Cela « va-t-être » / Cela « va-t-avoir »…
De plus en plus souvent, nos orateurs professionnels (politiques ou pas) se permettent ce genre de « liaisons dangereuses » : Cela « va-t-être » / Cela « va-t-avoir ».
Personnellement, ça m’écorche les oreilles… mais j’ai cru entendre dire que ces liaisons sont « admises ».
Savez-vous par qui elles sont admises, et jusqu’à quel point ?
Le t euphonique ne s’ajoute qu’entre un verbe et un pronom.
Il permet d’éviter un hiatus. C’est par analogie avec les autres formes verbales (savait-il, croit-il…) que l’on a choisi le t.
Il est hors de question d’accepter des grossièretés telles que « cela va-t-être » ou « cela va-t-avoir ».
Le t euphonique est nécessaire pour les formes « va-t-on », « va-t-il », etc. pour une bonne prononciation. Il est totalement inutile dans les formes « cela va être » ou « cela va avoir », la prononciation ne le nécessite absolument pas.
Alors, arrêtons le massacre !
Peut-être est-il bon de rappeler que le t euphonique ne doit pas être confondu avec l’élision de toi dans les formes du type « va-t’en ».
Merci infiniment !!!!!
De votre part, je le prends pour un compliment.
Désolé de cette intervention tardive, mais je ne comprends toujours pas pourquoi le « t » euphonique ne serait tolérable qu’entre un verbe et un pronom. Certes, les mentions que j’en trouve cautionnent cette restriction, mais elle est néanmoins infondée phonétiquement : « va être » est aussi disharmonieux à prononcer que « va il ». Cela ne nécessite pas pour autant de le matérialiser à l’écrit, mais ne prenez pas des postures de vierges effarouchées si certains le disent. Il y a certes un manque de formalisation sur ce sujet, mais la logique pousse à mon sens à transcrire les lettres euphoniques : que faire de vas-y (ou va-s-y ou va-z-y) et de donnes-en (ou donne-s-en) qui polluent visuellement la perception de l’impératif ? Cicéron s’était déjà prononcé là-dessus : « …que l’usage nous autorise à préférer l’euphonie à l’exactitude rigoureuse des règles. »Enfin, je vous renvoie à l’article des correcteurs du Monde sur le sujet : http://correcteurs.blog.lemonde.fr/2011/07/05/le-t-euphonique-cet-inconnu/ Piquant, érudit, et … 75 commentaires à déguster.
Sauf que, nulle part, dans les ouvrages de langue ou de grammaire (les plus connus, mais faisant autorité), on ne trouve un t euphonique entre deux verbes. Voici ce que l’on peut trouver dans le Bon usage et qui confirme ma première réponse : « La consonne qui apparaît […] devant voyelle n’est parfois pas représentée dans l’écriture du mot pris isolément. Elle résulte alors de l’analogie [avec plaît-il, vont-ils, etc.]. Cette action analogique a été entérinée, phonétiquement et graphiquement, par la grammaire la plus sévère dans les impératifs précédant y et en : Vas-y. Donnes-en— dans les troisièmes personnes du singulier suivies des pronoms il, elle, on : Dira-t-il. L’Acad . accepte aussi cette analogie phonétiquement, par plaisanterie, dans entre quatre yeux [entre quatre–z–yeux]. […] Dans les autres cas, ces consonnes analogiques sont des fautes, appelées familièrement cuirs (quand la consonne introduite est un [t]) et velours (quand c’est un [z]). Queneau s’en amuse : Elle commanda-T-une camomille (Chiendent). — Bientôt, on frappa-Z-à la porte (ib.). — Ils vont à la foire aux puces, dit le type, ou plutôt c’est la foire aux puces qui va-T-à-Z-eux ( Zazie dans le métro). » (le Bon usage. § 41). En ce qui concerne le t euphonique (ou analogique), vous prenez bien des libertés (je ne prends pas des postures de « vierges effarouchées » mais je défends la langue française), je maintiens que « cela va-t-être » est incorrect tant à l’écrit qu’à l’oral. Il m’a semblé que les participants à « question-orthographe.fr » etaient à la recherche d’un langage soigné tant à l’écrit qu’à l’oral. Ainsi, ce n’est pas parce que nos hommes politiques incultes emploient quelquefois un langage populaire (« un » espèce ) que nous devons les suivre.Toujours le Bon usage : « La langue pop. ou relâchée ajoute des [t] analogiques dans d’autres circonstances : Malbrough s’en va-t-en guerre dans la chanson de Malbrough ; de là le nom familier un « va-t-en guerre ».(Le Bon usage. § 796).Pourquoi vous permettez-vous, sur ce site, d’employer un langage populaire, fût-ce à l’oral ? Je ne pense pas non plus comme vous que « va être » est aussi disharmonieux à prononcer que « va il » ; « va être » ne nécessite pas de t pour la prononciation, qui est très fluide, « va il » le nécessite absolument. C’est au fil des siècles que le t euphonique (ou analogique) s’est imposé, ce n’est pas un hasard. Le t analogique apparaît au xve s. : Cuide TON que je sois vauldoise ? (Jacques du Clercq, Chron.) [1459.] Les formes sans t ont continué à prédominer jusqu’au début du XVIIe s., conformément aux exigences des grammaires et en dépit de la prononciation.Vaugelas a exigé le t entre deux traits d’union, rejetant à la fois aimé il et aime t’il (pas rare au XVIIe s). C’est la prononciation qui exige un t (mais pas dans « cela va être ».Pour finir, je constate que l’article des « correcteurs du Monde » n’apporte rien sur le sujet que nous traitons.En toute amitié.
