Accord d’un participe passé suivi d’un infinitif
Bonjour j’ai un problème avec l’accord du participe passé de cette phrase :
« Christelle s’était donc proposée de lui tenir la main. »
« Proposé » avec « ée » car que le « s' » est COD placé avant et sujet du verbe à l’infinitif.
Je ne suis pas certain, j’ai un doute sur l’accord, je me demande s’il n’y a pas une exception à cause du « de » devant l’infinitif.
Merci pour votre aide.
On ne peut pas, ici, analyser la fonction du pronom personnel, ce dernier faisant partie du verbe.
Le pronom n’est ni COD ni COI du verbe. Le participe passé s’accorde alors avec le sujet (Christelle). On aura donc :
Elle s’est empressée de me répondre.
Elle s’est abstenue de tout commentaire.
et…
« Christelle s’était donc proposée de lui tenir la main.. »
Elle s’est empressée de quoi de me répondre = c.o.i
Elle s’est empressée de quoi de tout commentaire = c.o.i
Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main
elle a proposé quoi ? de lui tenir la main C.O.D ?
Ps: il n’y a pas de méchanceté dans mon intervention Jean
j’ai juste un rêve comprendre la grammaire.
Non, Christelle s’est proposée… Le pronom s’ fait partie du verbe, donc on accorde avec le sujet.
Les verbes s’empresser et s’abstenir sont des verbes essentiellement pronominaux, dont le participe passé s’accorde donc avec le sujet.
Ce n’est pas le cas de se proposer qui est accidentellement pronominal puisque proposer est un verbe transitif.
Bonjour Donk,
Proposer est à la forme pronominale. Il s’agit d’un verbe occasionnellement pronominal, puisqu’il existe sous la forme transitive également.
Dans ce cas l’accord du participe passé suit la règle du participe passé construit avec l’auxiliaire avoir : l’accord se fait avec le COD s’il est placé avant le participe. C’est d’ailleurs la règle que vous avez appliquée.
Mais « s’ » n’est pas COD !
Elle avait proposé QUOI : » de lui tenir la main« . L’infinitif est COD.
Il n’y a donc pas d’accord avec « s’« .
« Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main. »
Cordialement.
J’avoue avoir eu un mal fou avec cette phrase, je l’ai
remué dans tous les sens , «qui, quoi » « de qui de quoi »
il m’était impossible de me départager, et quand je vois que
Jean et PhL propose un participe passé différent pour la même
phrase je comprend mieux maintenant.
J’ai hâte de voir ce qu’en pense
les autres maîtres aussi car cette phrase
mérite qu’on s’y intéresse et pourquoi en contradiction
l’un et l’autre avec cet accord ?
PS: je me suis posé cette question :
On propose quelque chose à quelqu’un ( à lui )
( donc proposé,« é » pas d’accord si cela avait été quelque chose (accord )
comme cette phrase:
« ces marchandises se sont bien vendues »
se est C.O.D car on vend quelque chose .
Je vous cite le CNRTL
« Rem. L’accord du part. passé ne se fait pas dans les tours mentionnés supra III: la halte qu’ils s’étaient proposé de faire (Thomas 1956) ; elles se sont proposé un but (à elles-mêmes) (Dupré 1972). »
Je maintiens :
Ci-dessus, il s’agit simplement du passé composé du verbe se proposer, donc il y a accord avec le sujet : elle s’est proposée.
Et s’n’est pas COI.
Le COI répond à la question à qui ? (à quoi, de qui, etc.).
Ils se sont menti. Ils ont menti à se.
La réunion s’est terminée très tard. Il n’y a pas de COD (et certainement pas s’) ni de COI. Le participe passé s’accorde avec le sujet.
Elles se sont proposé un but.
Elles se sont proposé quoi ? Un but. « but » est COD. On n’accorde pas.
Il s’agit bien d’un verbe pronominal réfléchi mais la fonction du pronom réfléchi est variable.
Dans la phrase, « s’ » n’est pas vraiment COI, je l’accorde.
Je pense qu’il faut faire une distinction selon que « se proposer » est suivi ou non d’un COD, à l’instar de « se laver«
Elle s’est lavée mais elle s’est lavé les mains.
Le propriétaire a demandé qui voulait l’aider pour son déménagement. Christelle s’est proposée pour ce déménagement.
