Ajouter des traits d’union pour former un nom ?
Bonjour,
Je me demandais si je devais systématiquement ajouter un trait d’union quand je transforme des locutions ou des adjectifs en noms communs.
Par exemple, on dit qu’un plat est fait maison mais que c’est du fait-maison, qu’un costume est sur mesure mais que c’est du sur-mesure. On ajoute le trait d’union pour former le nom. Je me demandais si c’était une règle générale. Dois-je écrire « il est fou à lier » mais « c’est un fou-à-lier » ? « Il est mis de côté », si je veux dire « nous, les mis de côté par les gens », dois-je écrire « les mis-de-côté » ?
Je ne veux pas contourner le problème en utilisant d’autre mots, je voudrais savoir s’il y a une règle spécifique, un guide pour ce genre de cas particuliers.
Je vous remercie d’avance pour toute aide que vous pourrez m’apporter
En principe, on ne rajoute pas de trait d’union.
Votre question est intéressante et je pense inédite sur ce site sous cette forme.
Vous raisonnez avec justesse : le trait d’union est, comme les majuscules, l’italique, la ponctuation, un signe typographique et non orthographique. Cela signifie donc qu’il est lié au contexte et doit s’employer avec discernement.
Le trait d’union (comme le rappelle son nom) unit deux mots (ou plusieurs) pour en faire une entité nouvelle et spécifique. Cet usage peut soit être lexicalisé formellement via un dictionnaire, soit ponctuel dans un contexte donné. Il indique alors la substantivation.
C’est pour cela que les mêmes groupes de mots comportent un trait d’union ou non selon qu’ils sont substantivés ou non (comme dans une locution adverbiale) : tomber à pic (mais un à-pic), parler à propos (mais avoir de l’à-propos) ou une séance à huis clos (mais un huis-clos, n’en déplaise à plusieurs dictionnaires qui n’ont aucune cohérence sur ce sujet). J’en ai une quarantaine sur étagère, qui sont source permanente de débats inutiles
Dans votre cas, rien (j’insiste, rien) ne vous interdit de substantiver ponctuellement les mis-de-côté. Mais ce terme étant une création de circonstance, il est plus explicite pour le lecteur de l’écrire en italique (à défaut entre guillemets).
Message plus général : une règle ou une prescription de trois lignes vaut mieux qu’une liste de trois pages emplies d’explications tortueuses assorties d’exceptions et de bizarreries.
NB Dans l’affiche de film jointe, le producteur a fait le choix, contre l’éditeur du livre, de mettre un trait d’union. Faute de contexte à ce stade, les deux sont justifiables et Sartre, très pointilleux sur ces questions, a donné son accord…