— Cela vous semble-t-il cohérent ? demandè-je.
Je constate l’usage croissant et récent d’incises de dialogue, dans des récits écrits au présent de narration et à la première personne. L’effet est surprenant, non seulement il ressuscite un usage plutôt tombé en désuétude que les auteurs anciens utilisaient pour d’autres causes d’inversion. J’ai volontairement marqué l’euphonie par un accent grave suivant les recommandations de l’Académie. Suis-je le seul à m’étonner de cette pratique ? Peut-on être à la fois le sujet et le narrateur ? N’y a-t-il pas contradiction même à introduire des dialogues, et surtout des incises, dans un récit à la première personne .
Mon avis.
Il ne me semble pas qu’il y ait contradiction à utiliser le dialogue dont un interlocuteur serait le « je ». En effet, dans tout récit le narrateur se distingue du personnage : dans un récit à la première personne, le « je » est au moins double. Il est même triple dans l’autobiographie.
Cependant la mise en dialogue est un exercice difficile, c’est affaire d’élégance, d’habileté. Il faut savoir varier les introductions de paroles, passer du discours direct au discours indirect, voire indirect libre, et éviter un excès d’incises, surtout en effet les « è-je ».