Bonjour. Pardonnez-moi d’insister ; ma question portait sur la pertinence de la conjugaison du verbe être dans les cas suivants :
(…)
Si de l’amour qui tout transporte
Nous fussions les féaux gamins,
Croyant toujours aux lendemains
Quitte à ne pas fermer de porte,
(…)
Et, de monsieur Paul Fort :
(…)
Sans ton amour que j’idolâtre,
las ! que fussé-je devenu ?
(…)
Pour le second exemple (Paul Fort), j’ai compris, mais !
Première phrase avec « si » + subjonctif imparfait :
Grand merci, mais les réponses, pour ce qui concernent la première phrase, me semblent contradictoires, même si « l’érudit » semble infirmer la concordance des temps ; comme j’ai oublié de vous donner le verbe principal, je me permets de reposer la question, en vous livrant l’intégralité du texte ; je souligne le vers concerné ; cette tournure est-elle ici correcte ?
Jalousie
Petite, était-ce ton amant
Ce vieux chaman qui sait y faire ?
Embrassa-t-il, en son repaire
La lèvre qui ce soir me ment ?
Si je n’ai su, je le déplore,
Pour mériter ton chatoiement,
Iriser d’eau ton con charmant
Comme rosée inonde flore,
Et qu’au contact doux de mes mains
La tendresse que j’élabore
Pour cette fleur de l’hellébore
Ne l’émeuve, et me navre – au moins –
Si de l’amour qui tout transporte
Nous fussions les féaux gamins,
Croyant toujours aux lendemains
Quitte à ne pas fermer de porte,
S’il te découvre, en quelque ailleurs,
Ce sentiment qui réconforte
Et te fera, petite morte,
Languir soudain les yeux rieurs,
Quoique attestant leurs déficiences
Et l’âpre sort de mes sueurs,
J’aurai pour l’or de tes flueurs
Tous les respects et les patiences
Dus, avec mon admiration,
Pour l’aventure où tu te lances !
… Malgré les piques et les lances,
Ces risques vrais de la passion.
Vous avez raison de demander plus précise réponse; on vous a, je pense, répondu trop vite.
Si le premier exemple est bien un subjonctif plus que parfait
Sans ton amour que j’idolâtre, las ! que fussé-je devenu ?
Le second est un imparfait du subjonctif :
Si de l’amour qui tout transporte nous fussions les féaux gamins, croyant toujours aux lendemains
Il se substitue au conditionnel quand celui-ci ne peut pas être utilisé. Aujourd’hui on emploierait sans doute dans ce cas l’imparfait à valeur modale (et non temporelle) :
>Si de l’amour qui tout transporte nous étions les féaux gamins,
Dans d’autres cas le subjonctif présent :
On craignait que le barrage, s’il se rompait n’entraînât (et non aurait entraîné) de sérieux dégâts = On craint que le barrage, s’il se rompt n’entraîne (et non entraînerait)de sérieux dégâts.
Comme le point est assez complexe, n’hésitez pas si vous avez besoin d’autres explications.
Je vous suis très reconnaissant pour cette réponse ; et j’y entends qu’en l’occurrence, la tournure est grammaticalement cohérente, ce qui me ravi car la musicalité et les évocations de ce vers me sont chers…
L’usage et la lecture me tiennent lieu de bagage, et je doute souvent ; merci !
Salut salus,
Tous est faux dans la réponse de Tara :
* Non, « Si nous fussions… j’aurai… » n’est pas correct.
* Non, l’imparfait du subjonctif n’est pas fait pour se substituer au conditionnel, qui de toute façon n’a pas sa place ici.
* Non, aujourd’hui (notons par ailleurs que nous sommes déjà aujourd’hui), on n’emploierait pas l’imparfait, car « si nous étions… j’aurai… » n’est pas davantage correct.
* L’autre cas de subjonctif imparfait présenté par Tara n’a rien à voir avec le « si », c’est juste la transposition évidente d’un subjonctif présent (suivant le verbe craindre) dans le passé.
Vous pouvez vous réjouir, comme vous le faites, de cette réponse entièrement fausse, mais on ne juge pas la justesse d’une réponse selon qu’elle nous réjouit ou non.
Avant de dire et de répéter que tout est faux vérifiez vos sources. Et surtout demandez-vous pour quelle raison vous vous montrez aussi agressif. Bref. Si vous constatez une erreur, il est simple de la dénoncer courtoisement et pédagogiquement. Je ne demande pas mieux, voyez-vous. Et c’est à cela que cet espace est dédié.
