ce fut/furent
Bonjour,
Est-ce que les deux propositions sont correctes ? « La première chose qui attira mon regard fut/furent ses yeux. »
Merci
La première chose qui attira mon regard fut ses yeux.
Si nous enlevons la relative, on voit peut-être mieux quel est le sujet :
La première chose fut ses yeux.
Si on veut que ses yeux soit sujet : ses yeux furent la première chose
En français la place des mots est importante. C’est elle qui parfois détermine la fonction. L’attribut du sujet se place après le verbe (attributif).
(C’est d’ailleurs aussi le cas du COD, qui est toujours après le verbe).
Merci pour votre réponse !
Si on ajoute « ce », on peut cependant écrire : « La première chose qui attira mon regard, ce furent ses yeux. », non ?
C’est d’ailleurs aussi le cas du COD, qui est toujours après le verbe : c’est bien ce que vous avez écrit ?
Pourquoi accorde-t-on quand le COD est placé avant ? La faute que vous avez faite est donc juste ?
En ce moment, j’en perds mon latin…
Oui. Je suis allée bien trop vite !
Dans le cas où le COD est un pronom il se place avant. Et dans d’autres cas, aussi : mise en relief par exemple.
Je pensais seulement à l’ordre des mots dans la phrase simple : sujet + verbe + COD qui détermine pour chaque nom sa fonction.
Pierre frappe Jean ne signifie pas la même chose que Jean frappe Pierre. Et seule ma place des noms avant ou après le verbe détermine quel nom est le sujet et quel nom est COD. D’où l’analogie que je faisais avec l’attribut : ce médecin est une femme – cette femme est un médecin : l’attribut est toujours à droite, sauf, là aussi quand il est pronom : (intelligente)elle l’est particulièrement.
—-
Merci Joëlle d’avoir relevé cette négligence qui pouvait induire en erreur nos lecteurs.
En effet, j’ai répondu bien trop vite !
Je faisais l’analogie avec l’ordre des mots dans en dehors des cas où le COD est pronom ou mis en relief.
Jean frappe Pierre n’a pas le même sens que Pierre frappe Jean : c’est l’ordre des mots qui détermine la fonction de chacun des noms.
De la même façon, en dehors des attributs pronoms, la place des noms (ou des mots quand l’attribut n’est pas un nom -mais alors la confusion n’a pas lieu) détermine lequel est sujet et lequel est attribut.
Le médecin est une femme – la femme est un médecin : l’attribut est toujours à droite du verbe.
(intelligente) elle l‘est particulièrement : l’attribut pronom, se place avant le verbe en effet. Comme se place avant le pronom COD : (la glace) elle l’a mangée.
—
Merci Joëlle d’avoir relevé ma négligence qui pouvait induire en erreurs nos lecteurs.
J’ai finalement trouvé la réponse ici : https://www.dictionnaire-academie.fr/article/QDL019
Si j’ai bien compris l’article, le mieux est ici d’écrire : « La première chose qui attira mon regard, ce furent ses yeux. »
C’est bien ça ?
L’accord le plus logique devrait se faire au pluriel avec le sujet qui est ses yeux :
Qu’est ce qui est la première chose qui attira mon regard ? Ce sont/ C’est ses yeux.
Qu’est-ce qui est ses yeux ? C’est la première chose qui attira mon regard.
(Pour plus détail, voir par exemple ici : Paris est la capitale de la France / La capitale de la France est Paris.)
Néanmoins l’accord avec l’attribut en position de sujet est toléré.
Vous avez donc le choix !
[A]. Réponse à votre question indépendamment du titre de la question, c’est-à-dire sans « ce » intercalé.
Aussi bien dans « le rouge est ma couleur préférée » que dans « ma couleur préférée est le rouge », le sujet est « le rouge » et l’attribut est « ma couleur préférée ». On peut par exemple identifier le sujet d’un verbe attributif en insistant sur le sujet avec la formule « c’est… qui » (ou parfois « ce sont… qui »). Dans les deux cas, on dira : « c’est le rouge qui est ma couleur préférée ». La phrase « c’est ma couleur préférée qui est le rouge » n’a pas de sens.
Avec la phrase « la première chose qui attira mon regard fut la couleur de ses yeux », on ne peut pas dire « c’est [la première chose qui attira mon regard] qui fut [la couleur de ses yeux] », mais on doit dire « c’est [la couleur de ses yeux] qui fut [la première chose qui attira mon regard] ». On voit bien quel [groupe nominal] qualifie l’autre.
Donc, [la couleur de ses yeux] est sans conteste le sujet de la phrase, et il y a une certaine logique à conjuguer le verbe selon son sujet.
Et, quand on met le sujet au pluriel, le sujet postposé reste un sujet postposé, on peut et on devrait donc écrire « la première chose qui attira mon regard furent ses yeux ». C’est une phrase syntaxiquement correcte et parfaite. La conjugaison selon l’attribut antéposé est cependant fréquente et on peut hélas également écrire « la première chose qui attira mon regard fut ses yeux ».
** — Voici deux exemples relevés par le Grevisse. Les classiques, et certains auteurs, conjuguent le verbe selon son sujet postposé : La véritable proie de l’injustice sont précisément ceux-là qui répondent a son défi (Bernanos). Mais c’est le plus souvent l’attribut antéposé qui détermine la conjugaison : Le seul inconvénient était les droits de douane à acquitter (Yourcenar). — **
[B]. Avec « ce », comme exprimé dans le titre de votre question.
B1. Quand « ce » reprend un sujet antéposé, « ce » est un pronom sujet neutre et il n’est pas normal de conjuguer au pluriel :
— Les choux sont des légumes. Les choux, c’est bon. Les choux, c’est des légumes. La ratatouille, c’est des légumes.
Il n’y aurait pas d’élégance particulière à vouloir conjuguer au pluriel, selon l’attribut postposé, bien au contraire, quand le sujet de la phrase est clairement le pronom « ce ».
B2. C’est seulement quand on a un attribut antéposé qu’il est logique de conjuguer le verbe avec le sujet postposé, car le pronom « ce » ne représente plus le sujet mais l’attribut.
— Les choux, c’est mon plat préféré. (quel est le sujet de la phrase ?)
— Mon équipe ? ce sont mes collaborateurs. (quel est le sujet de la phrase ?)
— La première chose qui attira mon regard ? ce sont ses yeux. (quel est le sujet de la phrase ?)
[C]. Avec ou sans « ce ».
Parmi les exemples ci-dessus certains peuvent heurter l’oreille. En fait, parfois, le quidam a du mal à identifier d’instinct le sujet. D’une part la syntaxe rigoureuse dit de conjuguer selon le sujet. D’autre part l’usage, qu’il soit populaire ou littéraire, va souvent vers la conjugaison selon le premier mot exprimé, qu’il soit sujet ou attribut, parfois au détriment de la syntaxe pure.
Le site que vous avez mis en lien en disant « j’ai trouvé » ne répond pas vraiment à votre question. Il tente péniblement d’expliquer la conjugaison, avec des « avant » et des « après », mais tant que le rédacteur de l’article n’aura pas compris qu’il faut croiser la notion de « avant/après » avec celle de « sujet/attribut », il ne donnera que des réponses très médiocres.