« s' » est COD : elle a proposé elle-même.
Mais « Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main. », le COD est » de lui tenir la main« .
Dans le Dictionnaire des difficultés de la langue française, il est dit que » le participe passé du verbe pronominal se proposer reste invariable s’il est suivi d’un infinitif complément d’objet direct »
Avec l’exemple suivant : « les cadeaux qu’ils s’étaient proposé d’acheter » en précisant : « il s’étaient proposé quoi : d’acheter des cadeaux »
Cette remarque rejoint celle du CNRTL.
Bon… Je serai plus vigilant à l’avenir. Merci PhL.
Merci Jean d’avoir provoqué cette réflexion et cette discussion.
Il me semble, pour terminer, que le pronom s’ peut avoir plusieurs fonctions qui déterminent l’accord du participe passé.
Elle s’est proposé le défi de le quitter en premier.
Défi = COD et s’ = COI (Elle a proposé le défi à elle-même)
Elle s’est proposée pour partir la première.
s’ = COD (elle a proposé elle-même pour partir)
Elle s’est proposé de le quitter en premier.
s’ n’a pas de fonction particulière et « de le quitter… » est COD.
Qu’en pensez-vous ?
Je trouve ici ces exemples qui montrent que l’accord dépend en effet du sens de la phrase :
Elle s’est proposé de lui parler (se proposer = se fixer comme but) mais Elle s’est proposée (se proposer = se mettre en avant) pour ce poste.
C’est pour ça que moi part moment je décroche, le verbe a parfois
deux sens différent, et donc dans une dictée ou il faut aller
vite, comment écrire le participe passé de façon instantanée ?
je parle bien sûr au nom du petit peuple.
Ps: pourquoi pas ( elle s’est proposée, car c’est elle donc ée pour tous les
verbe avec elle s’est ?Achetée ; donnée , privée ; etc… ?
Oui, c’est une proposition de simplification en effet. Attention cependant, je lis cet exemple (toujours dans le même site) :
« Elle s’est servi des légumes (au cours du repas) ne signifie pas la même chose que Elle s’est servie des légumes (pour faire une soupe), par exemple ! Sans elles*, cette distinction ne serait plus possible… »
* les subtilités de l’accord…
À ce stade, fixons un peu les idées.
Chez certains verbes pronominaux, on ne peut pas analyser précisément la fonction du pronom personnel, ce dernier faisant partie intégrante du verbe : s’apercevoir (de), se douter, s’abstenir, etc. Certains de ces verbes admettent un emploi non pronominal : apercevoir, désespérer, etc.
Ces verbes sont dits subjectifs et leur participe passé s’accorde avec le sujet.
Elles se sont aperçues de leur erreur.
On pourrait être ainsi tenté d’écrire : « Elles se sont « proposées » de venir ».
Or, se proposer obéit à une autre règle : le participe passé de se proposer est invariable s’il est suivi d’un infinitif COD.
« Le participe passé du verbe pronominal se proposer reste invariable s’il est suivi d’un infinitif complément d’objet direct : La halte qu’ils s’étaient proposé de faire (ils s’étaient proposé quoi ? de faire une halte). Les cadeaux qu’ils s’étaient proposé d’acheter (ils s’étaient proposé quoi ? d’acheter des cadeaux). » (Dictionnaire des difficultés de la langue française, Larousse).
Girodet, dans Pièges et difficultés de la langue française est aussi très clair.
« Accord du participe à la forme pronominale.
1. Proposer + nom. Accord avec le complément d’objet direct si celui-ci est placé avant le verbe : Les buts qu’elle s’est proposés, mais Elle s’est proposé des buts difficiles.
2. Se proposer de + infinitif : Participe invariable : Les buts qu’elle s’est proposé d’atteindre. Les villes que je me suis proposé de visiter. » (Pièges et difficultés de la langue française, Jean Girodet).
On écrira donc « Elles se sont aperçues de leur erreur » mais « Elles se sont proposé de venir ».
On écrira alors, effectivement :
« Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main. »
Bonjour Jean, PHL, Evinrude et Estudiantin, merci pour cette analyse, et cette décortication très intéressante. 🙂
Bonne année à vous tous ! 🙂
LeDonk
De nombreuses règles ont ici été énoncées, dont beaucoup se présentent comme de simples assertions dispensées d’explications.
