Aucun(s) bruits de couloir
Bonsoir, j’ai une question concernant l’accord de « aucun » au pluriel.
J’ai lu ceci sur ce forum : « L’accord au pluriel ne se fait que si aucun est directement suivi d’un substantif employé uniquement au pluriel. »
Si j’en la logique, il ne devrait donc pas s’accorder dans cette phrase :
« Je n’ai entendu aucun bruits de couloir à propos de lui. »
Merci pour votre aide.
Bonjour LeDonk.
La règle que vous énoncez est tout à fait exacte et vous devez donc écrire : aucun bruit.
C’est un sujet de réflexion : certains noms s’emploient effectivement au pluriel avec une acception plus ou moins différente du singulier : des aides (publiques, les subventions) ne sont pas le pluriel direct d’une aide matérielle ou psychologique reçue d’une personne. Les cendres d’une personne ne sont pas le pluriel de la cendre d’une combustion. Il y a des dizaines de cas similaires.
Dans votre exemple, les bruits de couloir (rumeurs) ne sont pas le pluriel d’un bruit (phénomène sonore) dans un couloir matériel.
Selon moi, si le contexte est clair et si la différenciation sémantique est réelle, il ne faut pas hésiter à accorder aucun au pluriel :
– Je n’ai entendu aucun bruit de (du) couloir ne se comprend pas de la même manière que Je n’ai entendu aucuns bruits de couloir. Dans ce cas précis, j’opterais pour la seconde formulation.
Bonsoir PhL,
« … aucun bruit de couloir… » ou « … aucun bruits de couloir… » ?
Dans le Larousse, il est indiqué « bruits de couloir » avec bruit au pluriel.
Que faire ?
Merci pour votre aide.
Bonsoir Chambaron, merci pour votre analyse, qui me semble plutôt juste.
Bonne soirée.
LeDonk
Aucuns bruits ou aucun bruits de couloir étonne donc tout le monde, autant vous que moi, tout le monde, excepté peut-être une infime, une microscopique minorité, alors que tout le monde à passé sa vie à lire.
La bonne question à se poser est donc la suivante. Sur quoi se fonde le dictionnaire Larousse, de quelle autorité se prévaut-il, pour intégrer cette expression, alors qu’un dictionnaire est censé codifier l’usage, une fois s’être assuré que les nouveaux mots ou nouvelles expressions ont été bien adoptés par les usagers de la langue ?
Ce n’est pas du tout sérieux.
Les dictionnaires, pour des raisons commerciales, de concurrence, ou de je ne sais quoi, s’amusent à faire les intéressants, voire se prennent pour Jéhovah ou Allah.
Il faut se garder de se prosterner à chaque fois ; le mieux, le plus sage, est d’écrire simplement, normalement, selon l’usage le plus répandu, pour ne pas passer pour un hurluberlu.
Quand nous écrivons, nous ne nous adressons pas à Larousse, mais à des bipèdes comme nous, alors parlons et écrivons comme tout le monde, tout en respectant les règles les plus usitées, les plus partagées.
Vous avez de bien surprenantes saillies…
Pourquoi intervenez-vous donc sur ce site, géré par une entreprise qui promeut sans ambigüité un français normé et qui est animé par des personnes qui déclinent leurs références (règles, dictionnaires, grammairiens) dans leurs réponses ?
Les questions sont souvent posées par des gens qui justement ne trouvent que cacophonie chez les « bipèdes » qui courent les rues et les sites internet divers. Bous pouvez refuser cela, mais je ne saisis alors pas l’intérêt de venir vous ennuyer ici et d’y semer une confusion artificielle…
Votre commentaire n’a aucun rapport avec mon écrit. Vous en avez complètement ignoré le contenu. Vous élargissez démesurément mes propos alors qu’ils ne portent que sur un point précis , vous les généralisez, vous extrapolez, bottez en touche et jouez à la marge. Il ne vous restait plus qu’à me condamner pour apostasie.
Non, je ne sème pas la confusion, j’éclaire les coins sombres, non pas de ce site, mais de la Chapelle grammairienne.
Soit. Ceux qui nous lisent jugeront…
Il n’y a pas de querelle à alimenter, Il faut juste éviter que parfois les mots dépassent la pensée. Bonne continuation sur le site !
Je pense qu’il y a une erreur dans la règle que vous citez en tête de votre message. Si vous parlez de l’adjectif ‘aucun’, alors je dirais qu’il s’accorde toujours. Si le nom est féminin, on met un ‘e’ pour faire ‘aucune’. Si le nom est pluriel, on mets un ‘s’ pour faire ‘aucuns’. On n’écrit donc pas ‘aucun bruits’, ce n’est pas un adjectif invariable. Votre question devient : peut-on justifier le pluriel de ‘aucun + substantif’ quand ‘aucun’ dit qu’il n’y en pas ? La réponse est oui, parfois, c’est jouable.
