Accord participe passe avec infinitif
Bonjour,
Je n’arrive pas à comprendre pourquoi on n’accorde pas dans « Elle s’est laissé prendre au piège » mais on accorde dans « Elles se sont laissées tomber ».
Pouvez vous m’aider ?
Merci
Bonsoir.
Les exemples que vous donnez suivent les règles orthographiques qui précèdent les recommandations du Conseil supérieur de la langue française de 1990.
1) Avant 1990.
– Dans votre premier exemple, elle ne fait pas l’action de prendre : le participe passé ne s’accorde pas.
– Dans le second exemple, elles font l’action de tomber : le participe passé s’accorde.
Il s’agit d’une situation générale, le cas des verbes (occasionnellement) pronominaux suivis d’un infinitif. Le participe passé s’accorde avec le pronom réfléchi si celui-ci fait l’action de l’infinitif. Si ce n’est pas le cas, il ne s’accorde pas.
Exemples :
– Elle s’est vue tomber – elle a vu elle-même tomber, se (mis pour elle-même) fait l’action de tomber, accord (vous pouvez remplacer par elle s’est vue tombant).
– Elle s’est vu offrir des fleurs par son mari : ce n’est pas elle qui offre les fleurs, c’est son mari, pas d’accord.
– Mais elle s’est vue offrir des fleurs à son mari : cette fois, c’est elle qui offre des fleurs, le pronom réfléchi se fait l’action de l’infinitif, accord (vous pouvez remplacer par elle s’est vue offrant des fleurs).
Mais, car il y a un mais ! Dans votre exemple, il s’agit du verbe laisser. Et, depuis les recommandations de 1990, ce verbe a droit à un traitement spécial.
2) Depuis 1990.
Ce qui précède reste accepté. Mais la recommandation, dans le cas du participe passé du verbe laisser immédiatement suivi d’un infinitif, est de ne jamais accorder, comme c’était déjà le cas pour le verbe faire.
Ainsi, depuis 1990, vous pouvez, dans les deux cas, écrire vos phrases sans accorder :
Elle s’est laissé prendre au piège et aussi elle s’est laissé tomber.
Vous pouvez lire un article très clair sur le site de l’Office québécois de la langue française. C’est ici.
Bonjour, Jbambaggi vous a déjà bien expliqué les choses. Je me permets de vous rajouter ma propre façon de raisonner car personnellement la règle usuelle du COD qui fait ou pas l’action m’a toujours gênée. Je décompose la phrase pour savoir si le pronom réfléchi est le COD du verbe conjugué ou bien celui de l’infinitif.
Elle s’est laissé prendre au piège = Elle a laissé prendre elle-même au piège. Elle a laissé prendre qui ? Donc « se » le pronom réfléchi est le COD de prendre, et non pas de laisser. Donc laisser n’a pas de raison de s’accorder avec ce COD qui n’est pas le sien.
Elles se sont laissées tomber = Elles ont laissé elles-mêmes tomber. Elles ont laissé qui tomber ? Donc « se » le pronom réfléchi est bien le COD de laisser. Donc on accorderait avec ce COD placé avant l’auxiliaire si l’on n’appliquait pas la réforme 1990 qui vient de vous être expliquée.
Merci beaucoup pour vos réponses très instructives.
La grammaire française est vraiment difficile !