Cette tournure de phrase est-elle correcte ?
Bonjour, j’ai utilisé aujourd’hui une formule « quelque peu » maladroite qui résonne encore dans ma tête, est-elle pour autant grammaticalement incorrecte ?
« S’il fait que je doive sortir, je le ferai sans discuter. »
Nous allons éliminer l’hypothèse d’une confusion entre « s’il faut » et « s’il fait »….sinon vous auriez écrit « s’il faut que je sorte ».
Il me semble que :
1) « S’il fait en sorte que je doive sortir » est la formule complète – à condition que le pronom « il » représente une personne ; vous avez élidé la fin (hypothèse au présent, donc futur dans la principale, c’est juste)
de sorte que votre formulation se rapproche de celle-ci :
2) « La vie fait que nous nous éloignons de … »
3) S’il arrive que je doive sortir est la tournure impersonnelle.
Je penche comme vous pour la maladresse, il se peut que votre destinataire ne vous ait pas comprise, mais je n’ai pas le contexte.
Grammaticalement, votre phrase n’est pas incorrecte, mais elle semble incomplète, et la tournure manque un peu de légèreté.
Vous auriez pu écrire, par exemple (tout dépend du sens que vous voulez donner) :
« S’il se trouve que je doive sortir… »
« S’il s’arrange pour que je sois obligée de sortir… »
Votre formule est correcte grammaticalement.
Cependant, elle est maladroite sur le plan rédactionnel, il aurait mieux valu écrire :
« Si je dois sortir, je le ferai sans discuter. » (s’il faut).
(« S’i fait que je doive… » n’est pas de bonne langue.)
Merci pour ces explications, d’autant que je m’aperçois que je double ici ma faute, il s’agissait de « S’il faut que je doive sortir »… et non de « S’il fait que… ». Erreur de frappe !
La maladresse est de coutume chez moi décidément…
Dans ce cas, « s’il faut que je doive » est un pléonasme tout à fait incorrect, à proscrire absolument.
Vous auriez pu écrire « S’il faut que sorte » (subjonctif obligatoire), ou bien « Si je dois sortir », indicatif.
Bonjour,
J’avais dans un premier temps subodoré la coquille, et j’en avais fait mention dans une réponse que j’ai supprimée.
J’interviens à nouveau, car ce qui me gêne dans cette phrase c’ est l’emploi concomitant du verbe falloir et devoir qui exigent l’un la nécessité et l’autre l’obligation. Ces deux verbes ont parfois la même signification.
Il y a dans cette phrase une lourdeur liée à la redondance d’une même idée: l’obligation de faire quelque chose.
On serait tenté de penser que ce double emploi est un pléonasme: terme ou expression qui ajoute une répétition consciente ou inconsciente a ce qui a été annoncé.
Dans tartuffe de Moliére , on trouve un exemple de pléonasme classique et souvent rapporté : « Je l’ai vu , dis-je, vu, de mes propres yeux vu, ce qui s’appelle vu…»
Le pléonasme, dans ce cas, est une figure de style usitée dans une intention stylistique. Mais le pléonasme peut dans d’autres cas être vicieux comme dans les expressions monter en haut , descendre en bas ou marcher à pied. Il est alors fautif.
Dans la phrase proposée cette espèce de pléonasme est une périssologie. C’est un vice d’élocution* qui consiste à ajouter à une pensée déjà suffisamment exprimée , d’autres termes qui sont surabondants.
La périssologie est donc fautive.
Voici un exemple:
« Sans que ce soit prévu, on s’est rencontré, fortuitement, à la station de métro, par hasard.»
* Manière de s’exprimer ; choix et arrangement des mots dans le discours : Élocution savante.
Oui Czardas, j’avais lu votre réponse, et je me doutais que vous ne vous étiez pas trompé. J’ai d’ailleurs trouvé dommage que vous l’ayez supprimée, car elle méritait sans doute l’attribution de « Meilleure réponse ». Quel dommage que les auteurs des questions, tout comme les participants au sujet, ne reviennent pas régulièrement lire la suite des débats, cela améliorerait vraiment l’efficacité de nos échanges ! Un grand merci pour votre « périssologie », quel mot magnifique !
Oui j’avais lu la réponse de Czardas, et la mienne évoquait aussi la confusion : hypothèse éliminée à cause de la périssologie, mot que je viens d’apprendre… Gracy a donné la réponse ! Il y avait redondance et on a appris un mot !
Mais je suis toujours là et j’apprécie la qualité de vos réponses, ainsi que le niveau !
Mon insistance, fautive dans sa construction, traduisait ou trahissait sans doute l’émotion de l’instant…
Merci donc pour ces riches explications.
Gracy