accord de couleurs
Je suis un peu sceptique sur cette phrase :
Des tons à dominante bleu(e) et argent
Parce que le sujet est bien dominante, mais c’est bleu et argent ensemble, mais d’un côté, c’est une dominante bleue ET argent
On mettrait à dominante bleu et vert ou bleue et verte ?
Des tons à dominante bleu(e) et argent
Pas de sujet ni de verbe ici. Si on veut une phrase complète ! Cette étoffe a des tons à dominante bleu et argent.
Bleu et argent sont des noms compléments du nom « dominante ».
Cette étoffe a des tons à dominante vert et argent.
Une conjonction de coordination (ici « et ») ne peut relier que des mots de même nature et de même fonction : les deux mots sont ici des noms (argent ne peut être autre chose).
merci beaucoup !!
Tara, je suis désolé, mais je me permets de vous dire que vous raisonnez à l’envers : plutôt que de partir de la nature des mots hors contexte, interrogez-vous sur la fonction qu’ils ont en contexte.
Vous êtes bien d’accord que dans le cas présent bleu et argent sont en fonction d’épithète ?
Bleu est un adjectif variable en genre et en nombre, par conséquent il s’accordera le cas échéant avec le qualifié ; argent est un substantif en fonction adjectivale. Cette capacité d’endosser une fonction atypique conduit certains lexicographes à considérer que ces substantifs changent de classe pour devenir des adjectifs atypiques dans la mesure où ils ne s’accordent pas ou de façon incomplète (en nombre et non en genre). C’est précisément ce que fait Robert :
(Le Tlfi quant à lui ne va pas jusqu’au changement de classe, mais évoque l’emploi adjectival : )
Et pourtant Marcel1, il faut écrire des pies noir et blanc.
Certes, mais quel est le rapport avec le fait que noir et blanc sont des adjectifs et non des substantifs ?
Tara justifie le non accord dans le cas présent par le fait que bleu et argent seraient non des adjectifs, mais des substantifs et non parce que ce sont des adjectifs de couleurs coordonnés signifiant la « bicolorité » du qualifié.
[Si vous (re)lisez ma réponse, vous verrez que j’ai évoqué cette règle sur l’accord des adjectifs de couleur coordonnés – et le fait que l’usage semble plutôt s’en affranchir (avec vache noir et blanc + robe bleu et vert), que j’ai d’ailleurs appliqué cette règle, puisque j’ai donné comme accord des tons à dominante bleu et argent, à condition d’accepter qu’un ton puisse être bicolore, ce qui me parait douteux . Par conséquent je sais qu’il faut en toute rigueur écrire des pies noir et blanc.]
Il y a que je trouve cette appellation « adjectif de couleur » peu pertinente. Qu’il soit ou non de couleur un adjectif est un adjectif et en tant que tel il s’accorde avec le nom.
(Citez-moi un adjectif (et je ne parle pas de ceux qui désignent la couleur) qui ne s’accorde pas.)
D’autre part une conjonction de coordination relie des éléments de même nature et de même fonction.
Comme « argent » ne peut pas être adjectif (j’espère qu’on est d’accord sur ce point), et qu’il est un nom, on voit bien qu’il n’y a plus qu’une solution : « bleu » est un nom.
Ce qui nous amène à écrire : Des tons à dominante bleu et argent
On le voit très bien si on inverse les deux termes : des tons à dominante argent et bleu
Cela me semble un raisonnement logique.
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Remarque : écrire : des tons à dominante bleue et argent ne me paraît pas cependant un bien grand crime.
Vous dites : « (Citez-moi un adjectif (et je ne parle pas de ceux qui désignent la couleur) qui ne s’accorde pas.) »
Il se trouve que les adjectifs de couleur issus de noms ne sont pas les seuls à déroger au fonctionnement normal de l’adjectif qui lui fait prendre le genre et le nombre de son support (rococo invariable en genre et en nombre ; snob, invariable en nombre ; feu invariable en genre et en nombre quand il précède le déterminant, entre autres), mais quand bien même ce serait le cas, ça n’empêcherait pas qu’un type particulier d’adjectifs puisse faire exception à la règle.
