Ai-je positionné mes virgules convenablement ?
Bonjour, je me demande si j’ai correctement ponctué cette phrase pour en faciliter la compréhension. Pourriez-vous, je vous prie, me donner vos avis ? Merci d’avance.
« Les cachets sont maigres, mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent, et ce, quitte à, lui, en toucher moins que moi. »
Si vous êtes adepte des phrases lourdingues, la vôtre est correcte.
J’y vois quatre problèmes de virgules, tous les quatre indépendants les uns des autres, toutes les combinaisons étant donc possibles.
a) Entre deux propositions coordonnées, on met ou on ne met pas de virgule :
— il fait chaud mais il pleut / il fait chaud, mais il pleut.
La virgule sépare un peu plus les deux idées.
Dans votre phrase vous avez le choix :
— Les cachets sont maigres mais il veille…
— Les cachets sont maigres, mais il veille…
b) À l’intérieur d’une proposition, on peut ajouter des précisions « entre virgules ».
Il est important pour une bonne structuration de choisir entre une absence de virgules et un encadrement par des virgules.
— Je vais, parfois, à Lyon
— Je vais parfois à Lyon
Vous avez dans votre phrase le choix entre l’absence de précision, une précision sans virgules, et une précision entre virgules :
— Il vient tous les dimanches
— Il vient, lui, tous les dimanches (une précision de rattrapage, ou une insistance)
— Il vient lui tous les dimanches (probablement comme une construction formelle d’opposition : l’un oui et l’autre non)
c) La subordonnée infinitive introduite par « quitte à »
C’est une subordonnée réputée circonstancielle, on a une certaine liberté selon la force du lien entre le verbe et le complément, à la manière d’un adverbe :
— Il viendra demain. Il viendra quitte à tout perdre.
— Demain, il viendra. Il viendra se confronter au problème, quitte à tout perdre.
d) Le dernier cas à traiter est l’utilisation de « et ce ».
Ce n’est ni une conjonction de coordination ni un adverbe, c’est une construction complexe dans laquelle le pronom « ce » reprend toute une proposition pour introduire un complément.
On utilise cette locution après une virgule (voire un point), et on la fait suivre ou pas d’une virgule, apparemment selon la portée du complément.
Je pense personnellement qu’il ne faut pas de virgule, pour une raison de sens, car « et ce » tout seul ne veut rien dire :
— Il vient tous les dimanches, et il le fait quel que soit le temps
— Il vient tous les dimanches, et ce quel que soit le temps
Mais l’usage tolère bien la virgule après « et ce », comme on encadrerait un adverbe :
— Il vient tous les dimanches, et ce, quel que soit le temps
— Il vient tous les dimanches, régulièrement, quel que soit le temps
Pour ce qui est faciliter la compréhension en conservant un ton populaire, je crois que la première chose à faire est de virer ce ridicule « et ce », et de choisir si vous voulez insister ou non sur le sujet de la proposition infinitive :
— Les cachets sont maigres(,) mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent(,) quitte à en toucher moins que moi.
— Les cachets sont maigres(,) mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent(,) quitte à, lui, en toucher moins que moi.
Les deux virgules entre parenthèses sont à votre choix, elles séparent trois propositions de la phrase.
Les virgules encadrant « lui » sont presque obligatoires pour éviter qu’on prenne le pronom tonique sujet de l’infinitif pour un pronom datif. Ce pronom sujet de l’infinitif lui est mis très en valeur, un peu comme si on avait écrit « quitte à ce que lui-même en touche moins que moi », j’imagine que c’est votre intention.
Merci pour cette réponse éclairante qui me servira à arranger convenablement la phrase hier soumise à vos jugements, et également d’autres cas semblables, à venir.
Un article qui peut vous être utile ICI
Ha ha, oui, c’est vrai, dans le titre de ma question, il aurait mieux valu que j’emploie le verbe « placer ». Merci.
« Ai-je placé mes virgules convenablement ? »
Outre une sur-ponctuation, votre phrase est mal rédigée sur la fin.
Les cachets sont maigres, mais il veille toujours à ce que je reçoive assez d’argent, et ce, quitte à en percevoir moins que moi.
Quitte à (+ infinitif), quitte à ce que (+ subjonctif) = au risque de, que ; avec la possibilité de, que.
Merci, Joëlle.