Pour en revenir à notre sujet :
Sans ton amour que j’idolâtre, las ! que fussé-je devenu ?
Le subjonctif imparfait: traduit ici une pure éventualité, en dehors de toute catégorie temporelle
Fût-il la valeur même et le dieu des combats,
Il verra ce que c’est que de n’obéir pas ! (Corneille ─ Le Cid acte II scène 6)
Subjonctif plus-que-parfait : une éventualité passée qui ne s’est pas réalisée.
Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! (Baudelaire ─ À une passante)
(Je cite ici Czardas)
La phrase de Corneille garde son sens si on lui substitue le conditionnel :
Serait-il la valeur même et le dieu des combats
Il verra ce que c’est que de n’obéir pas.
Même chose pour le vers de Baudelaire :
Ô toi que j’aurais aimée, ô toi qui le savais !
—-
Quant à l’emploi de l’imparfait dans la subordonnée hypothétique il est correct. La principale étant alors au conditionnel : si nous étions courageux nous partirions en expédition.
—
pour le dernier point, c’est bien moi qui me trompe : le subjonctif est commandé par le verbe craindre.
Donc, « ces réponses sont bonnes » est une phrase bienveillante, et « ces réponses sont fausses » est une phrase agressive ? Non, la grammaire ne fonctionne pas comme ça.
* La question du subjonctif plus-que-parfait a été réglée dans le sujet précédent https://www.question-orthographe.fr/question/bonjour-ma-question-porte-sur-la-pertinence-de-la-conjugaison-du-verbe-etre-dans-les-cas-suivants/.
Subjonctif plus-que-parfait et conditionnel passé sont parfois équivalents, y compris avec « si ». C’est une question sur laquelle nous étions d’accord le 5 juin.
Vos exemples de Paul Fort et de Baudelaire concernent ce subjonctif plus-que-parfait.
* Seul votre exemple de Corneille traite du subjonctif imparfait traduisant une éventualité, dans le système présent. C’est le point (e) de la page précédente, dans lequel il est clairement précisé, que cette construction se fait obligatoirement sans le mot « si ». On écrit par exemple « fussions-nous », mais jamais « si nous fussions ».
* La référence, s’il en faut une, est à nouveau celle de Littré, cité à la page précédente, qui explique très clairement que « si » peut être suivi d’un subjonctif plus-que-parfait, mais jamais d’un subjonctif imparfait.
* Si salus a mis le poème en entier, c’est pour que nous puissions avoir accès au verbe de la proposition principale, et celui-ci est à l’indicatif futur, avez-vous seulement lu le texte ? L’imparfait est donc totalement incorrect dans la subordonnée conditionnelle.
Maître Pie, vous êtes – peut être – un excellent grammairien, mais vous manquez de la plus élémentaire pédagogie, et votre condescendance donne plus envie de s’enfuir que d’apprendre ; contrairement à ce que vous avancez, je cherche à comprendre , et je pensais trouver au « Projet Voltaire » des réponses qui ne se contredisent pas ; si je viens ici, c’est bien sur dans l’espoir que des gens, éventuellement aimables, mieux versés que moi dans les arcanes morphologiques, puissent éclairer ma lanterne ; veuillez entendre que vos explications, pour vraisemblables qu’elles me paraissent, puissent me rester confuses, mes études ayant été inexistantes ; et vu le caractère contradictoire – et violent – de la joute à laquelle je viens d’assister, j’aimerais beaucoup qu’une tierce personne, quelque docte polymathe, érudit ou magister compétant, vienne confirmer vos assertions, merci ? – Merci !
Bonjour à toutes et tous ; et réfrénons, par pitié, nos colères et nos suffisances, au profit d’échanges sains et horizontaux ;
je n’aurais pas cru trouver tant de difficultés et de contradictions parmi des spécialistes grammairiens ; l’explication de « Maître Pie » me semble convaincante, même si je dois reconnaître, étant donné mon niveau d’étude, que c’est un peu à tâtons que je démêle ses explications ; serait-il possible d’en obtenir une confirmation ?
D’autre part, serait-ce trop demander que de bien vouloir proposer, afin de m’éclairer mieux, une (ou plusieurs) correction du poème, sans, bien sûr, tenir compte de la métrique ni de la rime ?
Par avance, merci.