« c’est » ou « ce sont », dans un cas comme celui-ci ?
Bonjour,
je me demande quelle est la bonne manière d’articuler ces deux segments de phrase. Est-ce que les deux sont acceptables, ou seulement l’une ? Dans ce cas, laquelle ?
« Ce que cette appellation m’évoquait alors, c’est des crânes de démons dont l’odeur soufrée est celle des œufs durs. »
ou bien
« Ce que cette appellation m’évoquait alors, ce sont des crânes de démons dont l’odeur soufrée est celle des œufs durs. »
Merci d’avance.
Ce que cette appellation m’évoquait alors, c’est /ce sont des crânes de démons dont l’odeur soufrée est celle des œufs durs.
C’est est un présentatif (comme voici/voilà, il y a, par exemple). Ce qui suit est un attribut appelé aussi complément du présentatif.
Quand l’élément antérieur est au singulier, et que l’attribut est au pluriel, c’est, qui a un rôle de pivot, puisqu’il reprend un élément du contexte antérieur et annonce un élément postérieur, peut varier en nombre et s’accorder avec le groupe de mots qui le suit :
La foule qui s’amasse devant la porte, c’est/ce sont cent personnes déterminées
Mais on dira (et écrira) :
Ce bâtiment, c’est un grand nombre d’appartements vacants. (et non °Ce bâtiment, ce sont un grand nombre d’appartements vacants)
Dans le cas qui nous intéresse, l’élément à gauche de c’est est le neutre « ce ». Le choix entre le pluriel et le singulier est donc possible. L’Académie dit qu’il est de meilleure langue d’employer le pluriel.
—
Ce que dit aussi le dictionnaire de l’Académie :
C’est, suivi d’un nom au pluriel ou d’un pronom autre que personnel, s’accorde avec celui-ci. Toutefois le singulier se rencontre parfois à l’écrit, particulièrement dans les cas suivants :
– lorsque singulier et pluriel sont identiques pour l’oreille : Ce n’était pas des mensonges ;
– lorsque ce reprend un nom ou un pronom au singulier qui le précède : Le monument qu’on aperçoit, c’est les Invalides ;
– lorsque l’attribut, également appelé complément du présentatif, est formé de plusieurs noms coordonnés dont le premier au moins est au singulier : C’est le chocolat et les bonbons que préfèrent les enfants. Mais le pluriel est obligatoire quand l’attribut multiple développe un pluriel ou un collectif qui précède : Il y a cinq continents, ce sont…
Dans tous ces cas cependant, le pluriel est de meilleure langue.
Le singulier est obligatoire dans certains cas :
– quand le verbe est suivi de nous, vous : C’est vous tous qui avez décidé ;
– dans l’indication de l’heure, d’une somme d’argent, etc., lorsque l’attribut de forme plurielle est pensé comme un tout, comme une quantité globale : C’est onze heures qui sonnent ;
– quand le pronom en est intercalé dans l’expression : Je voulais vous rapporter des pleurotes, mais je ne sais si c’en est.
Merci pour ce fort instructif complément de réponse, Tara.
Bonjour,
« Lorsque ce reprend un nom ou un pronom au singulier qui le précède et qu’il est suivi d’un ou de plusieurs noms au pluriel, il est également préférable d’utiliser la forme plurielle ce sont ou c’étaient. » (BDL)
Ce que cette appellation m’évoquait alors, c’étaient des crânes de démons dont l’odeur soufrée est celle des œufs durs.
Le singulier ne serait pas fautif mais doit être évité dans le langage soigné.
Merci, PhL. J’ai fait une capture d’écran de votre réponse, à classer dans mon dossier « en cas de doute ». Pour ne pas avoir à reposer cette même question ici dans six mois.
Quels mots-clefs avez-vous entré dans la barre de recherche, pour obtenir cette réponse dans la Banque de dépannage linguistique ?