Bonjour,

Je trouve, dans une grammaire dont l’auteur est M. Napoléon Landais, publiée vers le milieu du dix-neuvième, les phrases suivantes, citées au titre d’exemples d’accord du participe passé :  » Des fleurs, j’en ai cueilli ; combien j’en ai cueillies ! Combien en avez-vous cueilli ? J’en ai beaucoup cueilli.  » Et, plus loin,    » Des peines, je m’en suis donné ; combien je m’en suis données.  »    Pouvez-vous m’indiquer où se trouve la subtilité qui commande l’accord dans « cueillies » et « données » ?  Et l’usage serait-il le même aujourd’hui ? Merci d’avance.

faustin31 Amateur éclairé Demandé le 11 mars 2019 dans Accords

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5 réponse(s)
 

J’ai attribué un vote positif à votre question, car je la trouve très intéressante !

Voici ce que j’ai compris des explications de Landais :

Ces fleurs, je les ai cueillies –> accord du PP avec le COD « les » mis pour « fleurs ». (j’ai cueilli la totalité des fleurs)

Des fleurs, j’en ai cueilli (j’en ai cueilli une partie)
Ici, « en » renvoie à un sous-entendu (j’en ai cueilli quelques unes, plusieurs, beaucoup…)

Des fleurs, combien j’en ai cueillies (combien de fleurs j’ai cueillies)
Ici pas de mot sous-entendu, car on considère que « combien  » et « en », ensemble, forment le COD, ce qui impose d’accorder, puisqu’ils sont placés tous deux avant » avoir ».

Des fleurs, combien en avez-vous cueilli ?
Ici, on ne connaît pas le nombre de fleurs cueillies.

En bref :
Affirmation / Exclamation –> on accorde
Interrogation / Doute –> on n’accorde pas.

Cathy Lévy Grand maître Répondu le 12 mars 2019

Faustin, voyez ici (10e observation, p. 547-548). Votre question est intéressante en effet.

Prince (archive) Débutant Répondu le 12 mars 2019

Mille mercis.

faustin31 Amateur éclairé Répondu le 12 mars 2019

La règle de non-accord du participe passé après en  est encore défendue par certains grammairiens et par le Projet Voltaire.
Le Grevisse, dans sa dernière édition 2018 que j’utilise comme première référence, est plus tolérant et considère que les deux solutions sont équivalentes.

Chambaron Grand maître Répondu le 12 mars 2019

J’ajoute que :

1. L’ouvrage spécialisé récent cité parfois ici L’accord du participe passé  (Grevisse, 7e éd. revue par H. Briet ; p. 115) précise que « Le participe passé est également invariable si en est accompagné  d’un adverbe de degré  qui précède également [sic] le participe passé.
– Voici mes pièces… Combien en ai-je fait au bout d’une heure ?  (Simone Weil.) »

2. Puisque vous évoquez le Bon usage actuel, il est est dommage qu’il ne fasse pas état de l’arrêté ministériel du 28 décembre 1976 pour ce qui concerne l’accord du PP précédé de en. La deuxième meilleure grammaire française actuelle (à mon sens)* l’évoque, mais lui donne donne une portée générale, alors que ce texte est applicable uniquement  dans son champ d’application rationae materia (v. ci-dessous) !

*
Cf. Riegel, Pellat, Rioul, Grammaire méthodique  du français, PUF, p.  504.

A propos de cet arrêté, je me permets de me citer (message du 1er mars dernier) :

« Pour les examens et concours dépendant du ministère de l’éducation (scolarités primaire et secondaire),  il importe de savoir que l’arrêté du 28 décembre 1976 du  ministre de l’éducation admet aussi l’accord au pluriel, ce qui donne :  Des erreurs, nous en avons rencontrées.

Voyez cet arrêté ici, pages 826 et 828 (point 11). Il donne cet ex. J’ai laissé sur l’arbre plus de cerises que j’en ai cueilli. J’ai laissé sur l’arbre plus de cerises que j’en ai cueillies. »

Cela étant, j’utilise, moi aussi, le Bon usage actuel comme première référence. Il admet, par ex. : « Combien n’en avait-il pas connus , lui, Péguy, qui, grâce au bergsonisme, avaient cheminé vers la foi ! (MassisNotre ami Psichari, p. 188.). »

Prince (archive) Débutant Répondu le 12 mars 2019

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