Ce qu’il se passe/ce qui se passe
Bonjour.
Que penser de l’erreur couramment utilisée, relayée par les grands médias qui consiste à transformer une phrase de type « ce qui se passe » en « ce qu’il se passe »?
Cette erreur étant totalement généralisée à présent, peut-on imaginer, l’usage faisant foi, qu’elle va bientôt être considérée officiellement comme une formulation correcte ?
Merci de votre avis,
Jean
Ce n’est pas une erreur. Il s’agit de deux structures de phrases différentes :
Une forme personnelle où « ce » est sujet et « qui » pronom relatif
Ce qui se passe : ce (l’événement) qui se passe
et une forme impersonnelle
Ce qu’il se passe : il se passe ce (cet événement) :
Où « ce » est sujet réel repris par le pronom relatif de même fonction « que », et où « il » est le sujet apparent.
On peut ici changer la place du sujet apparent+verbe
Merci pour réponse. Je ne suis pas convaincu par ce que vous dites. Pouvez-vous donner des exemples ? Pour moi, parler « des événements qu’il se passe » ou de « la crise qu’il se passe » est faux et archi-faux
Et de même, dire «
Et de même dire « ce qu’il se passe » pour « il se passe ce (cet événement) » ne me semble pas correct. De même: « il se dit que la France est un pays libre » devient peut-être selon votre idée « ce qu’il se dit de la France….. » mais j’utiliserais personnellement « ce qui se dit de la France…. »
Ce qui ou ce qu’il ?
Voici un article bien exemplififé de l’excellente Banque de dépannage linguistique :
« Lorsqu’on dit : « Il m’arrive quelque chose d’extraordinaire », le verbe arriver est dit impersonnel, car le pronom il ne renvoie pas, dans ce cas, à une personne. Il en est de même pour certaines expressions comme il pleut et il faut, dans lesquelles le verbe est toujours impersonnel. Le verbe arriver n’est cependant pas uniquement utilisé de façon impersonnelle, et on peut alors se demander s’il faut écrire : « Voici ce qui m’arrive » ou « Voici ce qu’il m’arrive ».
Tout d’abord, la question ne se pose que si le verbe est impersonnel. Ainsi, dans la phrase suivante : « J’attendais Paul et voici qu’il arrive », le verbe arriver n’est pas impersonnel, car il exprime une action accomplie par une personne (il, mis pour Paul).
Lorsqu’il s’agit de verbes impersonnels, il faut distinguer plusieurs cas.
a) Avec un verbe toujours impersonnel
Lorsqu’on a un verbe qui est toujours impersonnel (c’est-à-dire un verbe qui ne s’utilise qu’à la troisième personne du singulier, comme falloir), on dira toujours ce qu’il.
Exemple :
– Avant de partir, je vérifie toujours si j’ai tout ce qu’il me faut.
Notons que même s’il est courant de prononcer ce qui me faut en langue parlée familière, l’écrire ainsi constitue une faute grammaticale.
b) Avec le verbe rester
Avec le verbe rester, on peut employer indifféremment ce qui ou ce qu’il.
Exemples :
– Il me reste beaucoup de choses à faire. Voici ce qui me reste à faire. (ou : Voici ce qu’il me reste à faire)
– Je dois calculer combien d’argent il me reste. Voici ce qui me reste d’argent. (ou : Voici ce qu’il me reste d’argent)
c) Avec les verbes se passer, arriver, pouvoir, advenir, prendre, résulter et convenir
Avec les verbes se passer, arriver, pouvoir, advenir, prendre, résulter et convenir, la tournure impersonnelle ce qu’il est fréquente, bien que l’on puisse aussi utiliser ce qui.
Exemples :
– Que se passe-t-il? Tout le monde se demande ce qu’il se passe. (ou : ce qui se passe)
– Nous ne nous doutions pas de ce qu’il se passait. (ou : de ce qui se passait)
– Qu’est-ce qu’il arrive à Luc? (ou : Qu’est-ce qui arrive à Luc)
– Vous ne savez pas ce qu’il vous arrive. (ou : ce qui vous arrive)
– Je te recommande de faire ce qui convient. (ou : ce qu’il convient [de faire])
– On se demande bien ce qu’il lui a pris. (ou : ce qui lui a pris)
d) Avec le verbe plaire, il faut distinguer la tournure personnelle (« Ce tableau me plaît ») de la tournure impersonnelle (« Il me plaît d’aller à la messe tous les dimanches »).
Avec la tournure personnelle, on emploiera ce qui.
Exemple :
Choisissez le modèle qui vous plaît : choisissez ce qui vous plaît.
Avec la tournure impersonnelle, on emploiera ce qu’il.
Exemple :
– Vous ferez ce qu’il vous plaira de faire.
e) Avec l’expression sembler bon
Avec l’expression sembler bon, on peut employer indifféremment ce qui ou ce qu’il.
Exemple :
– Das ce bureau, le personnel fait ce qui lui semble bon de faire. (ou : ce qu’il lui semble bon de faire)
Toutefois, lorsque les mots bon et sembler sont inversés, on emploie non pas ce qui ou ce qu’il, mais bien ce que.
Exemple :
– Ces employés et employées font toujours ce que bon leur semble. »
Merci pour votre réponse détaillée
Pour moi, parler « des événements qu’il se passe » ou de « la crise qu’il se passe » est faux et archi-faux
ce qu’il se passe » pour « il se passe ce (cet événement) » ne me semble pas correct. De même: « il se dit que la France est un pays libre » devient peut-être selon votre idée « ce qu’il se dit de la France….. »
Jean, si vous voulez bien suivre mon raisonnement, un peu long j’en conviens, mais je n’ai pas pu faire plus court :
A Ces événements intéressants se passent tous les jours
B Il se passe des événements intéressants tous les jours
Je suppose que vous acceptez ces deux formulations.
Si je veux ajouter chacune de ces deux propositions à celle-ci : C j’ai décidé de noter dans mon journal des événements : pour ne pas avoir une répétition du nom « événements », je devrai le remplacer en A et B par un pronom relatif.
Ce qui se passe (ou ce qu’il se passe) avec la phrase A :
C J’ai décidé de noter dans mon journal des événements
A ces événements intéressants se passent tous les jours
>> J’ai décidé de noter dans mon journal des événements qui (le pronom relatif reprend « événements » et est sujet de « passer » – le pronom relatif sujet est « qui ») se passent tous les jours.
Ce qui se passe (ou ce qu’il se passe) avec la phrase B :
C J’ai décidé de noter dans mon journal des événements
B Il se passe des événements intéressants tous les jours
>>J‘ai décidé de noter dans mon journal des événements que (le pronom relatif reprend « événements » mais là il est sujet apparent – il étant le sujet réel du verbe « passer » – le pronom relatif sujet apparent est « que ») il se passe tous les jours.
J’espère avoir été claire. Vous avez raison d’insister et d’aller jusqu’au bout de vos interrogations.
Merci pour vos explications