Accord du participe passé vécu
Bonjour, je voudrais savoir si cette phrase est bien orthographiée :
Les agriculteurs menacent d’une mobilisation comme le pays n’en a jamais encore vécue à partir du 8 janvier.
Bonsoir,
La phrase est correctement orthographiée, le COD est antéposé à l’auxiliaire avoir = on accorde.
Bien à vous
Le COD de « vivre » serait « une mobilisation » ?
Bonjour,
Le verbe vivre est en effet un sujet de débat entre les auteurs. (Les exemples cités sont ceux du Grevisse.)
- Lorsque le verbe vivre est accompagné d’un complément exprimant une durée, ce complément peut être interprété soit comme un complément d’objet direct (>accord du participe passé si ce cod est placé avant le verbe : « Un souvenir trop précis des atroces minutes qu’elle avait vécues dimanche soir… » [Martin du Gard]) soit comme un complément de mesure (>aucun accord : « Elle songea aux années qu’elle avait vécu ensuite. » [Lacretelle]) Cela dépend du sens et de la formulation du complément, mais de toute façon, il n’y a pas d’unanimité des auteurs.
- Lorsque le verbe vivre est accompagné d’un complément direct qui n’exprime plus une durée, ce complément est toujours un cod (> si ce cod est placé avant le verbe, toujours accord du participe passé : « Il revient sur des affaires qu’il a vécues. » [Valéry] ). C’est le cas de votre exemple, le complément manifestation n’exprime pas une durée : « Les agriculteurs menacent d’une mobilisation comme le pays n’en a jamais encore vécue à partir du 8 janvier. » C’est le cas de votre exemple, le complément mobilisation n’exprime pas une durée : « Les agriculteurs menacent d’une mobilisation comme le pays n’en a jamais encore vécue à partir du 8 janvier.
[edit] Dans votre exemple, le terme mobilisation n’exprime pas une durée : nous nous trouverions donc dans le deuxième cas, mais mobilisation n’est pas directement le complément d’objet direct du verbe vivre, car il est repris par le pronom en, véritable cod du verbe a […] vécu(e).
En principe, lorsque le cod est formé par le pronom en, le participe passé reste invariable. Si vous passez le certificat Voltaire, tenez-vous en à cette règle : « Les agriculteurs menacent d’une mobilisation comme le pays n’en a jamais encore vécu à partir du 8 janvier. »
Cependant, comme le constatent les linguistes, l’application de cette règle n’est pas générale, en particulier lorsque le pronom en représente un nom entièrement antéposé au verbe. Cette variation ne peut donc être taxée d’incorrecte (Grevisse, [Langue française, le bon usage]) (exemple : Une immense muraille telle que les hommes n’en ont jamais construite [Green]). Si vous souhaitez bien rendre compte de ce qui sera vécu (la mobilisation), alors vous écrirez : « Les agriculteurs menacent d’une mobilisation comme le pays n’en a jamais encore vécue à partir du 8 janvier. »
Bref, vous faites comme vous voulez.
Sur votre deuxième réponse mise en commentaire, si on me demandait « vécu quoi ? », je répondrais « une mobilisation comme ça », ou « une telle mobilisation », et j’accorderais « vécue ».