Clé ou clef
Je me suis toujours posé cette question : pourquoi deux graphies pour « clé – clef », quelqu’un saurait-il m’en dire plus ?
Les deux orthographes peuvent être utilisées indifféremment.
« Clé » est l’orthographe moderne de « clef », plus ancienne et toujours usitée, sinon préférée.
Selon BUBEN (théorie de 1935), le pluriel « clefs » serait devenu « clés », car l’addition d’un « f » et d’un « s » gênait à l’écrit (fin du XVIIIe, début du XIXe siècle). Par la suite, du pluriel « clés » serait né le singulier « clé ».
Les deux formes sont acceptées, notamment par l’Académie française, qui précise : « L’orthographe étymologique et ancienne, clef, et l’orthographe moderne, clé, s’emploient toutes deux selon des critères qui ne sont pas objectivement définissables. » (Dictionnaire de l’Académie française).
Il est à noter que, dans les très nombreux exemples que donne l’Academie dans son Dictionnaire, cette dernière emploie exclusivement l’orthographe « clef » (y compris pour la définition de « clé » pour laquelle elle donne d’ailleurs exactement la même) et au pluriel, elle écrit « clefs ».
Ce serait donc à cause de l’addition du « f » au « s » que « clefs » est devenu « clés »… Fort intéressant.
Le Dictionnaire historique de la langue française, sld Alain Rey :
Le mot est apparu d’abord sous la forme clef (1080), du latin clavis « clef, loquet, barre ».
À l’origine le mot était synonyme de clavus (−>clou), car la serrure primitive consistait en un clou ou une cheville passé dans un anneau ; la différenciation sémantique des deux mots a accompagné des innovations techniques. Le mot pourrait être apparenté ou emprunté au grec klaïs, en tout cas il appartient à un groupe de mots techniques à base clau- exprimant l’idée de « fermeture » (−> clore, clou), et ses dérivés sont bien latins (−> cheville, clavicule, conclave). La graphie clé (v. 1121) est due à la réfection d’un singulier sur l’ancien pluriel clez, cles (1130-1140), d’où le f étymologique (du v latin) avait disparu.