Accord du verbe avec la conjonction « ou » et noms employés comme adjectifs
Rebonjour,
J’ai deux nouvelles interrogations.
1) J’ai lu sur plusieurs sites et notamment sur BDL, qu’on l’on avait le choix entre le pluriel et le singulier avec « ou ». Cela dépend s’il est inclusif ou exclusif. Il est dit inclusif quand les deux sujets peuvent faire l’action et dit exclusif quand un seul sujet peut faire l’action.
Exemples :
– Pierre ou Paul arrivera le premier
– La pomme ou la poire conviennent pour cette tarte
– L’étudiant ou l’étudiante s’inscriront en debut d’année
– La directrice ou son adjointe prendra la parole.
Je n’arrive pas à faire la distinction, car dans toutes ces phrases tous les sujets peuvent faire l’action, sauf qu’un seul l’exercera.
Dans la première, tant Paul que Pierre peut arriver premier ; la deuxième, il y aura soit de la pomme, soit de la poire pour la tarte, pas les deux. Il me semble que ça doit être selon la pensée de l’auteur.
Qu’en pensez-vous ?
2) Noms utilisés comme adjectifs
Lorsque l’on emploi un nom comme adjectif, il faut accorder selon le sens.
Exemples :
– Un rayon vêtements (un rayon de vêtements)
– Des hommes machines (des hommes qui sont des machines)
– Des juges assistances sociales (des juges qui sont des assistantes sociales)
Ne devrait-on pas les lier par des traits d’union ?
Merci de nouveau pour vos réponses ! 🙂
« ou » exclusif ou inclusif, c’est assez délicat en effet.
Pierre ou Paul arrivera le premier : un seul peut avoir la place de premier sauf si ex aequo sans possibilité de départage (« ou « signifie « soit » et il est exclusif)
– La pomme ou la poire conviennent pour cette tarte : les deux conviennent, aucun n’est exclu « ou » signifie « et »
– L’étudiant ou l’étudiante s’inscriront en début d’année : idem « ou » = »et » (au choix selon le sexe)
– La directrice ou son adjointe prendra la parole. exclusif car on considère qu’elles ne peuvent prendre toutes les deux la parole.
Pour votre deuxième question, c’est au cas par cas, le trait d’union existe pour une entité lexicalisée ainsi, un mot composé. Si le mot est forgé pour des circonstances précises et n’existe pas au dictionnaire, pas de trait d’union.
Le rayon vêtements (un rayon de vêtements) : pas de trait d’union
– Des hommes machines (des hommes qui sont des machines) : à la rigueur si le nom commun désigne une réalité mais j’en doute (voir le dictionnaire). « Homme-tronc » par exemple.
– Des juges assistantes sociales (des juges qui sont des assistantes sociales) : alors là, il faut plus de contexte, car un juge n’est pas aussi assistante sociale. Vous voulez sans doute dire : des juges qui ont aussi des missions sociales.
Merci pour votre bonne analyse Joëlle.
Concernant les « juges assistantes sociales » , c’est une phrase que j’ai entendue d’un député. Il se plaignait du laxisme judiciaire et il appelait les juges « juges assistantes sociales » du fait qu’ils sont laxistes à ce goût.
De ce fait, on écrit bien dans ce contexte :
– Des juges assistantes sociales
Qu’en pensez-vous ?
Il faut bien voir ce qu’il y a de fantasmatique et d’idéologique dans cette formulation qui ne correspond à aucune réalité tangible. Les deux professions sont rarement exercées par la même personne et les mots ont un sens. L’opinion de ce député doit être clairement mise en lumière par des guillemets – des juges « assistantes sociales » ou par une formule, « selon M. », les juges effectueraient un travail d’AS ou auraient un rôle d’assistant social. Sauf bien sûr à reproduire une citation complète de l’intéressé, qui met, comme vous l’expliquez, en exergue l’opinion de laxisme des juges.
Question 1 :
En français – à la différence de l’anglais –, « ou » est par défaut inclusif. Autrement dit, si l’on ne précise rien, on comprendra que les deux sont valables et le pluriel s’imposera.
On n’utilise le singulier que si les sujets s’excluent naturellement ou si l’on ajoute une information volontairement.
— La directrice ou son adjointe prendront la parole : cas de base, une ou deux personne parlera (singulier dans ce cas).
— La directrice ou son adjointe prendra la parole : on ajoute l’information d’exclusivité.
On peut remarquer à cette occasion que cela rend inutile la laide formulation « et/ou » popularisée par les anglicismes.
— Qui viendra ? — Le président ou le ministre. Par défaut cela signifie les deux éventuellement.
— Qui viendra ? — Ou le président ou le ministre. C’est la syntaxe qui signifiel’exclusivité.
— Qui viendra ? — Le président ou son représentant. C’est le sens qui signifie l’exclusivité.
C’est au rédacteur ou au locuteur de surveiller ce qu’il communique.
Merci pour votre analyse Chambaron. Votre astuce est intéressante !
Bonjour,
Je me permets de rebondir sur ce sujet. J’ai une question un peu similaire, mais sur l’accord des adjectifs lié à l’utilisation de la conjonction de coordination « ou ».
Exemple :
Dans « […] (altérer) le goût ou l’odeur naturel […] », comment doit-on accorder l’adjectif « naturel » ? Sachant que dans ce contexte, c’est inclusif, il peut s’agir du goût naturel, de l’odeur naturelle ou des deux.
Merci d’avance,
Il vaut mieux poser des questions nouvelles sur le site : sinon, seuls ceux qui ont déjà répondu voient votre question.
Vous devez adapter votre phrase pour qu’elle soit sans ambigüité :
— « […] altérer le goût naturel ou l’odeur. » (ou l’inverse, pour un seul des deux)
— « […] altérer le goût ou l’odeur naturels. »(ici les deux, inclusif, genre de l’adjectif non marqué)
— « […] altérer ou le goût d’origine ou l’odeur naturelle. » (un seul des deux, il faut différencier la qualification).