Accord « eu » après « ça »
Tu te rappelles les conséquences néfastes que ça a eu ?
ou
Tu te rappelle les conséquences néfastes que ça a eues ?
Dans cette phrase, le « ça » doit-il être considéré comme une forme impersonnelle (eu) ou non (eues) ?
Merci
Bonjour,
Tu hésites entre « Tu te rappelles les conséquences néfastes que ça a eu ? » et » Tu te rappelle les conséquences néfastes que ça a eues ? » !
Pour la première lettre en gras, je pense que c’est une erreur de ta part, mais l’on doit bien accorder, dans la deuxième phrase, le verbe rappeler, avec son sujet « tu », en ajoutant un s.
Ensuite, « eu » ou « eues » ?
Là, on a un participe passé avec avoir. Quelle est la règle ? « Les participes passés avec avoir s’accordent seulement avec le COD, s’il y en a, et qu’il est avant le verbe. »
Y a-t-il un COD ? « Ça a eu quoi ? Les conséquences néfastes ! » Donc, il y a un COD, et il est avant le verbe, donc on accorde le verbe avec ce COD : féminin pluriel (es).
Donc, « Tu te rappelles les conséquences néfastes que ça a eues ? »
« Eu » s’accorde, non avec ça, mais avec « que », pronom relatif COD du verbe avoir, ici au passé composé. Ce relatif « que » a pour antécédent « conséquences », féminin pluriel; donc « eues ».
Votre deuxième phrase est la bonne. (avec un s à rappelles)
Le participe passé d’un verbe conjugué avec avoir (les temps composés) ne s’accorde jamais avec le sujet.
Oui, bien évidemment le « s » manquant à « rappelles » est une coquille… Mon doute portait sur « eu » ou « eues ». Je connais la règle du COD placé avant, mais je me demandais si la formulation « ça a eu » pouvait être assimilée à une tournure impersonnelle comme « les orages qu’il y a eu ». Visiblement non, donc l’accord doit se faire. Merci pour vos réponses.
Malgré tout, si je dis : « les conséquences que ça a produites », je reste perplexe.
Bienvenue au club des sceptiques sur l’accord du participe passé après avoir !
Votre doute est illustratif. La sacro-sainte règle heurte votre pente naturelle ? C’est normal puisqu’il s’agit d’une règle contre-nature, qu’aucune autre langue n’applique car elle ne repose sur aucun fondement linguistique mais est un artifice historique maintenu contre vents et marées pour sélectionner les futés.
Une seule solution : comme je l’ai fait, déserter cette règle en déliquescence, ne plus en faire la promotion, ne plus l’appliquer à l’oral et seulement contraint et forcé à l’écrit…
La vie vous semblera plus légère.
À lire pour comprendre les évolutions en cours :
– Résumé des évolutions préconisées
– Éléments théoriques et références
Pour jacour.
Et pourtant, c’est bien la règle actuelle…
(N.B. Je n’en défends pas le bien-fondé.)
Je sais, je sais… Il y a là une sorte d’attraction de proximité qui jette le trouble (pour moi). Cette phrase devenue : » ..les conséquences que votre attitude a produites… » : pas de problème. Avec un sujet masculin : « …les conséquences que votre comportement a produites … » la phrase ne me choque pas. Mais le neutre « ça » qui a embarrassé Liliane94, ne facilite pas la spontanéité de l’accord. Je ne sais pas pourquoi.
Merci, Prince, pour le lien.
Le neutre et le hiatus.
Site Etudes littéraires :
« La catastrophe que le tsunami a produite. (Correct !)
La catastrophe que cela a produite.
Ce qui vous conduit à hésiter, c’est sans doute le fait que « cela » est un neutre, donc un masculin, et qu’en plus, je l’ai dit, la phrase n’est pas euphonique (hiatus). Je ne pense pas que vous auriez hésité avec : La catastrophe qu’il (le tsunami) a produite.
C’est pourtant la même application de la même règle. »
Mais combien de serrures cela lui a ouvert ! (Julien Gracq.)
Je ne peux pas vous dire l’impression que cela m’a fait. (Maurice Druon.)
Inadvertances qui ont échappé aux correcteurs ? Volonté délibérée de faire bouger l’usage ou d’euphonie ?
Merci pour ces textes, Chambaron.
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Vous (jacour et ceux qui veulent connaître la règle actuelle) devriez lire cela.
Jacour, il y est même question de « que cela a produite » et de raisons qui peuvent expliquer votre perplexité.