Bonjour, Comment doit-on accorder « senti » dans la phrase suivante : « elle s’est senti(e) de la vocation ?
Comment doit-on accorder « senti » dans la phrase « elle s’est senti(e) de la vocation » ?
Elle s’est senti une vocation pour...
Il n’y a pas accord avec le sujet parce que le verbe (pronominal) a un COD. On suit la règle valable pour le PP construit avec l’auxiliaire avoir, même si ici, c’est l’auxiliaire être qui est utilisé.
Le COD est « vocation »
Le verbe « sentir » est mal choisi. De plus, « de la vocation » ne se dit pas.
On dira plutôt « Elle s’est découvert une vocation pour ………………. »
Et comme vous l’explique Tara, on ne dira pas « elle s’est découverte une vocation ».
Se découvrir + nom est dans le même cas. On a certes tendance à ne pas faire l’accord mais celui-ci n’est pas condamnable car le pronom n’est pas COI.
Par ailleurs cette construction n’est pas du tout incorrecte, je la trouve même plutôt littéraire (voir ma réponse).
Question intéressante car mettant en relief une contradiction des règles d’accord pour ce verbe à la forme pronominale : en théorie on devrait accorder le participe car « se sentir » a ici un sens autonome (différent du sens transitif ou réfléchi) et le pronom se ne s’analyse pas grammaticalement (ni COD ni COI).
D’un autre côté, ce type de verbe n’admet normalement pas de COD alors qu’ici « la vocation » en est bien un. Conclusion : il faut ajouter cette expression aux rares anomalies de construction comme s’arroger.
Devant cette bizarrerie, on peut opter pour les deux solutions d’accord dont on trouve d’ailleurs des illustrations dans la littérature. L’absence d’accord semble néanmoins plus fréquente.
NB Cette expression est parfaitement correcte. À titre d’exemple, les citations données par le TLF (ou l’Académie) ci-après. On peut donc parfaitement se sentir la vocation ou une vocation pour quelque chose (mais de la vocation est très maladroit).
« Empl. pronom. réfl. indir. Reconnaître, percevoir en soi une disposition, une inclination d’ordre physique, intellectuel, moral. Se sentir du dégoût, de la volonté, du zèle; se sentir le courage de, le désir de; se sentir une faim de loup. Mon père… Ah!… je me sens une angoisse! (Châteaubriant, Lourdines, 1911, p. 146).L’eau du lavoir continue de ruisseler sur les visages, les cous et les mains. Elle efface le souvenir de l’effort et de la peine. Et ces hommes qui se croyaient épuisés en arrivant se sentent une force nouvelle (Bordeaux, Fort de Vaux, 1916, p. 109). »
− Loc. Ne pas se sentir le cœur à, de. Ne pas avoir le désir, le courage à, de. Je ne me sens pas le cœur d’épouser quelque douairière, contemporaine du roi Charlemagne (Banville, Gringoire, 1866, 5, p. 40).
Se sentir X (substantif) = sentir en soi/chez soi X (substantif), tournure qui existe donc à la forme non pronominale : Je sens en lui/chez lui une grande détermination.
Dans la forme pronominale, le pronom réfléchi est COI (peut-être est-il analysable différemment, mais quoi qu’il en soit, il est analysable), et dans la phrase objet de la question, le COD étant placé après l’auxiliaire, le participe passé reste comme il se doit invarié. Si le COD était placé avant l’auxiliaire, on aurait l’accord :
La vocation pour le célibat qu’il s’est sentie n’a pas duré bien longtemps.
(La tournure n’est sans doute pas très usitée)
Ah, vous sentez « à vous-même » ?
Cela me semble étrange mais si vous le sentez comme cela…
Toutes les formes héritées de plusieurs siècles d’histoire de la langue ne coincident pas exactement au lit de Procuste de la grammaire scolaire. L’exemple très académique de s’arroger le prouve.
Oh, moi, vous savez, je ne sens pas grand-chose, la faute à cette gredine d’anosmie. De votre côté, il semblerait que ce soit la vue qui vous fasse un peu défaut ; aussi, cher Chambaron, vous invitè-je à ajuster vos bésicles, vous ne manquerez pas alors de constater que je n’ai pas écrit à soi-même mais en/chez soi (souligné + graissé, pourtant), ce qui sonne (pour peu que votre ouïe soit en pleine possession de ses facultés) autrement plus juste.
Se sentir + substantif et s’arroger ne sont donc pas comparables, puisque la forme non pronominale de celui-là est toujours parfaitement vivace, contrairement à celle de celui-ci qui ne l’est plus depuis fort longtemps. Le premier ne peut par conséquent être qualifié d’essentiellement pronominal ou de pronominal autonome, contrairement au second qui peut l’être, au moins dans une perspective synchronique.