Vous dites : « D’autre part une conjonction de coordination relie des éléments de même nature et de même fonction. »
En fait, c’est plutôt : la conjonction de coordination relie des éléments de même fonction, qui sont généralement de même nature.
Lui et sa mère, je les aime bien : un pronom + un substantif.
Luc et sa mère, je les aime bien : un nom propre + un nom commun.
Luc a une mère adorable et qui en plus est très sexy* : un adjectif + une proposition relative.
Vous dites : « Comme « argent » ne peut pas être adjectif (j’espère qu’on est d’accord sur ce point), et qu’il est un nom, on voit bien qu’il n’y a plus qu’une solution : « bleu » est un nom. »
La partie de votre propos soulignée par mes soins me laisse penser que vous n’avez pas lu (ou alors très distraitement) mon précédent commentaire, sinon vous sauriez que nous ne sommes pas d’accord sur ce point, c’est même le cœur même de mon désaccord ! 😀 Le Robert non plus n’est pas d’accord avec vous, itou le Tlfi, même si c’est de façon moins explicite que le Robert.
Vous dites : « Ce qui nous amène à écrire : Des tons à dominante bleu et argent
On le voit très bien si on inverse les deux termes : des tons à dominante argent et bleu »
On voit peut-être très bien, mais moi je ne vois pas du tout en quoi inverser l’ordre des coordonnés changerait la donne.
Admettons que l’on puisse coordonner un adjectif de couleur avec chatoyant (ce qui n’est pas impossible, mais pas hyper courant) : Des tissus aux couleurs vertes et chatoyantes. Remplaçons vertes par argent, diriez-vous : Des tissus aux couleurs argent et chatoyant / aux couleurs chatoyant et argent ?
Vous dites « Cela me semble un raisonnement logique. »
Bon ce n’est pas utile que je vous précise qu’il ne me le semble pas, logique, ce raisonnement ! 😉
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Vous dites » Remarque : écrire : des tons à dominante bleue et argent ne me paraît pas cependant un bien grand crime. »
Là, on est bien d’accord ! Aucune tête ne sera tranchée pour un quelconque crime de lèse-langue.
* invariable en genre et en nombre de façon traditionnelle, en genre de façon rectifiée.
Bonjour,
Ou bien vous considérez que les deux couleurs forment un tout indissociable et donc un syntagme invariable : « des tons à dominante bleu et argent« .
Ou bien vous considérez qu’il y a deux couleurs dominantes, donc deux dominantes : « des tons à dominantes bleue et argent« .
Il me semble que chaque ton* ne peut être à la fois bleu et argent, donc on est en présence de plusieurs tons dont certains sont à dominante bleue et d’autre à dominante argent, auquel cas :
Des tons à dominante bleue et argent (peut-être même : à dominantes bleues et argent).
S’il est possible que chaque ton soit à la fois bleu et argent, alors : Des tons à dominante bleu et argent.
(Rappel de la règle sur les adjectifs de couleur coordonnés, par exemple dans le Robert. L’usage semble ne pas trop respecter la règle : voir ce ngram – il faudrait bien évidemment faire plus que deux tests pour conclure.)
* 7. Couleur considérée du point de vue de son degré de saturation et de son degré de clarté. (Dans leurs rapports entre eux, les tons déterminent des valeurs.) (Larousse)
[Par rapport à la réponse de Tara : bleu est dans le cas présent un adjectif variable en genre et en nombre en fonction d’épithète, il n’y a donc aucune raison de ne pas l’accorder a priori ; argent est également un adjectif (ou un substantif en fonction d’adjectif), mais il est invariable.]
Bonjour,
Pour ma part deux possibilités :
Des tons aux dominantes bleues et argent ( dans chacun de ces tons on trouve soit une dominante bleue, soit une dominante argent)
Des tons à la dominante bleu et argent (Invariable puisque chaque ton à un dominante faite de bleu et d’argent), bien que le mot dominante s’accorde mal d’un mélange de deux couleurs distinctes (?).