Accord en nombre de l’adjectif
Bonjour à tous,
J’ai un doute quant à l’accord en nombre de l’adjectif dans la phrase suivante.
« Lorsque nous avons un piètre image de nous-mêmes, nous avons tendance à nous sentir indigne de confiance. »
Merci d’avance !
Bonjour
« Lorsque nous avons une piètre image de nous-mêmes, nous avons tendance à nous sentir indignes de confiance. »
L’adjectif est attribut du sujet nous, et s’accorde donc au pluriel.
Bonjour,
quelle est la signification de ce nous ? Désigne-t-il réellement un groupe de personnes ou aurait-il une valeur indéfinie ? Pour une fois, c’est nous qui remplacerait on, et non l’inverse (« Lorsqu’on a une piètre image de soi-même, on a tendance à se sentir indigne de confiance. »). Un comble !
Il me semble avoir déjà vu ce genre de formulation dans des articles de psychologie. Ce nous serait alors comparable au nous de majesté et au nous de modestie, qui se conjuguent évidemment à la 1ère personne du pluriel mais avec des adjectifs attributs qui demeurent au singulier. Je ne suis pas absolument certain qu’on puisse utiliser ce type de nous dans le contexte de l’exemple mais si c’est le cas, il faut aussi conserver le nous-même au singulier : « Lorsque nous avons une piètre image de nous-même, nous avons tendance à nous sentir indigne de confiance. »
J’ai déjà entendu des formulations du type « Lorsque nous terminons bon dernier, nous sommes tout de même comblé d’être allé au bout de l’effort. » qui ne font aucun doute sur l’accord au singulier …mais est-ce correct de s’exprimer ainsi ?
Ce n’est pas, ou pas encore, reconnu par les grammaires, mais je vous donne entièrement raison : ce « nous-même » au singulier, où le « nous » n’est ni de modestie ni de majesté, se rencontre bel et bien, y compris je crois en littérature classique. Il faudrait analyser chacune des occurrences trouvées ici, dans le TLFi ; je n’ai pas eu le courage de toutes les regarder, mais il semble que ce soit une sorte de « nous » introspectif et explicatif, à portée générale, une sorte de façon de dire : « cette démonstration/explication que je vous fais est valable pour chacun d’entre nous ». Plus élégant que le « on », il a le même sens.
A l’oral, de plus en plus, on entend « vous » et même « tu », qui ne sont chacun ni un vrai vouvoiement ni un vrai tutoiement, et qui ont pour but de renforcer l’attention et l’adhésion de l’interlocuteur, une façon de le rendre plus concerné par ce qui est à la base une explication à portée universelle. Une sorte de « on » personnalisé.
« Lorsque tu as une piètre image de toi-même, tu as tendance à te sentir indigne de confiance», ou « Lorsque vous avez une piètre image de vous-même, vous avez tendance à vous sentir indigne de confiance ». Bref, pour l’instant le singulier est considéré comme fautif avec « nous », mais dans certains cas je trouve ça dommage.
Nous » peut en effet, avoir différentes valeurs.
Il y a le « nous exclusif » qui correspond à « nous autres » et le « nous inclusif » qui correspond à moi et toi/vous.
Lorsque nous avons une piètre image de nous-mêmes, nous avons tendance à nous sentir indignes de confiance.
Ici le « nous » est clairement inclusif même si cette inclusion est très large et du même type que : nous sommes tous des mortels.
L’adjectif se met au pluriel dans les deux cas.
Ce serait d’ailleurs le cas aussi avec un nous exclusif : nous ne sommes pas plus bêtes que vous
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Les seuls cas ou « nous « est considéré comme singulier, c’est le cas du « nous de majesté » : nous, roi de France, entendons être seul...et celui du « nous de modestie » : comme nous l’avons écrit plus haut, nous avons été intéressé…
(en ces cas, le verbe se conjugue normalement mais les adjectifs sont au singulier.)
Bonjour Tara,
je suis tout à fait d’accord avec votre analyse et dans l’exemple demandé, après un nous qui peut tout à fait désigner un collectif, l’emploi du pluriel permet d’assurer un « sans faute » à la rédactrice.
Néanmoins, en interrogeant la toile, je trouve par exemple cet extrait d’article de philosophie qui me laisse dubitatif :
» […] Ce qui est important ici, c’est qu’en prenant conscience que nous sommes celui que nous voyons dans le miroir, sur une photo ou une vidéo, nous prenons simultanément conscience de ce que nous représentons pour autrui. Et nous n’en prenons pas vaguement conscience, comme le font certains animaux évolués, qui ont bien le sentiment d’exister ; nous le faisons de manière totalement claire, et potentiellement grave – car cette conscience réflexive peut nous amener à nous poser nombre de questions existentielles, métaphysiques et religieuses. C’est également elle qui fait que nous prenons soin de notre apparence, en fonction de critères culturels, et non pas naturels (maquillage, coiffure, habits, etc.).
Dans un miroir, nous nous voyons comme nous croyons qu’autrui nous voit, voit notre apparence. C’est d’ailleurs pour cela que nous sommes capables de nous voir nous-mêmes dans notre tête comme l’on dit, en projetant en nous l’image de ce que nous supposons être. […] »
D’un côté, une expression dans le propos du philosophe démontre que le nous y possède une valeur singulière (nous sommes celui) et de l’autre un accord grammatical est fait au pluriel (nous sommes capables). Avouez qu’il y a là quelque chose de déroutant ! Faut-il s’accommoder de cette incohérence ou considérer qu’à côté des nous de majesté et de modestie, il y aurait un nous de psychologie… aux règles semblables ou aux règles spécifiques ?