéter largement sur les plates-bandes du conditionnel.
Futur simple et conditionnel empiètent effectivement l’un sur l’autre, puisque tous les deux ne sont pas encore réalisés et donc incertains. Mais l’essence du conditionnel est d’être soumis à la réalisation d’une condition, sinon énoncée, au moins clairement sous-entendue.
Vous dites que ce n’est qu’une hypothèse. Quelle est donc la condition sous-entendue ici :
Si (puisque) j’ai séduit Cinna, j’en séduirai bien d’autres si j’en ai l’occasion.
Si (puisque) j’ai séduit Cinna, j’en séduirais bien d’autres si j’en avais l’occasion.
On voit que les deux affirmations n’ont pas le même sens, ne portent pas la même assurance. Je ne connais pas la pièce mais je gage que le sens voulu est plus l’assurance de la première. Par la concordance des temps, elle légitime le futur.
Et je trouve que dans la deuxième forme la condition doit être exprimée.