Elles ne sont admises – à ma connaissance – par personne, et c’est vrai qu’elles écorchent les oreilles, ces formules déviées de notre belle langue française.
C’est je crois, ce qu’on appelle familièrement « un cuir », piège linguistique hélas trop répandu.
En complément à la réponse précédente.
Et d’ailleurs, c’est probablement une des raisons pour lesquelles Paul Claudel détestait les liaisons. Il les évitait soigneusement. C’est sa propre fille qui nous le racontait, non sans humour.
Dites-nous en plus !
La fille de l’auteur du Soulier de satin détestait donc les « velours » ?
Et vous en étiez ?
Là, je suis bluffé…
À la différence de l’écrit, l’oral ne dispose pas vraiment de références avec lesquelles jongler. Et visiblement, le « t » euphonique ne vous rend pas euphoriques !
Il est pourtant notamment destiné (c’est une « vocation à... ») à éviter les hiatus, et a toute sa place dans la langue française parlée, voire écrite. Nous en acceptons quotidiennement de très nombreux (Va-t-il…?, Ira-t-on…? ), sans compter le célèbre Malbrough s’en va-t-en guerre…
Libre à chacun de faire ou non, verbalement, les enchaînements selon sa tradition ou sa culture, mais je ne vois dans les exemples donnés ni « cuir », ni « cuistrerie » envers la langue !
En guise de N.B., il ne s’agit pas stricto sensu de « liaison », dangereuse ou non, puisque la lettre prononcée n’existe pas dans le premier mot. C’est un ajout typographique, à la convenance de l’imprimeur.
Cordialement, et mironton, mironton, mirontaine…
En effet, le « T » euphonique est souvent utilisé devant un pronom, mais jamais entre deux verbes, me semble-t-il ?
Dans ce cas précis, sous prétexte d’éviter un hiatus, est-il vraiment nécessaire « d’admettre » une dissonance pareille, autant euphonique qu’orthographique ?
Pourquoi un tel racisme, entre les hiatus de première ou deuxième catégorie ?
Faute de réponses cohérentes, je viens de poser la question formellement à l’Académie. Je ferai suivre leur réponse…
Deux remarques : 1. Le Bon usage dit bien qu’il y a deux cas admis, le « t » euphonique (il emploie aussi analogique) s’emploie entre un verbe et un pronom, on admet « par plaisanterie » (Académie) « entre quatre-z-yeux ». Dans les autres cas, les consonnes analogiques (donc euphoniques) sont des fautes. 2. Le Bon usage précise que la langue populaire ou relâchée ajoute des « t » analogiques dans d’autres circonstances (« Mabrough s’en va-t-en guerre » — c’est l’exemple que vous citez, mais il est populaire).
Je pense que le commentaire que j’ai fait ci-dessus apporte des « réponses cohérentes ».
Enfin, vous prenez des libertés osées lorsque vous dites « un ajout typographique, à la convenance de l’imprimeur », vous insinuez que l’on peut faire n’importe quoi.
Bonjour, j’aimerais apporter une précision : dire que le T ne peut qu’apparaître entre un verbe et un pronom est vrai mais on peut apporter une précision utile je pense. Selon l’ouvrage Le français correct (§1003), il s’agit systématiquement de certains pronoms personnels sujets placés après le verbe : IL, ELLE, ON à la suite de verbes terminés par -e, -a, -c : puisse-t-il réussir, ainsi me convainc-t-il… etc.
L’anglais ? Oui, ça va t’être utile !