Cette expérience lui a plu (plue) ?
Bonjour,
Me voilà aussi en proie à un gros doute…
Si je dis « cette expérience lui a plu » (« lui » se référant à une une personne de sexe féminin), faut-il accorder plu et écrire « plue » ? D’instinct il me semble que non et j’aurais tendance à dire que c’est invariable, mais je doute…
Merci beaucoup pour votre aide !
Lola
Bonjour,
Plaire est un verbe transitif indirect. Donc ne se construit pas avec un C.O.D.
Le participe passé conjugué avec avoir reste invariable.
Cette expérience lui a plu.
Mille mercis pour votre réponse rapide et précise !
Bonjour,
Quatre verbes pronominaux subjectifs ont un participe passé invariable.
• se rire
• se plaire( au sens de « trouver de l’attrait, se trouver bien)
• se déplaire ( = ne pas se trouver bien)
• se complaire (= se délecter)
Elles se sont ri de toutes ces manigances.
Ils se sont plu dans leur nouvelle maison.
Elle s’est déplu dans le Midi.
Les travaux où elle s’est complu.
Mais il y a dans l’usage une certaine tendance à accorder ces participes passés.
Chez elle elle s’était plue à éveille l’amour.( A. Maurois)
Presque jamais les hommes ne s’étaient complus à un aspect aussi barbare de la destinée et de la force (Aragon)
Lolalola,
Il est préférable de laisser invariable le participe passé de se plaire dans le sens de « trouver de l’attrait », « se trouver bien » ==> Elles se sont plu en sa compagnie. (Czardas a raison.)
Effet, c’est la règle, n’en déplaise à certains écrivains cités par le Bon usage à titre d’ex. quand il dit: « Il y a dans l’usage une tendance à accorder plu, complu, déplu comme le partic. des autres pronominaux subjectifs « .
Cette règle est rappelée par l’Académie française, (qui écrit : Elle s’est plu à le contredire) et des ouvrages spécialisés comme L’accord du participe passé, de Maurice Grevisse et Henri Briet (7e éd., p. 127) et Savoir accorder le participe passé, du même Grevisse (4e ed., p. 35).
La raison de cette règle : Ces verbes n’ont jamais de C.O.D.
Au cas où tu hésiterais, j’ajoute ceci : Dans se plaire l’un à l’autre, le pronom est C.O.I., et non C.O.D. ==> le part. est inv. ==> Elles se sont plu l’une à l’autre. Se plaire au sens de « plaire à soi » : Elle s’est plu.
Badji,
1° S’agissant de pu, su, dit (ainsi que cru, pensé, dû, permis, prévu, voulu) conjugué avec avoir :
a. Ces part. passés sont invariables quand ils ont pour C.O.D. un infinitif ou une proposition qu’il convient de sous-entendre (= ellipse de ce complément).
Ce cas se manifeste dans les propositions relatives (Elles ont visité toutes les maisons qu’elles ont pu = qu’elles ont pu visiter), de comparaison (Ce footballeur a marqué moins de buts que j’aurais cru (qu’il marquerait) et corrélatives (Leur maison est moins grande qu’il n’avait pensé = qu’il n’avait pensé qu’elle était).
Dans les deux premiers ex., que est C.O.D. du verbe sous-entendu ; il ne peut donc avoir aucune incidence sur l’accord du participe.
b. Quand ces part. (sauf dû et pu) sont précédés par un C.O.D. et suivis par un attribut de ce complément, il est possible de les laisser invariables (si on pense au groupe constitué par le nom ou pronom et l’attribut du C.O.D.) ou de les accorder.
Il ne les [ses bottines] aurait pas crues si laides. (J. Romains, cité par Briet).
Des femmes que j’aurais su vertueuses... (Proust, cité par le Bon usage).
2° L’accord du part. passé de se dire justifie des développements particuliers, que l’on retrouve dans la Banque de dépannage linguistique (BDL) :
« On peut hésiter sur l’accord du participe passé de dire lorsque ce verbe est employé à la forme pronominale, se dire. En fait, pour accorder correctement dit, il faut considérer le sens du verbe dans la phrase et analyser la fonction du pronom se.
Dans certains emplois, se dire signifie « dire à soi-même »; se est alors complément indirect du verbe; il répond à la question dire à qui? à se, comme on aurait dire à Pierre, à lui. Dans ces cas, le participe passé dit demeure invariable puisqu’il n’y a pas d’objet direct placé devant le verbe, se étant objet indirect.
Exemples :
– Marie s’est dit qu’elle serait enchantée si les événements lui donnaient raison.
– Ils se sont dit qu’ils devaient être solidaires des décisions prises par la direction.
– Lucie et Jean-François se sont dit des mots doux toute la soirée. (Le complément direct des mots doux est placé après le verbe.)
Mais le verbe se dire peut avoir un sens différent et signifier plutôt « se déclarer ». Dans ces emplois, l’accord du participe passé est plus délicat. La plupart des grammairiens analysent alors se comme un complément direct et accordent dit avec ce complément, qui représente en fait le sujet. L’adjectif ou le participe qui suit s’accorde aussi avec ce complément.
Exemples :
– Marie s’est dite enchantée de la tournure des événements.
– Ils se sont dits solidaires des décisions prises par la direction.
Enfin, se dire peut également avoir un sens passif et être synonyme de avoir été dit. Dans ces cas, le participe passé s’accorde avec le sujet.
Exemples :
– Bien des choses se sont dites sur son compte, souvent sans fondement.
– Ces noms se sont dits à une époque antérieure. »
Badji,
J’ai écrit aussi (quand nous citons quelqu’un, point ne faut le citer que pour une partie – celle qui nous convient) 🙂 :
« Cette règle est rappelée […] par des ouvrages spécialisés comme L’accord du participe passé, de Maurice Grevisse et Henri Briet (7e éd., p. 127) et Savoir accorder le participe passé, du même Grevisse (4e ed., p. 35).
La raison de cette règle : Ces verbes n’ont jamais de C.O.D. »
Or, le second de ces deux ouvrages (celui de Grevisse) explique l’invariabilité ainsi : « Le participe passé des verbes suivants est invariable parce que ces verbes ne peuvent jamais avoir d’objet direct : » Suit une liste de verbes comprenant notamment se plaire . (C’est moi qui ai graissé et souligné.)
Mêmement, la graphie « Ils se sont plu l’un à l’autre » est expliquée par le Bon usage électronique de 2017 (§ 953, c) par le fait que « il n’y a pas d’objet direct. »
(En gras dans le texte.). Je peux toutefois vous concéder que l’Académie ne précise pas expressément la raison motivant l’orthographe retenue dans son ex. Elle s’est plu à le contredire.
Bien sûr qu’il s’agit « d’une question de C.O.D »., contrairement à l’idée que vous avez tenté d’accréditer.
L’ex-professeur czardas, que vous invoquez, partage cette manière de voir :
« Plaire est un verbe transitif indirect. Donc ne se construit pas avec un C.O.D.
Le participe passé conjugué avec avoir reste invariable. Cette expérience lui a plu. »
Bonne soirée ! 🙂