adjectif ou gentilé ?
« C’est une chanson de la brésilienne Astrud Gilberto. »
Ça fait longtemps que je me demande si, dans tel cas, « brésilienne » est un adjectif (qui ne doit pas porter de majuscule) ou un gentilé (qui se doit de porter une majuscule).
Faut-il donc écrire « brésilienne » ou « Brésilienne », dans la phrase ci-dessus ?
Astrud Gilberto est une Brésilienne et une chanteuse brésilienne. Qu’est-ce qui prime, ici ?
Selon moi, c’est plus logiquement un gentilé. On peut difficilement assimiler la nationalité à une caractéristique comme « la suave Astrid Gilberto ».
« Le trophée a été remporté par le Français Teddy Riner. »
La phrase pourrait s’écrire aussi :
« C’est une chanson de la Brésilienne, Astrud Gilberto. »
« C’est une chanson d’Astrud Gilberto, la Brésilienne. »
Merci pour ces éclairantes considérations.
Ne pourrait-on pas imaginer qu’une origine puisse être considérée comme une qualité ? Et ainsi écrire « l’écossaise Bridget » (sans majuscule) comme on dirait « la douce Mathilde » ?
On peut certes tout imaginer pour se compliquer la vie !
C’est la langue journalistique qui a imposé cette forme qu’on ne trouvait pas jusqu’au milieu du XXe siècle et qui fleurit désormais dans tous les reportages.
Merci, je ne savais pas.
Les adjectifs de nationalité sont des adjectifs relationnels, ce type d’adjectifs ne sont pas antéposables :
Cette française ville été classée au patrimoine de l’Unesco..
Cette ville française a été classée au patrimoine de l’Unesco.
Par conséquent dans votre phrase, brésilienne ne peut être que substantif, et les deux termes sont en apposition* (directement), comme dans par exemple : le roi Louis XIV, le journal Paris-Match, le mont Everest ; l’apposition peut également être indirecte : la ville de Paris, le château de Versailles, un délit de fuite.
* Les deux vocables sont coréférents et dans une relation attributive : Louis XIV est un roi / Paris-Match est un journal / Paris est une ville, …, Astrud Gilbero est une Brésilienne.
Oh ! Très intéressant ! Un grand merci pour votre contribution.
Ne pourrait-on pas imaginer qu’une origine puisse être considérée comme une qualité ? Et ainsi écrire « l’écossaise Bridget » (sans majuscule) comme on dirait « la douce Mathilde » ?
Je vous en prie. 🙂
Les adjectifs de nationalité peuvent effectivement prendre une valeur qualificative, mais alors ils perdent leur sens relationnel de X est de telle nationalité pour acquérir le sens de X a les caractéristiques attribuées aux natifs de tel pays (morphologiques, culturelles…). On voit d’ailleurs alors qu’ils sont éventuellement gradables, ce qui n’est (évidemment) pas possible quand ils ont leur sens de nationalité :
Bien que Française, Mathilde ne fait pas très française : avec ses cheveux blonds, ses tâches de rousseur, son adoration du thé, ses dents de cheval, son flegme et son humour pince-sans-rire, elle fait plutôt très anglaise, si tu veux mon avis !
(Tant qu’à faire ne lésinons pas sur les stéréotypes ! )
C’est entendu. Merci.
Cathy Lévy
dans ce cas