Avec/sans presque aucun
Bonjour,
Que pensez-vous de la phrase suivante : « Les tests sont effectués à grande vitesse, avec presque aucune interférence avec la circulation. »
Je trouve « avec presque aucune » inélégant, mais est-ce incorrect ? On associe plutôt « aucun » avec « sans » (sans aucun doute).
Je peux reformuler par « sans aucune interférence ou presque », mais j’aimerais avant tout savoir si en l’état cette tournure est correcte ou non.
Merci.
Oui, la forme « avec presque aucune » est syntaxiquement incorrecte.
L’adverbe, le pronom, le déterminant qui complète une négation a un sens en lui-même positif et ne peut pas être utilisé dans un sens négatif sans être accompagné d’une négation, comme « ne » ou « sans ». Le mot « aucune », qui étymologiquement a le sens positif de « une quelconque », ne fait pas exception.
— si jamais il vient ; il ne vient presque jamais ; sans jamais venir ; sans presque jamais venir…
— il refuse de rien dire ; il ne dit rien ; il ne dit presque rien ; sans rien dire ; sans presque rien dire…
— aucun mot n’exprime cela ; presque aucun mot n’exprime cela ; sans aucun mot de réconfort ; sans presque aucun mot de réconfort…
On pourrait s’interroger sur la valeur et la portée du « presque ». Le TLFi prend soin de préciser que c’est un adverbe ou un « élément de composition », qui permet de moduler tous types de mots (presque trop long, presque cent hommes, presque rien, presque aucun, presque tous…). Il est totalement inutile de repousser ce mot « presque » en fin de phrase pour rendre moins visible s’il module le mot « aucun » ou autre chose. Peut-être le déplacez-vous pour qu’il module « sans aucune interaction » ? mais dans ce cas il suffit de placer directement ce mot « presque » avant « sans » : « presque sans interaction », la construction serait correcte, peut-être moins habituelle.
La forme « avec presque aucun » semble courante et elle semble être utilisée pour dire « avec très peu de », mais c’est à tort. Rigoureusement, il faut construire avec la négation, et indépendamment de la présence et de la place du mot « presque » :
— il fait très peu d’efforts = il ne fait presque aucun effort
— il réussit avec très peu d’efforts = il réussit presque sans efforts ; il réussit sans presque aucun effort
L’usage est clairement en faveur de l’utilisation de sans (voir graphe) même si on constate un frémissement de l’usage de avec depuis quelques années.
L’ajout de presque, qui modifie aucun, n’y change rien.
« presque aucun (e) » est correct selon moi. Bien sûr, vous pouvez formuler autrement.
Merci joelle, mais ma question porte sur la préposition « avec ».
Je me suis peut-être mal exprimé. On écrit « sans aucune interférence ». Le fait d’ajouter la nuance « presque » justifie-t-il de remplacer « sans » par « avec » ?