Concordance des temps : Si + Plus-que-parfait… que ?
Bonsoir, je me casse la tête sur un problème de concordance des temps depuis une petite heure sans vraiment arriver à trouver une réponse satisfaisante et surtout une explication.
Faut-il mettre : « Si tu avais intégré le fait que tu es menuisier, tu te serais protégé les mains. »
Ou « Si tu avais intégré le fait que tu étais menuisier, tu te serais protégé les mains. » ?
Je me base sur la concordance des temps basique: principale au passé de l’indicatif, subordonnée à l’imparfait, mais je ne suis pas sûre que cela fonctionne avec Si.
Je vous remercie par avance de votre réponse.
Edit : J’avais oublié la possible utilisation du mode subjonctif après « le fait que », c’est peut-être pour cela que le premier exemple me dérange….
La concordance des temps, dans cette subordonnée, appellerait l’imparfait (plus-que-parfait – imparfait) :
« Si tu avais intégré le fait que tu étais menuisier… »
Cependant, le verbe « être» désigne un état : l’interlocuteur est menuisier, à ce titre, le présent est parfaitement admis :
« Si tu avais intégré le fait que tu es menuisier… » (si tu avais intégré quoi ? le fait que tu es menuisier).
Bonjour,
L’emploi du verbe intégrer est inapproprié.
On peut à la rigueur intégrer un savoir, des connaissances…
J’écrirais plutôt :
Si tu avais respecté les consignes de sécurité, tu te serais protégé les mains.
Bonjour, merci beaucoup pour votre réponse.
J’ai une autre question qui découle de cela car je ne suis pas vraiment au clair avec les verbes d’état.
Si j’ai : » Je savais que tu étais menuisier » ou « J’ai su que tu étais menuisier », peut-on mettre « J’ai su que tu es menuisier » ou « Je savais que tu es menuisier » ?
Ça m’écorche un peu les oreilles, du coup.
Est-ce que sur mon précédent exemple « le fait » joue un rôle déterminant sur le fait qu’on puisse mettre le verbe être au présent ?
Je partage votre interrogation et j’attends avec impatience les explications de Jean Bordes.
Après un verbe principal au passé, le verbe de la subordonnée peut se mettre au présent de l’indicatif pour exprimer une vérité générale ou bien un fait qui dure encore au moment où l’on parle.
On pensait dans l’Antiquité que la Terre était plate. Après les voyages de Christophe Colomb et Magellan on a découvert que la Terre est ronde. (vérité générale)
J’ai appris que la racine carrée de 144 est 12 . (= vérité générale)
J’ai appris que tu es menuisier. ( = en ce moment)
Si on écrit :
J’ai appris que tu étais menuisier, cela ne signifie pas nécessairement que tu l’es encore.
« J’ai appris que tu es menuisier ». Le passé composé fonctionne bien, en effet, avec un présent désignant une action qui dure encore. Mais avec un imparfait… « Je savais que tu es menuisier », vous l’entendez de la même façon ?
Que dire de cette phrase ?
Lorsque tu nous racontais il y a quelques années tes aventures amoureuses personne ne te croyait. Ton entourage savait que tu es un fieffé menteur.
Comme dit Brassens dans une de ses chansons :
« Le temps ne fait rien à l’affaire …»
Quand on est menteur on est menteur.
Selon Le Petit Grevisse, » Après un passé dans la principale, on peut avoir le présent de l’indicatif dans la subordonnée lorsque celle-ci exprime un fait vrai dans tous les temps ».
Ici, si la personne était menuisier dans le passé mais l’est restée jusque maintenant, je pense que cette règle peut s’appliquer et que le présent est donc autorisé.
Je savais que tu es menuisier
Bien sûr, si cette personne était menuisier mais ne l’est plus, on devrait utiliser soit l’imparfait ou le passé simple soit le plus-que-parfait ou le passé antérieur s’il avait été menuisier bien avant le moment où la personne l’a appris.
Je savais que tu étais menuisier
Je savais que tu avais été menuisier
Soit. Je comprends bien avec un passé composé, « J’ai appris que tu es menuisier. »
Mais : « Je (ne) savais (pas) que tu es menuisier », mmmmm… Comme Aleska, cela me gêne. Peut-être à tort ?
Merci à tous pour vos réponses claires. Mes certitudes sur la concordances des temps ont été balayées, mais j’en ressors avec un savoir supplémentaire.