Conditionnel + Subjonctif présent ?
Bonjour!
Pourriez-vous m’aider s’il vous plaît?
Je désire savoir s’il est possible d’utiliser le subjonctif présent après le conditionnel?
Exemple: « Ce serait donc inacceptable qu´un politicien dise: …. »
Merci beaucoup pour votre aide!
Adriano
Oui oui bien sûr. Ce qui commande ici le subjonctif c’est l’expression « il est inacceptable ».
Il est/sera/serait inacceptable qu’un politicien dise
ll était/fut/aurait été inacceptable qu’un politicien dît : ici concordance des temps : à un temps passé dans la principale correspond un subjonctif passé dans la subordonnée.
Bonjour, la réponse est oui.
Dans les examens ou concours dépendant du ministère de l’Instruction publique, c’est effectivement possible depuis un décret du 26 février 1901 :
« Concordance ou correspondance des temps. — On tolérera le présent du subjonctif au lieu de l’imparfait dans les propositions subordonnées dépendant de propositions dont le verbe est au conditionnel présent. Ex. : il faudrait qu’il vienne ou qu’il vînt. »
Si cette tolérance officielle est apparue à cette époque, c’est que c’était déjà l’usage. C’est aujourd’hui la norme, et un subjonctif imparfait sonnerait mal, même en littérature.
Dans les vieilles grammaires, chez les auteurs classiques, et jusqu’à la première guerre mondiale, le subjonctif imparfait est presque la norme écrite. Si j’en crois ma mini-recherche de ce jour, Proust, après un conditionnel présent, a d’abord utilisé un subjonctif imparfait, puis plus tard un subjonctif présent (en tout cas il a utilisé les deux, dans des contextes similaires). Molière fait évidemment la vieille concordance, mais même Hugo, et généralement Zola, la font encore.
On trouve encore dans des livres et sur internet des tableaux de concordance des temps demandant le subjonctif imparfait après un conditionnel présent. Si vous êtes tombé sur un tel tableau, il est très abusif, et à vrai dire périmé. Je viens d’en trouver plusieurs, je les estime aujourd’hui fautifs.
Par exemple, le site « cordial.fr » préconise l’imparfait du subjonctif après le conditionnel présent. On le voit sur cette page. Espérons que leur logiciel de correction « Cordial » est plus subtil. Ce serait déjà très abusif s’ils se limitaient au cas où il faut un subjonctif dans la subordonnée (ils auraient juste 150 ans de retard), mais c’est ici complètement con (avec le verbe savoir, même conjugué au conditionnel, on poursuit par un indicatif, et ils semblent l’ignorer).
Si vous posez la question de la validité de votre phrase, est-ce parce que vous l’estimez correcte (à juste titre aujourd’hui) mais que vous avez lu quelque part qu’il fallait une autre concordance (très ancienne règle) ? Si oui, où ?
Concorde a eu raison de préciser que le subjonctif imparfait est de nos jours très largement abandonné.
On peut encore le rencontrer à la troisième personne du singulier, mais son emploi est incontestablement artificiel ou pédant.