Concordance des temps (Futur antérieur en principal)
Bonjour,
« Il aura fallu deux jours pour se rendre à l’évidence qu’il ne viendra pas », je suis indécis, je n’arrive pas à savoir s’il faut que je mette de le futur ou le conditionnel présent dans la subordonnée. J’ai tendance à penser qu’il faut plutôt mettre le futur étant donné qu’avec le futur antérieur au sens passé, il ne semble pas utile d’exprimer une postériorité avec le conditionnel présent. J’espère que quelqu’un pourra m’éclairer sur ce sujet.
Je n’étais pas d’accord en faveur du futur ; comme par ailleurs la question me paraissait d’importance et que j’ai jugé qu’il ne me suffisait pas d’invoquer mon magister dixit pour convaincre que le conditionnel était de mise en application de la correspondance des temps, j’ai consulté l’Académie française (service du Dictionnaire).
Celle-ci vient de ma répondre (cf.son courriel ci-dessous). Je reproduis également mon message afin que vous voyez que j’ai posé la question de façon objective. MON MESSAGE : —–Message d’origine—– Bonjour, « Il aura fallu deux jours pour se rendre à l’évidence qu’il ne VIENDRA pas. » Est-ce le futur ou le conditionnel qui est correct ? Je vous remercie d’avance de votre réponse et vous souhaite de bonnes vacances. REPONSE DE L’ACADEMIE FRANCAISE Monsieur, Il faut faire la concordance des temps et écrire « viendrait ». Cordialement, NB 1 C’est moi qui ai graissé. |
Il aura fallu deux jours pour se rendre à l’évidence qu’il ne viendra pas.
Le futur antérieur marque là l’antériorité par rapport à un futur situé dans le système du présent.
Il aura fallu deux jours pour se rendre à l’évidence qu’il ne viendrait pas.
Le futur antérieur marque là l’antériorité par rapport à un futur situé dans le système du passé.
Donc vous emploierez l’un ou l’autre selon le système de temps de votre récit.
Ce que vous appelez « futur antérieur au sens passé« , voici comment le Grevisse le présente :
888. Le futur antérieur.
b) emplois particuliers.
2° Pour donner plus d’ampleur au fait en prenant un point de repère dans le futur.
Ex. En quelques jours, j’aurai vu mourir deux mondes.
Nous comprenons que cela signifie :
— En quelques jours, j’ai vu mourir deux mondes.
Ce futur antérieur de perspective s’utilise à la place d’un passé composé dans un contexte présent, et rien n’indique qu’on puisse l’utiliser dans un contexte passé.
Je vous invite à réserver ce futur antérieur de perspective au contexte présent, et à conjuguer toutes les subordonnées à suivre dans le système du présent, en l’occurrence le futur dans le présent, c’est-à-dire l’indicatif futur.
Système présent avec des adverbes.
— Je suis maintenant rassuré, mais il m’a fallu attendre deux jours pour apprendre qu’il viendra demain.
— Je suis maintenant rassuré, mais il m’aura fallu attendre deux jours pour apprendre qu’il viendra demain.
Comme vous je pense, je constate qu’il est préférable de ne pas appliquer de concordance des temps particulière dans la subordonnée au prétexte qu’elle aura été introduite par un temps exceptionnel dans la principale, mais de s’en tenir au sens du verbe dans le temps du récit.
Système passé avec des adverbes.
— J’étais alors rassuré, mais il m’avait fallu attendre deux jours pour apprendre qu’il viendrait le lendemain.
Le procédé utilisé ci-dessus ne me semble pas utilisable au passé : il m’avait fallu = il m’aura fallu (pourquoi accepter ce temps ?), il m’aurait fallu, il allait m’avoir fallu, il allait me falloir deux jours… ?
Contrairement à Tara, je pense que ce procédé n’est pas utilisable au passé sans aménagements.
Donc, de façon simplifiée, votre futur antérieur ne s’utilise que dans un contexte présent, et les subordonnées qui peuvent en découler doivent respecter le système du présent, sans chercher une concordance des temps formelle, tout aussi éventuelle qu’absurde avec un « futur antérieur à valeur de passé amplifiant la portée d’un événement en cours d’accomplissement par un point de repère futur ».