Accord verbe
Bonjour,
Je trouve, dans un classique du XIXe siècle :
« … puis sont venues les indélicatesses, puis les bassesses, puis le crime, les faux »
Ne faudrait-il pas plutôt écrire « venus » ? Il me semble qu’il est possible de faire un accord de proximité, mais je ne trouve pas la règle qui correspond…
Merci pour vos lumières !
Il s’agit apparemment d’un passage des Mystères de Paris d’Eugène Sue. Les différentes éditions donnent bien le même texte (il vaut mieux vérifier, certaines coquilles apparaissant ou disparaissant selon les époques).
Si l’on considère que tous les noms sont des sujets coordonnés autour du même participe, il faudrait en effet laisser ce dernier au masculin. Il est en revanche aussi possible que la phrase ait été perçue comme une suite de juxtapositions non coordonnées et que seul indélicatesses ait déterminé l’accord. Le correcteur devait être de la « vieille école ».
Ce serait en effet une forme d’accord de proximité, pratique ancienne (depuis le latin) mais délaissée sans raison au XIXe siècle, et ce jusqu’à nos jours. Ce n’est pas à proprement parler une règle, mais dans le cas où un adjectif, un participe, est au contact direct d’un nom, il en prend le genre malgré celui d’autres noms plus éloignés.
Les récentes querelles sur les questions d’accord ont permis de remettre au gout du jour cette construction rejetée par la grammaire scolaire mais qui a une longue histoire et des avantages sur le plan linguistique.
Vous trouverez dans ce billet des correcteurs du Monde un intéressant aperçu.
Rien à voir ni avec l’accord de proximité, ni avec la règle du masculin qui l’emporte, il y a simplement que la première énonciation n’anticipe pas l’énumération, laquelle est ensuite déclinée en faisant l’ellipse du verbe. On aurait pu avoir une série de termes au singulier et que le premier verbe reste au singulier : puis est venue l’indélicatesse, puis la bassesse, puis le crime, le faux

Il n’y a rien de contradictoire entre les deux explications : l’accord de proximité est assez naturel et s’applique bien à ce que vous décrivez, au singulier comme au pluriel.

Avec l’exemple des substantifs tous au singulier, l’accord de proximité aurait pu être invoqué si on avait écrit : puis sont venues l’indélicatesse, puis la bassesse, puis le crime, le faux
Merci pour cet éclairage particulièrement intéressant !

Avec plaisir. La littérature sur cet accord est devenue abondante. N’hésitez pas à revenir sur le sujet pour des précisions.