On pourrait commencer par examiner la différence entre ‘Il n’y a pas de bruit’ et ‘Il n’y a pas de bruits’. Mais ça ne suffit pas : ‘j’entends du bruit’ et ‘j’entends des bruits’ n’ont pas la même signification mais ont la même négation : ‘je n’entends aucun bruit’, parce que ‘des bruits’ a un singulier qui est ‘un bruit’, certes pas synonyme exact de ‘du bruit’, mais un singulier quand même. Il faut vraiment que le mot, ou son utilisation, n’existe qu’au pluriel. C’est la règle courante. Dura lex sed lex. Mais si vous pensez que ‘bruits de couloir » n’existe qu’au pluriel, alors allez-y pour le pluriel, et assumez jusque dans le verbe qui suit : ‘aucuns bruits de couloir ne me sont parvenus’. L’utilisation d’un verbe est un bon critère de choix : si le groupe ‘aucun + substantif’ demande un pluriel, mettez l’ensemble au pluriel, comme dans ‘aucunes funérailles ne sont prévues’.
En des temps très anciens, ‘aucuns’ ne voulait pas dire ‘zéro’, mais au contraire ‘certains’, comme encore ‘algunos’ en espagnol. Il n’avait de sens négatif qu’avec un ‘ne’ associé. On pouvait écrire ‘je n’entends aucuns bruits’ pour ‘je n’entends pas de bruits quels qu’ils soient’. La négation étant seulement dans le « ne », ont pouvait, sans autre contrainte que le sens, continuer au pluriel si on voulait. Et il en reste donc de nombreuses traces dans la littérature. Dans Google Books, je trouve des occurences anciennes ou récentes de ‘aucuns bruits’, parfois pour ‘aucune sorte de bruit’, mais aussi pour ‘zéro bruit’. https://www.google.com/search?tbm=bks&q=%22aucuns+bruits%22
Bonjour David91, je pense que vous avez raison.
De plus, je viens de tomber sur cet article de l’Académie française :
http://www.academie-francaise.fr/questions-de-langue#17_em-strong-aucun-aucuns-strong-em
Qui explique bien que « aucun » s’accorde en nombre « lorsqu’il est employé avec un nom qui n’a pas de singulier ou avec un nom dont le sens n’est pas identique au singulier et au pluriel ».
Et il me semble que la locution « bruits de couloir » dans le sens rumeurs, ragots, etc. ne s’emploie pas au singulier « bruit de couloir » dans ce sens.
Merci.
Bonjour,
Maintenant, on a compris.
L’Académie a décidé, Larousse suit. On comprend.
L’Académie dit que aucun peut s’accorder en nombre, quoique rarement, lorsqu’il est employé avec un nom qui n’a pas de singulier ou avec un nom dont le sens n’est pas identique au singulier et au pluriel.
Si c’est rarement, si ce n’est pas l’usage, si ce n’est que le fait de 10 ou cent ou mille personnes, n’est-ce pas cela qu’on appelle justement une faute ?
Si un nom n’a pas de singulier, pourquoi l’accoler à un adjectif indéfini fait pour le singulier ? N’y a-t-il donc aucune autre possibilité de prendre un autre mot que aucun ou de tourner sa phrase autrement pour éviter l’incompatibilité ?
N’est-ce pas ce que tous les correcteurs disent à ceux qui commettent des fautes ?
C’est donc l’Académie qui décide, arbitrairement, de ce qui est correct, de ce qui est faux, et comment doivent parler les gens.
Arbitrairement, du moins dans le cas de aucun, et sûrement dans de nombreux autres cas similaires.
La langue doit évoluer ?
Oui, certainement, mais je pensais que c’était l’usage qui la faisait évoluer. Et voilà que c’est à coups de diktats, de décrets, de bulles et de fatwas tombant du ciel, décidés par une poignée de potentats détenteurs du pouvoir divin absolu d’Allah.
Enfin bref, ce n’est pas faux quand c’est faux, ce n’est pas correct quand c’est correct, il faut voir ce que dit l’Oracle.
Brad, vous n’avez toujours pas compris. L’Académie dit que :
– aucun s’accorde toujours avec le nom qui le suit (pas peut s’accorder, pas rarement, toujours),
– le nom qui suit aucun se met au singulier, sauf s’il n’existe qu’au pluriel dans cette acception.
Il ne s’agit pas d’une règle « arbitrairement décidée » par l’Académie (ni « diktat », ni « bulle », ni « fatwa »), mais tout bonnement de l’usage, constaté et formalisé sous forme de règle. Le mot rarement n’est qu’une simple constatation du fait que très peu de noms sont concernés par la forme au pluriel.
Tout le reste n’est que vaine polémique…