Concordance des temps
Bonjour,
J’ai recherché des informations sur l’irréel du passé mais je m’y perds !
Dans la phrase : « Il se serait senti élégant s’il n’eût pas remarqué la tache sur son costume », est-ce qu’il est possible de laisser eût remarqué et si non, pourquoi ? Est-ce vraiment fautif ?
Dans la phrase : « La culture du vers à soie avait enrichi le pays et les filatures avaient participé à cet essor industriel avant que la concurrence eût revendiqué ses droits sur la soie », même question.
Merci.
Je me permets cette remarque subsidiaire : il s’agit du ver à soie (et non pas du vers à soie, sinon il s’agit d’une douce poésie !).
Par ailleurs, on cultive une plante, mais on élève un animal. Bien que le terme consacré soit la sériciculture, il s’agit bien de l’élevage du ver à soie, et non de sa culture.
Il se serait senti élégant s’il n’eût pas remarqué la tache sur son costume .
Il se serait senti élégant s’il n’avait pas remarqué la tache sur son costume .
Les temps de la proposition introduite par « si » sont équivalents : Le premier est un conditionnel passé (ou irréel du passé) deuxième forme qui est utilisé dans un langage soutenu (sa forme est la même que le subjonctif plus que parfait). Le second est un plus que parfait classique . Les deux formes ont surtout une valeur modale, celle de l’irréel.
Transposée au présent : Il se sentirait élégant s’il ne remarquait pas la tache sur son costume : l’e verbe 2 est cette fois-ci à l’imparfait à la valeur modale.
Bonjour,
Vos phrases sont toutes les deux correctes.
Dans la première, la conjugaison au subjonctif plus-que-parfait ( le conditionnel passé 2e forme n’existe plus depuis longtemps) a une valeur modale qui lui fait exprimer l’irréel, le non réalisé dans le passé et généralement marque une antériorité par rapport à une principale au conditionnel passé ( Ce qui est le cas dans votre exemple)
Si l’on excepte le caractère désuet-soutenu de cette formulation, on peut user de ce même temps pour la principale, généralement lorsque le récit est écrit au passé simple : « Louis cacha sa présence comme il le put ; il se fût senti élégant s’il n’eût pas remarqué la tache sur son costume. »
De même sont correctes les formulations : « Il se fût senti élégant s’il n’avait pas remarqué la tache sur son costume. » ou « Il se serait senti élégant s’il n’avait pas remarqué la tache sur son costume. »
L’usage actuel se restreint à la version : « Il se serait senti élégant s’il n’avait pas remarqué la tache sur son costume. », les autres n’apportant aucune nuances.
C’est juste une question de style, le style ayant pour contrainte de devoir être respecté dans l’intégralité du texte.
Dans la deuxième, c’est bien la concession qu’exprime le subjonctif plus-que-parfait, et elle est de mise lorsque la principale est écrite au plus-que-parfait, toujours dans un registre désuet-soutenu, le subjonctif passé étant largement plébiscité par l’usage actuel :
« La culture du vers à soie avait enrichi le pays et les filatures avaient participé à cet essor industriel avant que la concurrence ait revendiqué ses droits sur la soie. »