ceux qu’on pense
Bonjour, dans « les plus courageux ne sont pas ceux qu’on pense », quelle est la fonction de « que » ?
Votre phrase n’est pas correcte ou alors dans un style relaché.
En effet, le pronom relatif « que » reprend un antécédent COD. Exemple, c’est l’enfant que je vois ( enfant est COD de vois).
Dans votre phrase, le verbe penser doit être construit avec un COI car on pense à quelqu’un.
donc : Les plus courageux ne sont pas ceux auxquels on pense spontanément.
que est un pronom relatif qui reprend l’antécédent COD d’une subordonnée relative.
Si c’est le verbe penser qui rend ma phrase incorrecte pour vous, je le remplace par le verbe croire.
Les plus courageux ne sont pas ceux qu’on croit.
Je ne veux pas du tout dire penser à quelqu’un, ce n’est pas le sens de ma phrase.
Dans « Les plus courageux ne sont pas ceux auxquels on pense. », il n’y avait aucune ambiguïté avec le verbe penser qui signifie là faire allusion, faire référence habituellement.
Avec le verbe croire, la formulation que vous proposez résulte de l’emploi transitif du verbe avec un attribut du complément d’objet direct (verbe + cod + attribut du cod) : « Je crois cela raisonnable. », « Je crois celui-là capable. », etc.
« On croit ceux-là les plus courageux » devient en renversant la phrase et en niant: « Les plus courageux ne sont pas ceux qu’on croit. » avec le pronom relatif que effectivement cod de croire.
Rebonjour Bernet,
L’ellipse avec votre exemple n’est pas tant du type suggéré par Chambaron (« Je ne suis pas celle que tu penses [que je suis]« ) que de celui-ci : « Les plus courageux ne sont pas ceux qu’on pense [les plus courageux] » qui renvoie à la construction : « On pense ceux-là les plus courageux. »
Le cas est traité par Grevisse et Goosse dans Le Bon usage 16e édition au §298f parmi les différentes natures de compléments d’objet comme celle d’un « syntagme contenant un prédicat non verbal ». Je cite : « C’est ce que Jespersen appelle un nexus (= nœud) objet et Damourette-Pichon un about (=objet direct) dicéphale. On pourrait considérer le groupe comme une proposition averbale, avec sujet et prédicat.
– Le plus souvent ce groupe est analysé en un complément d’objet accompagné d’un attribut : Je trouve VOTRE PLAISANTERIE | stupide. […]
Quand la transformation passive est possible, l’attribut du complément d’objet direct devient attribut du sujet : Les critiques ont jugé TRES SPIRITUEL le dernier film de Woody Allen > Le dernier film de Woody Allen a été jugé TRES SPIRITUEL par les critiques.
De cela, on peut déduire que la langue considère l’élément sujet de la « proposition averbale » come le noyau de l’objet direct. Dans le même sens, le participe passé conjugué avec avoir s’accorde avec cet élément s’il précède ; Je l’ai CRUE innocente. Mais il faut reconnaître que la langue, même écrite, répugne souvent à cet accord, justement parce qu’elle sent que le véritable objet direct est l’ensemble incluant l’attribut. […] »
On peut ainsi conclure, selon cette interprétation, que le pronom relatif que représente le noyau du syntagme non verbal complément d’objet direct : On pense [que] ceux-là [sont] les plus courageux. > On pense ceux-là les plus courageux. > Ce sont ceux[-là] qu’on pense les plus courageux.> Ce ne sont pas ceux[-là] qu’on pense les plus courageux.> Les plus courageux ne sont pas ceux-[là] qu’on pense [les plus courageux]> Les plus courageux ne sont pas ceux qu’on pense.
Intéressant, pertinent et effectivement mieux adapté à la question précisément posée.
