Concordance des temps /subjonctif au passé
Bonjour à tous,
j’ai toujours beaucoup de mal avec la concordance des temps quand il s’agit de subjonctif. Existe-t-il des règles pour ne pas se tromper ?
Je lis sur un manuscrit que je tente de corriger « Elle espérait qu’i fasse une crise cardiaque et meure », or si je me reporte à ce qu’on m’a appris la phrase correcte devrait être « Elle espérait qu’il fît une crise cardiaque et mourût ».
Pouvez-vous s’il vous plaît me le confirmer car cette phrase me paraît un peu lourde.
Merci.
Bonjour Maria, oui, sur le plan strictement grammatical, il eût été plus correct que les verbes fussent conjugués ici à l’imparfait du subjonctif. Cependant, ce temps n’étant plus guère usité aujourd’hui en dehors d’un contexte littéraire ou très soutenu (voire par effet de style, humoristique ou par dérision), il est admis d’utiliser le présent du subjonctif comme dans l’exemple que vous citez.
Bonjour Marla,
Vous savez peut-être que « espérer + subjonctif » est déconseillé. On écrit plutôt :
— Elle espère qu’il fera… Elle espérait qu’il ferait…
Et ce passage à l’indicatif montre que oui, la concordance des temps est normale. Elle n’est absolument pas un artifice.
Avec un verbe appelant le subjonctif, ça donne :
— Elle souhaite qu’il fasse… Elle souhaitait qu’il fît…
On renonce généralement à cette concordance, mais ce n’est pas la nouvelle règle, c’est une simplification, souvent bienvenue, parfois abusive.
Dans les romans modernes qui parlent de la vie au bureau et des achats au supermarché, on n’applique pas la concordance des temps au subjonctif.
— J’ai acheté un nouveau crayon bien que le précédent écrivît encore. On évite.
Dans certains autres cas, je ne vois pas de raison de faire sauter les concordances.
— On m’a raconté qu’un paysan découvrit un jour un trésor dans un champ qu’il labourait tous les ans bien qu’il n’en fût pas le propriétaire.
Même si vous êtes contente de votre passé composé suivi d’un passé simple puis d’un imparfait, trois belles nuances du passé, vous pouvez décider en fin de phrase que la concordance des temps c’est pédant ou ridicule, et qu’on doit désormais écrire « soit » plutôt que « fût ».
— On m’a raconté qu’un paysan découvrit un jour un trésor dans un champ qu’il labourait tous les ans bien qu’il n’en soit pas le propriétaire. Puis précisez dans la phrase suivante : Je veux dire qu’à l’époque, il n’en était pas propriétaire, parce qu’évidemment il l’a acheté depuis.
Le nivellement du subjonctif est aussi un style littéraire, après tout.
Parlez-en à l’auteur du manuscrit, mais ne modifiez pas les concordances de temps qu’il a choisies, ne soyez pas plus puriste que lui, ni plus relâchée que lui. Si l’auteur trouve que c’est une bonne articulation d’utiliser le subjonctif présent dans les passages au présent et le subjonctif imparfait dans les passages au passé, appliquez son choix sur l’ensemble du livre. S’il veut un style simplifié, supprimez toutes les concordances au subjonctif.
C’est avant même de commencer à écrire que vous devez décider du registre de langue. Un livre écrit globalement au présent a un style simple, et il vaut mieux dans les passages au passé ne pas faire la concordance des temps au subjonctif. Mais dans un récit au passé simple, c’est une convention d’écriture très acceptable que de ne pas faire sauter les concordances. Convenez que le passé simple n’est pas non plus très naturel, je n’ai personnellement jamais entendu quelqu’un utiliser le passé simple à l’oral, pas une seule fois sur des millions de phrases entendues. Et pourtant de très nombreux récits sont écrits au passé simple, sans la moindre connotation pédante ou humoristique. C’est sur un site consacré à la littérature plus que sur un site d’orthographe que vous trouverez des réponses à votre question portant sur le style à adopter dans un récit.
Vous avez des crayons qui écrivent tout seuls ?…
@CATHY LÉVY Pourquoi tout seuls ?
Merci Christian, je réalise que c’est un doublon d’une question que j’ai posée précédemment, mais ça me chiffonne grandement. Cette confirmation me conforte dans mes choix.
C’est donc vous qui jugez s’il est opportun d’utiliser le subjonctif imparfait ou le subjonctif présent.
Bonjour,
Voici un lien vers un sujet (le mien d’ailleurs) traitant le même thème.
Il se peut qu’il vous intéresse.
Qb2508.
Votre question en lien est quand même un peu différente. Il n’y a aucune notion de passé dans votre conditionnel présent qui n’est qu’une atténuation du verbe. Et le subjonctif imparfait n’a pas un rôle de concordance des temps. Cette convention du subjonctif imparfait dans un contexte présent est nettement plus artificielle.
Merci beaucoup pour ces précisions.