aucunes des…
Bonsoir,
Je n’ai pas trouvé précisément la réponse dans les posts listés avec « aucunes »… donc je me permets de vous ennuyer avec ma question :
« Elle eut le temps de constater qu’il n’y avait, autour du paquebot, aucune des nombreuses chaloupes qui auraient dû s’y trouver. »
Ou faut-il un « s » à aucune ?
Merci et bonne nuit… chaude ici à Bordeaux ! 😉
Ni en tant que déterminant-adjectif (« aucune chaloupe n’aurait dû s’y trouver »),
ni en tant que pronom (aucune n’aurait dû s’y trouver),
le mot « aucune » n’est de nos jours accepté au pluriel ; il est presque réservé aux noms singuliers, hélas.
Si on considère que la forme qu’on utilisait encore il y a moins d’un siècle, et qu’on aurait pu lire sous la plume d’écrivains classiques :
— Nous ne secourûmes aucunes chaloupes rencontrées (adjectif) ;
— Aucunes ne furent secourues et toutes coulèrent (pronom) ;
si cette forme est réputée périmée, vous ne devez pas pour autant considérer que ce soit une faute que de mettre « aucune » au pluriel.
La littérature est remplie de milliers d’occurrences de cette construction (je vous en liste cent quand vous voulez).
Mais bon, d’un côté on nous dit que telle construction est bonne parce que Balzac l’utilisait, et d’un autre côté que telle autre construction est fautive parce qu’elle est devenue plus rare depuis 1900. C’est pourtant par milliers qu’on trouve des occurrences de cette construction par des auteurs classiques de référence. À vous de décider si vous souhaitez écrire à la suite de nos grands auteurs du XIXe siècle, ou de nos éditeurs de manuels scolaires de la seconde moitié du XXe siècle.
En revanche, la construction « aucun parmi eux », « aucun d’entre eux », « aucune d’elles » (un pronom extrait d’un ensemble), est effectivement plus rare au pluriel, pour une raison de sens peut-être, mais ces constructions ne sont pas pour autant syntaxiquement fautives.
— « Les usuriers de notre époque ne logent pas tous rue des Grés ; ils ne sont ni vieux, ni ridés ; leur costume n’a pas été acheté au Temple : ce sont au contraire des hommes encore jeunes, toujours vêtus avec élégance ; et qui ne se refusent aucunes des jouissances de la vie. » — Eugène-François Vidocq
Ce pronom « aucunes » serait ici beaucoup moins complet, beaucoup plus pauvre, sans son pluriel.
La règle qui interdit d’utiliser « aucune au pluriel », n’en tenez aucun compte. Ce n’est pas une règle d’auteurs, c’est une règle de profs.
Mettez un pluriel au pronom « aucune » à chaque fois que cela apportera un supplément de sens à votre phrase.
Mais cela n’a pas forcément d’intérêt dans votre phrase : ce « aucune(s) » ne m’y semble pas s’opposer à « certaines« , mais à « une quelqu’une, la moindre » (simple interprétation de ma part), et garde logiquement le même nombre, le singulier.
Grand merci de ce développement si complet.
Je n’ai toutefois pas compris votre fin d’explication, lorsque vous écrivez :
« Mais cela n’a pas forcément d’intérêt dans votre phrase : ce « aucune(s) » ne m’y semble pas s’opposer à « certaines« , mais à « une quelqu’une, la moindre » (simple interprétation de ma part), et garde logiquement le même nombre, le singulier. »
Dans mon récit, il aurait dû se trouver autour du paquebot (spatial) et à ce moment précis du récit, un certain nombre de chaloupes de sauvetage prêtes à s’éloigner au plus vite. Pas toutes, mais un certain nombre, environ un cinquième selon l’histoire. Or, lorsque la personne en question dans ma phrase s’en va, elle constate qu’elle est toute seule a avoir pu quitter le bord.
C’est en considérant qu’il aurait dû y en avoir une bonne cinquantaine, que j’avais été tenté d’écrire « aucunes des nombreuses chaloupes ».
aucun, aucune est toujours au singulier.
Aucuns. ne s’emploie au pluriel qu’avec des noms qui n’ont pas de singulier ou dont le singulier présente une opposition de sens avec le pluriel. Aucunes fiançailles n’auront été plus somptueuses ; « Elles non plus ne toucheraient aucuns gages » (J. Schlumberger).
Erreur Joëlle : « aucun, aucune est toujours au pluriel. » Vous vouliez écrire « au singulier ».
Oui j’ai corrigé.
Bonsoir,
Aucun ne prend plus guère la marque du pluriel QUE DEVANT UN NOM QUI N’A PAS DE SINGULIER, OU qui a au pluriel un sens particulier : aucuns frais, aucuns faux frais, On ne lui fit aucunes funérailles. Aucunes troupes.
Toutefois, certains écrivains suivent la règle classique et emploient le pluriel devant un nom quelconque, mais cette forme est de plus en plus archaïque.
Après plusieurs sujets introduits par aucun, le verbe reste reste au singulier : Aucune mer, aucun pays ne l’attirait spécialement.
Cf. Thomas, Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse, p. 41-42.