Accord de c’était
Bonsoir,
On m’a compté une faute dans une dictée (adaptée d’un texte de Lamartine) parce que j’avais écrit :
« Partout, c’étaient le vide et la tristesse. »
J’ai pensé que « le vide et la tristesse » c’était le sujet réel et que je devais mettre au pluriel. Qu’en pensez-vous ?
Merci de votre réponse.
Auriez-vous écrit : partout ce sont le vide et la tristesse ?
Partout, c’est le vide et la tristesse :
« C’est » introduit une définition du terme qui précède. Le « ce » reprend donc « partout » et non ce qui suit « vide et la tristesse »
Le cas est différent de :
Partout, ce sont le vide et la tristesse qui dominent où la formule d’insistance « c’est … qui » encadre et se rapporte à « le vide et la tristesse »
@ Tara, j’ai bien compris votre argumentation. Toutefois, de grands spécialistes de la langue vont dans le même sens (le singulier domine, sans exclure le pluriel donc) :
C. Narjoux, op. cit.
Grevisse, Goosse
Littré.
Etc.
Voyez, par ex., le Bon usage actuel (n° 933 :Pronom neutre ce suje) :
« Le singulier est particulièrement fréquent dans certains cas.
[…]
. Lorsque l’attribut est formé de plusieurs noms coordonnés dont le premier au moins est un singulier : C’est la gloire et les plaisirs qu’il a en vue (ce , 2°). – , art. Ce n’est pas la misère, la maladie, la guerre, le travail excessif, qui m’affligent (Claire, p. 231). […] ,
Mais le pluriel n’a rien d’étonnant. »
@ Buena , oui le pluriel aurait dû être toléré (cf. ma réponse qui cite le Grevisse de l’étudiant, destiné notamment à ceux qui préparent l’agrégation de lettres + la présente réponse).
@ Joëlle L’ex. du « Thomas », que vous citez dans le sujet semblable n’est pas probant. En effet, Thomas ne s’est pas trompé, mais son ex. intervient dans un autre contexte (indicatif ou subjonctif), circonstance qui, au cas présent, lui ôte tout caractère probant. Je vais compléter l’autre sujet semblable, sur ce point, si je peux.
Buena, on vous a compté une faute parce que vraisemblablement on a estimé que les deux sujets étaient en gradation (ascendante ou descendante) ou devaient être pris globalement ou successivement. Je ne vois que cela.
Sujets en gradation descendante : Crainte, souci, même le plus léger émoi s’évaporait (Gide).
Sujets pris globalement ou successivement : Un aller et retour a été acheté...
Que me fait le coteau, le toit, la vigne aride ? (Lamartine).
Tantôt viendra le froid, et la pluie, et la nuit (Briet).
Vous voyez que ces exceptions à la règle générale d’accord du verbe ayant plusieurs sujets jouent largement.
En quelle classe êtes-vous ? Vous a-t-on enseigné ou donné à réviser les règles particulières ci-dessus ?
Bon courage ! 🙂
Bien que je ne sois pas d’accord avec votre analyse, Prince, ce n’est pas moi qui vous ai enlevé un point. 🙁
Buena, j’ai besoin de la réponse à mes questions afin de confirmer, le cas échéant, la mienne.
Pour Prince :
Je ne suis pas enseigné ni enseignant (enfin si, mais retraité) donc je n’ai rien révisé du tout. J’ai participé à une dictée à l’encre et à la plume, et j’ai au dernier moment (juste avant de rendre ma copie) eu un doute et corrigé c’était en c’étaient. J’aurais volontiers écrit « Partout ce sont le vide et la tristesse » pour répondre à une autre question posée.
On m’a compté une faute, mais je n’ai pas eu l’occasion de défendre mon point de vue. C’est pour ça que je me suis adressé à vous. Et je vous remercie de vos réponses qui a priori me confirment qu’en tout cas mon « c’étaient » aurait pu être toléré, non ?
Bonsoir Buena,
je vous rappelle tout d’abord que la règle selon laquelle le verbe qui a, comme ici, plusieurs sujets coordonnés se met au pluriel admet des exceptions, dont certaines me paraissent applicables à « votre » phrase. J’ajoute que la présence d’un présentatif ne fait pas échec à l’applicabilité de ces exceptions au cas d’espèce.
Le Grevisse de l’étudiant. CAPES et agrégation lettres (que j’ai déjà invoqué plusieurs fois ici), 2018, p. 569 indique :
« e Pronom ce sujet
1° […]
2° Cependant, le verbe être se se met au singulier
– […]
– […]
– souvent, lorsque le complément du présentatif est formé de plusieurs noms coordonnés dont le premier au moins est au singulier
C’est la gloire et les plaisirs qu’il a en vue. (Littré). »
En gras dans le texte.
Voilà, pour moi, le cas est réglé, ==> Partout, c’était le vide et la tristesse. (Le pluriel se trouve toutefois.)
Bonne soirée.
Il me semble que dans la phrase « c’est / ce sont le vide et le silence », nous avons un présentatif classique qui mérite d’être accordé à ce qui est présenté. Donc je le mettrais au pluriel.
Partout est un complément circonstanciel de lieu, il n’intervient pas selon moi dans l’accord.
Je pense qu’on peut avoir des analyses différentes.
Partout, c’est le vide et la tristesse
Partout il y a le vide et la tristesse
« C’est » est l’équivalent de » il y a »
Je peux donc considérer ce « c’est » comme une locution verbale impersonnelle
Et d’ailleurs, cette invariabilité se vérifie :
Coucou, c’est nous!
(D’ailleurs « ce sommes nous » est toujours impossible; et la mise au pluriel 3ème personne serait-elle finalement toujours discutable ? Bien que évidemment préconisée dans bien des cas. Et la tendance à choisir le singulier, loin d’être une maladresse ou une familiarité, suivrait-elle une certaine logique?)