choisie/choisi : accord après « que »
Bonjour à tous,
nous sommes plusieurs à discuter de l’accord sur le terme choisi(e) dans la phrase ci-dessous. Nous n’arrivons pas à savoir s’il faut l’accorder à « mauvaise posture » ou non.
Parfois encore, cette vision suscitera en nous un frisson de crainte, car on réalise alors la relative mauvaise posture qu’on a délibérément choisie d’atteindre.
Un GRAND merci pour votre aide, qui mettra fin à quelques heures de débats
Bonjour thuguerre,
C’est toute la difficulté d’accorder ou pas un participe passé suivi d’un infinitif.
Il y a accord avec le COD si celui-ci est placé avant l’auxiliaire si ce COD fait aussi l’action exprimée par l’infinitif.
On se rend compte que posture est le COD d’atteindre et il ne peut y avoir accord.
Sans l’infinitif : … la relative mauvaise posture qu’on a délibérément choisie.
On a choisi QUOI ? : qu’ mis pour posture, placé avant l’auxiliaire, donc accord.
Mais dans votre phrase : … la relative mauvaise posture qu’on a délibérément choisi d’atteindre.
On a délibérément choisi QUOI ? d’atteindre la relative mauvaise posture. Donc le COD est placé après l’auxiliaire et il n’y a pas accord.
Bonjour,
Plus particulièrement, il s’agit de l’accord du participe passé suivi d’un infinitif.
Règle :
Le participe passé suivi d’un infinitif s’accorde avec le complément d’objet direct qui précède lorsque l’être (ou la chose) désigné(e) par cecelui-ci fait l’action exprimée par l’infinitif, que celui-ci soit précédé ou non par une préposition (à ou de)
Voici des exemples :
• Les violonistes que j’ai entendus jouer étaient de jeunes élèves du conservatoire de musique.
La difficulté est de savoir si le complément d’objet direct se rapporte au participe passé ou à l’infinitif qui le suit. Puisque «violonistes » peut faire l’action de jouer, il n’est donc pas complément de jouer mais bien de entendu qui s’accorde donc avec lui et se met au masculin pluriel.
• Les airs que j’ai entendu jouer provenaient des opéras de Mozart.
Le mot «airs», dont on pense qu’il est complément d’objet direct, ne peut faire l’action de jouer, il est donc complément d’objet direct de jouer et ne peut l’être de entendu qui reste invariable.
Cette règle s’applique aussi si l’infinitif est précédé d’une préposition.
On ne nous a pas empêchés d’entrer dans cette maison.
Cas particulier:
Le participe passé fait suivi d’un infinitif est invariable.
Application :
Accordez les participes passés :
─ Les bûcherons que j’ai (voir) abattre les arbres.
─ C’est cette personne que j’ai (entendre) se plaindre.
─ Je vous recommande ce livre que j’ai (aimer) lire.
─ Quelles sont les mesures qu’elle a (souhaiter)prendre.
─ Voici la méthode que j’ai (préférer) suivre.
─ Quels services a-t-il (offrir) de vous rendre.
─ Il a envoyé les lettres que tu lui as (donner) à poster.
─ Les règles qu’ils ont (apprendre) à respecter.
─ La robe de mariée qu’elle s’est (faire) faire.
─ Voici la maison qu’ils se sont (faire) construire.
─Elles se sont (faire) couper les cheveux.
─ Il a envoyé les lettres que tu lui as donné à poster.
J’hésite sur celle-là. Les lettres ne font pas l’action, nous serions donc dans le deuxième cas de figure, mais pourtant j’attribuerais quand même volontiers le COD à donner.
Dirait-on « Je t’ai donné à poster des lettres » ou « Je t’ai donné des lettres à poster » ?
Bonjour Pascool,
Grevisse § 915 – 5 B.U douzième édition
Les participes passés eu , donné , laissé , suivis d’un infinitif introduit par à , sont tantôt laissés invariables, tantôt accordés avec le pronom objet direct qui précède ( quoique l’on puisse, comme dans la règle énoncée ci-dessus , le rapporter à l’infinitif.
Suivent des exemples avec accord et sans accord
Dans les pages que j’avais innocemment donné à lire autrefois à Janson. (J. Roy)
Ces troupeaux fabuleux que l’on m’a donnés à égorger. (P. Claudel)
Il se rappela les lettres qu’elle lui avait données à mettre à la poste.(M. Proust)
C’est la région qu’on m’a donné à cartographier.
Version Projet Voltaire:
Le participe passé des verbes séparés de l’infinitif qui suit par une préposition (« avoir à », « donner à », etc.) reste invariable quand le complément d’objet direct placé avant le participe est manifestement complément dudit infinitif (les villes que j’ai eu à visiter).
L’accord est pourtant possible (mais non obligatoire) quand le complément d’objet direct est d’abord perçu comme complément du participe (les livres qu’on m’a donné(s) à relier).
D’où mon hésitation, alors. Merci pour l’explication.
Merci beaucoup pour vos retours !
je corrige le texte correspondant de ce pas.
A bientôt (probablement 🙂 ) !!
PhL
Réaliser dans le sens de « se rendre compte » est un anglicisme qu’il faut éviter.