Accord changer
Cette phrase de Georges Feydeau est-elle bien orthographiée ? Comment l’analyser ?
« Ça m’a changée de mon mari. »
Nous vous avons déjà répondu lors d’un récent post.
Il est possible que les auteurs fassent des erreurs, à supposer que vous disposiez de l’édition originale de l’écrit que vous citez.
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La personne qui écrit ne peut pas être changée…
Merci joelle. Vous m’avez déjà répondu à une question similaire, et je connais donc déjà votre avis.
Deux interprétations possibles de cette formulation familière :
1°) /changer/ prend le sens de /distraire/ et /m’/ est cod : « Ça m’a distraite de mon mari. » > « Ça m’a changée de mon mari. »
2°) le complément d’objet direct réel (les idées, les habitudes) est sous-entendu (voir TLFi I.A.2.b ) ou tronqué et /m’/ est coi : « Ça a changé à moi [l’habitude] de mon mari. » > « Ça m’a changé de mon mari. »
Merci Bruno974,
Penser à « distraite » comme équivalent de « changée » permet effectivement de voir un COD. Je vais essayer de retenir cette explication qui a l’avantage de la cohérence.
L’hypothèse d’un COI reviendrait à dire qu’il faut écrire « un festin qui leur avait changé de leur menu spartiate » là où Michel Le Bris a écrit « un festin qui les avait changés de leur menu spartiate » (Kong, 2017). Je ne peux pas y croire, tant la formule est courante. On relève dans les journaux : « cette activité, qui les a changés de leur quotidien », « un repas qui les a changés de leur thon à la tomate », « ça les a changés de leur village du Buckinghamshire ». Je n’y remplacerais jamais « les » par « leur ».
Le sens I.A.2.b du TLFi correspond en partie au sens (merci de l’avoir indiqué, je n’avais pas vu ce paragraphe), sauf qu’il ne dit pas par rapport à quoi ça change. De plus, en disant qu’il n’y a pas de COD dans l’exemple « ceci me change », le dictionnaire suggère qu’à la troisième personne on dirait donc « ceci lui change ». S’il y a quelque chose de sous-entendu dans cet exemple, c’est un complément de comparaison et non un COD : « ça me change par rapport à quoi » plutôt que « ça me change quoi ». Je soupçonne une mauvaise analyse de leur part.
Question subsidiaire, à quoi reconnaissez-vous une formulation familière ? C’est au thème ou à la construction ?