Bonsoir ,je voudrais savoir quand l’emploi du subjonctif imparfait est nécessaire .Merci
Bonjour,
Vous dites :
« Mais il est vrai que, aujourd’hui, le subjonctif présent ou passé est accepté aussi dans ce cas :
Je craignais qu’il ne revienne pas à temps.
Je craignais qu’il ne soit pas revenu à temps. »
Ces derniers accords au présent me chatouillent très désagréablement l’oreille… Je ne parviens pas à me plier à ces élans modernes qui rendent les choses fort compliquées sous prétexte de les rendre plus simples.
Je suis correctrice depuis trente-six ans. À l’époque, et même plus tard, certains éditeurs, à juste titre, exigeaient que l’on mît des imparfaits du subjonctif, y compris dans les romans dits « à l’eau de rose » ou « de gare »… « La grammaire, c’est la grammaire ! La règle stricte, pour peu qu’elle soit apprise et appliquée, a le mérite de simplifier les choses. »
Aujourd’hui, je tangue entre le souhait de respecter tant la logique grammaticale (et la justesse du son à l’oreille) et le souci que les auteurs qui me font confiance soient lus, compris et ne passent pas pour des « ringards » ou des « précieux ridicules ». C’est très ennuyeux.
Les choses sont devenues tellement compliquées que je suis aujourd’hui obligée de demander la permission à l’auteur de transformer ses présents en imparfaits (voir exemples ci-dessous) et de modifier ses phrases pour carrément éviter le mode subjonctif si je rencontre une forme en « asse, isse, usse… »
L’arrivée en masse d’auteurs amateurs et de correcteurs qui ne le sont pas moins (et ne se posent même pas ce genre de question) n’arrange pas les choses.
S’il est ici des confrères et des consœurs plus jeunes et plus au courant des tendances actuelles que je ne le suis, que feraient-ils en pareils cas ? Respecteraient-ils la règle de grammaire ou non ? S’ils souhaitaient la respecter, imposeraient-ils leurs vues* ou demanderaient-ils la permission d’user de l’imparfait du subjonctif avant de s’attaquer à la correction d’un manuscrit de 500 000 signes ?
exemple d’un courriel que je dois adresser à un client (auteur de romans) :
Je vous propose de mettre des imparfaits du subjonctif, ainsi que je le suggère dans les exemples ci-dessous. Ils ont le mérite d’être justes et de concorder, à un temps du passé , avec les verbes à l’imparfait de l’indicatif qui les précèdent.
Qu’en pensez-vous et qu’en pensera votre éditeur ?
Pour respecter le ton moderne et léger de votre style, nous pouvons nous limiter aux formes simples et, en cas de souci sur une forme verbale plus longue que deux syllabes ou des personnes autres que la troisième du singulier, chambouler la phrase pour éviter carrément le mode subjonctif…
À voir, merci. »
« Je tenais absolument à ce que mon frigo soit/fût bien rangé. »
« Je craignais aussi que cela n’ait/n’eût gravement marqué ma fille. »
« Il y avait, selon le scientifique à lunettes, des êtres positifs, quelles que soient/fussent les circonstances, et d’autres pas. »
« toutes les haines humaines, qu’elles soient/fussent de classe, de race… »
Bonjour Azucena,
Merci de ce témoignage qui m’évoque ce billet de l’Académie :
http://www.academie-francaise.fr/limparfait-du-subjonctif
Je comprends bien votre embarras, car si l’imparfait du subjonctif donne de l’élégance à une phrase, il peut aussi sonner comme prétentieux, voire pédant. C’est sans doute regrettable. Et, comme correctrice, vous êtes en première ligne pour le sauver… s’il est encore temps.
Je confesse que, comme enseignante, je ne le fais que rarement travailler, car il y a tant et tant d’autres meubles à sauver !
Formé plus tardivement, je fais preuve de plus de complaisance qu’Azucena envers l’usage non orthodoxe du présent du subjonctif. Force est de reconnaître aussi que les textes que l’on nous soumet ne sont pas toujours dignes d’une reformulation de ce type. Comme le souligne indirectement de son côté Evinrude, il y a plus urgent à corriger dans les manuscrits, souvent truffés de tournures bancales, d’impropriétés choquantes ou d’imprécisions dommageables.
La Grammaire de Forator complète de manière intéressante l’éclairage de l’Académie sur ce sujet tout en délicatesse.
Bonjour,
L’imparfait ou le plus-que parfait du subjonctif n’est plus employé que dans des tours figés, à moins que des auteurs ne l’utilisent par volonté d’archaïsme.
Dans la langue moderne, ces deux formes ont cédé la place au conditionnel( à la forme simple ou à la forme composée).
Subjonctif imparfait: traduit une pure éventualité, en dehors de toute catégorie temporelle.
Fût-il la valeur même et le dieu des combats,
Il verra ce que c’est que de n’obéir pas ! (Corneille ─ Le Cid acte II scène 6)
Subjonctif plus-que-parfait : une éventualité passée qui ne s’est pas réalisée.
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! (Baudelaire ─ À une passante)
Bonsoir,
En effet, la plupart des formes du subjonctif imparfait ne sont plus utilisées à l’oral. Mais vous en rencontrerez souvent à l’écrit (surtout à la 3e personne du singulier). Elles s’utilisent en particulier pour respecter la concordance des temps quand le verbe de la proposition principale appelle un subjonctif dans la subordonnée.
• Quand le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur et que l’action de la subordonnée est simultanée ou postérieure, on emploie un subjonctif présent :
Je crains qu’il ne revienne pas à temps.
Mais si l’action de la subordonnée est antérieure, on emploie le subjonctif passé :
Je crains qu’il ne soit pas revenu à temps.
• Quand le verbe de la proposition principale est au passé et que l’action de la subordonnée est simultanée ou postérieure, on emploie un subjonctif imparfait :
Je craignais qu’il ne revînt pas à temps.
Mais si l’action de la subordonnée est antérieure, on emploie le subjonctif plus-que-parfait :
Je craignais qu’il ne fût pas revenu à temps.
Mais il est vrai que, aujourd’hui, le subjonctif présent ou passé est accepté aussi dans ce cas :
Je craignais qu’il ne revienne pas à temps.
Je craignais qu’il ne soit pas revenu à temps.