connaître le nom d’une figure de rhétorique
Bonjour,
Je pose cette question ici bien qu’elle ne soit pas relative à un problème d’orthographe, n’hésitez donc pas à me rediriger si je suis au mauvais endroit. Je voudrais connaître le nom de la figure de rhétorique qui consiste à imputer ses propres propos à quelqu’un d’autre. La visée peut être ironique, il s’agit de donner plus de poids à son argument. Par exemple, dans Phèdre , Socrate attribue à un Laconien la parole suivante « De la parole, il n’y a pas d’art authentique, si cet art n’atteint pas à la vérité, et il ne pourra jamais y en avoir ». Mais on se doute bien que, dans le dialogue, elle est une invention de Socrate (Socrate a coutume de feindre l’ignorance).
Merci
Je ne vois pas de nom spécifique pour ce genre de procédé. Je dirais simplement -faute de mieux- qu’il s’agit d’une fausse polyphonie.
Dans la famille des tropes, ce que vous décrivez me semble avoir du mal à disposer d’un nom en propre. Ce n’est pas vraiment un procédé oratoire (rhétorique), mais plutôt un style de rédaction en mode indirect.
Cela étant, par éliminations successives, j’arrive à classer cela comme une forme d’antiphrase, cette figure jouant ici un rôle de moteur dans l’échange verbal. Elle n’a pas de sens une fois isolée de son milieu et ne sert qu’à alimenter une dialectique.
Peut-être quelqu’un aura-t-il une autre analyse…
Merci pour vos réponses. #Chambaron : si l’on est derrière le texte (ici dans mon exemple si l’on est Platon) ce procédé est en effet au service de la rédaction, mais si l’on est Socrate (ou quelqu’un d’autre peu importe), dans le dialogue, ce procédé me semblait pouvoir avoir valeur de sophisme (mais quittons toutefois le texte de Platon car ici la citation n’est manifestement pas controuvée et l’on ne peut pas dire que l’usage qu’en fait Socrate soit destiné à tromper) en ce sens qu’il consiste en une opération assez singulière d’enrobage où l’on tente de légitimer son propre dire en lui donnant l’apparence d’une chose digne d’être citée.
Mais peut-être n’est-ce pas une figure si commune, je dois l’avoir rencontré dans des conversations réelles, voilà pourquoi je m’interroge.
Je pense vous suivre dans votre raisonnement mais il s’agit d’autre chose que d’un procédé oratoire ou d’une figure « de style ». C’est la démarche intellectuelle même qui est en jeu.
Il y a quelque chose ici de la prosopopée, forme familière chez les Grecs anciens, donnant vie à un élément inanimé ou personnifié. Un personnage fictif, de circonstance, peut alors devenir un sparring partner du rédacteur, uniquement justifié par le renvoi de balle dans l’argumentation.
Il s’agit alors là d’un vrai précédé stylistique, ressuscité en France à la Renaissance, avec de nombreuses formes de La Fontaine aux surréalistes.
« sermocination
Nom commun. (Rhétorique) Figure de rhétorique où l’on fait parler une personne (réelle ou une allégorie) absente, en prenant soin de lui attribuer, un discours qui lui convient, lui ressemble, la sert, en fait du vocabulaire, de la prosodie, etc. (cas particulier [variété] de prosopopée).
Rem. Laconien : Habitant de la Laconie, dont la capitale était Sparte.
Merci #Chambaron. En effet, la fameuse prosopopée !