« Ce qui arrive », et non pas « ce qu’il arrive ».
J’ai un problème (de grammaire ?) qui me heurte l’oreille et le cerveau à peu près autant que la « catégorie une » des tomates de la pub à a radio… à savoir : au nom de quoi est-il dit partout que « ce qui arrive » et « ce qu’il arrive » seraient utilisables l’un pour l’autre dans tous les cas ?
J’ai un début de piste pour différencier les deux, mais j’ai besoin d’aide pour aller au bout.
Pour « ce qui » : c’est un pronom relatif qui introduit une proposition relative, dans lequel on peut considérer que le sujet est « qui ». Ex. : « Il ne faut pas se plaindre de ce qui arrive. » J’ai l’intuition que rajouter un « il » entre qui et arrive serait superfétatoire. Un peu. (lol) Et c’est ce QUI me heurte. D’autant qu’effectivement : le suffixe « -e » indique la fonction C.O.D. et que le suffixe « -i », la fonction sujet. (Wikipédia : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pronom_relatif )
Alors effectivement, dans « ce qu’il arrive » le pronom relatif « ce que » est élidé devant la voyelle i de « il ». Mais alors, « ce que » a une fonction de C.O.D. Ce qu’on retrouve dans l’exemple : « Il ne faut pas qu’il se plaigne de ce qu’il a fait. »
Comment différencier « ce qu’il s’est passé » (fautif pour moi) de « ce qu’il faut savoir », et surtout pourquoi ne peut-on pas remplacer « ce qu’il est arrivé » par « ce qu’il a eu lieu » ? Rassurez-moi… ça vous choque aussi, là, non ?
Voilà. Je plafonne. Est-ce que quelqu’un y voit plus clair que moi ?
Bonjour,
Peut-être trouverez-vous un début de réponse en lisant cet excellent article.
http://la-grammaire-de-forator.over-blog.fr/article-le-casse-tete-du-ce-qui-et-du-ce-qu-il-107426608.html
Mais la tournure « ce qu’il arrive » pose un problème : pas besoin du il, , puisque qui est déjà sujet !
Conformément à mes autres réponses, je vous suggère donc d’écrire « ce qui arrive » sans vous laisser leurrer par des prononciations erronées.
Essayons de faire simple :
– si « qui » est sujet du verbe de la relative, alors on écrit « ce qui » : Ce qui arrive n’augure rien de bon. (Qui est sujet de arrive)
– Si « que/qu' » est complément du verbe, on dissocie le pronom et le sujet du verbe : Ce qu’il m’a dit m’inquiète. (Qu’ est C.O.D. de dit)
Les autres tournures sont le fruit d’une mauvaise syntaxe.
« Ce qui se conçoit bien s‘énonce clairement » (Boileau)
Bien vu et bien dit !
Merci Chambaron. Mais vous reprenez les éléments que j’ai commencé à rassembler (pronom relatif COD / sujet). La question est : qu’est-ce qui différencie l’emploi de l’un ou de l’autre.
Utiliseriez-vous la tournure :
« Ce qu’il a eu lieu, c’est que tout le monde s’est trompé » ?
« Ce qui a eu lieu, … » : ce qui est sujet de a eu lieu, donc on l’écrit en deux mots. Idem pour ce qui arrive.
Mais
« Ce qu’il a dit, … » : ce qu’ est C.O.D. de dit, donc on l’écrit en trois mots, en mettant le sujet il en relief.
Je saisis mal ce qui vous gêne,,,
Justement, ce qui me gêne est là : la formule « ce qu’il arrive » n’avait pas l’air de poser problème, mais dès qu’on remplace le verbe « arriver » par « avoir lieu », curieusement, on utilise spontanément « ce qui » et non pas « ce que » élidé, alors que c’est la même phrase, la même idée.
Ça marche dans un cas mais pas dans l’autre ?
Donc : quelle est la règle ?
À Chambaron et Czardas pour vos deux dernières réponses : un gigantesque merci.
Donc, Chambaron confirme que « ce qu’il arrive » pose un problème (euphonique ? grammatical? autre?), mais du coup je me sens moins seule. Même s’il est dit partout que « ce qu’il arrive » et « ce qui arrive » sont aussi corrects l’un que l’autre (?)
J’en étais restée au Bon Usage, consulté hier, qui dit que « qu’il » ou « ce qu’il » s’impose devant les verbes essentiellement impersonnels, tandis qu’il y aurait hésitation avec les verbes construits, soit personnellement, soit impersonnellement (comme : arriver?) (section 6, Pronoms relatifs – Études particulières – § 717).
Un archi-super-grand merci à Czardas pour le lien, qui me confirme aussi que d’autres que moi s’interrogent sur ce point ; cet article risque de m’occuper quelque temps avant de tout digérer…
Enfin, je me suis aussi récemment cassé la tête sur une citation de saint Augustin : « Aime et fais ce que voudras » où je n’ai pas vu sur le coup qu’il manquait un sujet… Il semblerait malgré tout que cette phrase se soit écrite comme ça pendant plusieurs siècles, on la retrouve souvent sous cette forme, et j’ai surtout l’impression que c’est encore le même cas que le sujet de départ. Cette tournure remonterait au latin traduit en français ?
Bref.
Merci beaucoup, beaucoup.