Avec ou sans apostrophe
Bonjour,
J’ai tiqué dans un document sur la phrase suivante : « La raison de la présence de l’apprenant n’est pas d’écouter, mais acquérir des connaissances ».
J’aurais ajouter le « d' » avant acquérir… mais je ne le saurais l’expliquer.
L’ajout du d’ est-il justifié ici, et si oui, pourquoi ?
Merci d’avance,
Phil
Bonjour Phil, je suis de votre avis, l’absence de la préposition d’ (de) devant acquérir me semble aussi rendre la phrase bancale, bien que je je ne sois pas absolument sûr qu’elle soit fautive. Le dctionnaire de l’Académie (ici,– il faut descendre au paragraphe V) nous dit que de est employé devant un infinitif qui est le sujet réel de la phrase : la raison de sa présence est d’acquérir des connaissances (= acquérir des connaissances est la raison de sa présence). De plus, même s’il était possible d’omettre la préposition devant le verbe : la raison de sa présence est acquérir des connaissances (ce dont je suis loin d’être sûr), le fait qu’elle soit présente dans la première des deux propositions reliées par la conjonction mais rend l’ensemble non homogène et à mon sens fautif.
La répétition des propositions est la règle.
L’accusation éventuelle de lourdeur ne pèse pas contre le trouble créé à la lecture, sans compter les ambigüités potentielles.
La raison de la présence de l’apprenant n’est pas d‘écouter, mais d‘acquérir des connaissances.
Ici l’infinitif est attribut du nom « raison »
L’infinitif peut également avoir la fonction d’attribut du sujet, c’est-à-dire qu’il est lié au sujet par le verbe être ou par un autre verbe attributif (verbe d’état), comme sembler ou devenir. L’infinitif en fonction attribut est précédé de la préposition de lorsque le sujet n’est pas un autre verbe à l’infinitif et qu’il est repris par une expression comme c’est ou ce serait. BDL (c’est moi qui souligne)
Exemples :
– Vouloir, c’est pouvoir.
– Mon plus grand rêve, ce serait de faire le tour du monde en croisière.
Dans notre phrase, certes, le sujet n’est pas un autre verbe à l’infinitif, mais il n’est pas repris par c’est ou ce serait.
Si bien qu’à mon avis on peut écrire : La raison de la présence de l’apprenant n’est pas écouter, mais acquérir des connaissances.
Tara, je pense que vous avez raison (bien que, comme dit dans ma réponse précédente, je n’en étais pas complètement convaincu), mais la question de Phil portait, je pense, sur l’omission du de avant l’infinitif dans la deuxième proposition alors qu’il était présent dans la première (les deux étant reliées par la conjonction mais), et c’est cela qui pour moi donne cette impression de phrase « bancale » — et qui à mon avis est fautif.
Pour résumer et répondre précisément à Phil, je dirais donc : oui, la présence de la préposition de (ou d’) est justifiée, mais (peut-être) pas obligatoire ; mais que l’on décide de la mettre ou non, il faut se tenir à ce choix dans les deux propositions coordonnées par mais. La phrase citée par Phil est donc à mon sens incorrecte.
Je n’avais pas précisé mais il faut bien entendu une symétrie de construction.
Je reviens sur mon dernier message qui se fondait sur la BDL.
Elle préconise donc :
L’infinitif en fonction attribut est précédé de la préposition de
– lorsque le sujet n’est pas un autre verbe à l’infinitif
– lorsqu’il est repris par une expression comme c’est ou ce serait.
Si bien qu’on devrait avoir :
La raison de la présence de l’apprenant n’est pas d’écouter, mais d’acquérir des connaissances .
Ou bien avec « c’est » :
La raison de la présence de l’apprenant ce n’est pas d’écouter, mais d‘acquérir des connaissances .
Mais comme il me semble (intuitivement) qu’on pourrait écrire : La raison de la présence de l’apprenant n’est pas écouter, mais acquérir des connaissances . ou La raison de la présence de l’apprenant est , non pas écouter, mais acquérir des connaissances, je vais fouiller un peu la question.
Je reviens avec quelques précisions.
Le « de » dont il est question ici La raison de la présence de l’apprenant n’est pas d’écouter, mais d’acquérir des connaissances, n’est pas une préposition -sinon on ne comprendrait pas qu’il apparaisse ou non- mais un marqueur de l’infinitif.
En général il est présent quand l’infinitif est attribut, comme il « devrait » l’être quand il est sujet :
De prétendre régler seul une telle affaire me paraissait assez audacieux.
Mais ce marqueur tant à disparaître dans ce dernier cas et on entend ou on lit : Prétendre régler seul une telle affaire me paraissait assez audacieux, ou Le fait de prétendre régler seul une telle affaire me paraissait assez audacieux.
C’est sans doute ce qui se passe aussi parfois lorsque l’infinitif est attribut.