Convenons-en, il y a là de quoi désespérer nombre d’usagers de la langue. Si les experts ont eux-mêmes les plus grandes difficultés à cerner le sujet, que dire des autres ?
On pourrait à cet égard tenter d’analyser la chose en s’affranchissant, temporairement, de notions grammaticales délicates, controversées, difficiles à manier, et requérant la plus grande circonspection.
On pourrait ainsi tenter une analyse du sens et des liens entre le mots, sans invoquer les notions de COD, COI et autres, et en renonçant transitoirement à toute posture normative.
*
Soit la phrase à examiner :
– « Christelle s’était donc proposé(e) de lui tenir la main. »
Nous avons ici trois lectures potentielles de « proposer » :
a) proposer (quelque chose à quelqu’un) ;
b) (se) proposer de = se suggérer à soi-même de : ex., je me propose de chanter : le « se » est ici détachable du verbe sans perte du sens intial de « proposer » ;
c) se proposer = avoir l’intention, résoudre = elle se propose de venir ce soir : le « se » serait ici indissociable du verbe, car le sens de « se proposer » serait ici alors très différent de celui de « proposer ».
Dans cette lecture, il ne serait pas pertinent d’analyser cela sous la forme « elle propose cela à elle-même » (comme c’est la cas pour la lecture a) ci-dessus).;
*
Le verbe « proposer » a-t-il le même sens dans les trois cas ?
Manifestement non.
On pourrait toutefois légitimement se dire que :
– « se proposer de » = « proposer son aide pour », conduisant ainsi à :
– « Christelle s’était donc proposé(e) de lui tenir la main » = « Christelle a proposé (spontanément) son aide pour lui tenir la main »
Ce cas serait ici à raprocher du cas b) ci-dessus.
*
Les questions qu’on pourrait se poser pour départager les lectures pourraient être les suivantes :
1) Qu’est-ce qui était proposé ?
Réponse : « de lui tenir la main »
Ce complément à base d’infinitif génère par défaut un accord de « proposé » au masculin singulier pour donner :
« Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main »
*
2) Qui est-ce qui s‘était proposé » ?
Réponse : « Christelle »
NB : nous sommes ici dans :
– la lecture de type c) (« avoir l’intention de », avec « se » indissociable)
– et non dans la lecture de type b) (« se suggérer à soi-même, avec « se » détachable).
Il y a donc ici accord avec « Christelle » pour donner :
« Christelle s’était donc proposée de lui tenir la main »
Dans cette lecture on suppose que « se proposer » forme désormais un bloc indissociable, à la manière de « s’apercevoir » (au sens de « prendre conscience »), de « s’assurer » (au sens de « vérifier ») ou de « s’aviser » (au sens de « se rendre compte »).
*
* BILAN :
Pour ces différentes raisons, j’opterais ici pour ma part pour le cas 1) ci-dessus, le plus simple — correspondant à la lecture a), avec le « se » détachable —, pour donner :
« Christelle s’était donc proposé de lui tenir la main »
Je vois que plusieurs intervenants ont cité la règle du participe passé suivi d’un infintif, mais il semble que ce n’est pas du tout le cas ici.
Ce qui est important, c’est de faire la distinction entre :
1. proposer qch à qn
Marie était fatiguée, il lui a proposé un café.
l’infinitif peut jouer le rôle d’objet, mais sans aucune influence sur l’accord du participe passé. C’est le statut de COI du pronom anteposé qui est déterminant.
Marie était fatiguée, il lui a proposé de la raccompagner.
2. proposer qn pour qch
On a proposé Marie pour le poste de directrice régionale.
Avec infintif :
On a proposé Marie pour représenter le village au concours de …
Utilisées à la forme pronominale, ces deux types de constructions vont devenir, respectivement :
1. Elle s’est proposé / acheté / offert un café
1.a. Elle s’est proposé / promis / juré de recommencer les cours de piano.
2. Elle s’est proposée pour le poste de directrice.
2.a. Elle s’est proposée / portée volontaire pour nettoyer la maison.
Un simple jugement « logique » de compatiblité entre les noms et le participe passé, sans recours aux notions de COD / COI, permet aussi de choisir le bon accord :
1. qqi est proposé » Christelle, ou tenir la main » ?