On reste néanmoins songeur devant la masse d’informations nécessaires pour justifier une tournure des plus banales…
« Les plus courageux ne sont pas ceux qu’on pense. »
Cette construction est calquée sur une expression idiomatique familière « Je ne suis pas celui que tu penses. » , une expression apparemment bancale car le pronom relatif que ne peut pas être le cod du verbe penser. Il faut alors considérer que la formule est elliptique et sous-entend une suite : « Je ne suis pas celui que tu penses… que je suis. », le pronom que étant alors l’attribut du dernier verbe être.
Cependant dans votre exemple, le sujet n’a pas la même valeur et il faut effectivement dire :« Les plus courageux ne sont pas ceux auxquels on pense. » alors que « Je ne suis pas celui auquel tu penses. » n’a pas le même sens que « Je ne suis pas celui que tu penses.’
Une explication très claire.
Il s’agit là d’une formulation familière, plutôt orale mais correcte. Elle procède par métonymie, mot savant pour un mécanisme linguistique très courant qui opère par ellipse de mots jugés accessoires par rapport au contexte.
« Je ne suis pas celle que tu penses » se lit comme la forme avec sous-entendu de : »Je ne suis pas celle que tu penses que je suis. » Renversée, la phrase donnerait la forme assez ampoulée : « Tu penses que je suis quelqu’un d’autre que la personne que je suis réellement. »
Merci joelle et Bruno974. Vous pensez que ma phrase est incorrecte, très bien, c’est noté, mais je ne demandais pas de suggestion de modification. Je ne voulais pas améliorer ma phrase au point d’en changer le sens, mais l’analyser.
Merci Chambaron. Pourriez-vous préciser et expliquer la métonymie dans ma phrase ? Puisque contrairement aux deux premiers vous pensez que ma phrase est correcte, pourriez-vous me donner la fonction du mot « que » ?
La Fontaine écrit : « Le plus âne des trois n’est pas celui qu’on pense. » https://www.bonjourpoesie.fr/lesgrandsclassiques/Poemes/jean_de_la_fontaine/le_meunier_son_fils_et_lane
Par essence les mots manquants ne sont pas exactement connus mais pour votre exemple on peut imaginer plusieurs formes verbales à l’infinitif : « les plus courageux ne sont pas ceux qu’on pense… (être, le plus courant, mais aussi connaitre, avoir identifiés) ». Le pronom que est alors complément d’objet de ces verbes ou attribut avec un verbe attributif.
Le même mécanisme régit des phrases bien connues comme « on a fait les efforts qu’on a pu (faire) ». Dans ce cas, le participe ne s’accorde pas puisque que est C.O.D. de faire et non de pouvoir.
Si on veut employer des mots savants, il s’agit plus ici d’une brachylogie que d’une métonymie (en fait, il ne s’agit pas du tout d’une métonymie).
Cela dit, je pense que l’on peut même faire l’économie de cette figure, puisque penser, tout comme croire, admet une construction sans complétive :
On croyait/pensait ceux-là courageux, mais ils ne l’étaient pas.
On le croyait/pensait plus âne que les deux autres, mais on se fourvoyait.
Après lecture de trois commentaires,
Pour Bruno974, avec « croire », mais pas avec « penser », on a un verbe transitif, avec COD et attribut, mais je ne vois pas l’attribut.
Pour Marcel1, avec « croire » comme avec « penser », on a « une construction sans complétive », ça veut dire que leur COD n’est pas une proposition avec un verbe sous-entendu, et est donc le pronom « que » ?
Je pense que vous pouvez me confirmer tous les deux que la conséquence de votre analyse est qu’on écrit ainsi avec un temps composé :
. les plus courageux ne sont pas ceux qu’on aurait crus
. les plus courageux ne sont pas ceux qu’on aurait pensés
Je trouve que cette approche fait mal aux yeux.
Je retiens la réponse de Chambaron, sauf la métonymie : il manque un verbe à la fin, et « que » est COD ou attribut d’un verbe non exprimé.
Bon dimanche.