accord avec le verbe s’ensuivre / noms et noms propres employés comme adjectifs
Rebonjour,
J’ai à nouveau trois points à vous soumettre.
1) J’ai regardé sur différents forums l’emploi du verbe « s’ensuivre » et « s’en ensuivre ». Les avis sont partagés. J’ai deux questions sur ce point.
a) Est-il impersonnel ou peut-il être utilisé avec un pronom féminin ?
– Il s’est ensuivi des guerres suites à ces différents
– Suite à ces différents, s’en sont ensuivies des guerres
b) Est-il soudé en forme composée ?
– Il s’est ensuivi des conséquences
– Il s’en est suivi des conséquences
2) Noms employés comme adjectifs. Dans la première phrase, j’ai un doute à savoir s’il faut mettre un « s » à « métier ». Qu’en pensez-vous ?
– Des enquêtes métier(s)
– Des stages découverte (des stages de découverte
3) Nom propre employé comme adjectif. Arnold Schwarzenegger a inventé un mouvement en musculation. Faut-il mettre une majuscule dans cette phrase ?
– Faites cet exercice avec des altères en faisant la prise Arnold
Merci de nouveau
Re-bonjour Tony.
1) Excellente question ! Le verbe s’ensuivre est clairement un verbe impersonnel puisqu’il ne s’emploie qu’à l’infinitif et à la troisième personne de tous les temps. Ce qui indiquerait que son participe passé est invariable. En même temps, le site de l’OQLF l’a classé dans les verbes essentiellement pronominaux sans remarque particulière sur le fait que l’accord de son participe passé dérogerait à la règle générale concernant ces verbes…
Il me semble qu’il faut en rester à l’accord du participe passé des verbes impersonnels : le participe passé des verbes impersonnels est invariable.
Concernant vos tournures, toutes « gênent » à l’oreille. Pourtant… Voici la remarque que fait l’article du CNRTL :
Rem. C’est évidemment par souci d’euphonie que l’on hésite à écrire aujourd’hui s’en ensuivre. Curieusement il semble que l’idée de cause soit perçue dans le verbe s’ensuivre si bien que la tournure s’ensuivre de cela est sentie redondante. Toutefois, ,,il ne faudrait pas croire que l’on pût écrire s’en suivre, en deux mots, pour signifier découler de là; car se suivre ne se dit pas en ce sens; c’est suivre, neutre, qui se dit; il suit de là et non il se suit de là« (Littré). Néanmoins, ,,on ne dit plus il s’en est ensuivi, mais plutôt, malgré l’incorrection certaine, il s’en est suivi« (Mart. Comment parle 1927, p. 294, note 1). (C’est moi qui souligne.)
Pour compléter, regardez ce qu’en dit l’Académie française :
« Le verbe S’ensuivre signifie « découler, résulter ». On ne doit pas écrire s’en suivre en trois mots car si le verbe suivre peut s’employer en ce sens, ce n’est pas le cas de la forme pronominale se suivre. En effet, on ne dit pas Il se suit de cette remarque que … mais Il suit de cette remarque que…
On dit |
On ne dit pas |
Il s’ensuivit de grands troubles ou de grands troubles s’ensuivirent Le développement qui s’est ensuivi |
Il s’en suivit de grands troubles ou de grands troubles s’en suivirent Le développement qui s’en est suivi |
La forme s’en ensuivre est correcte et se rencontre chez les meilleurs auteurs. Elle n’est plus guère employée aujourd’hui aux temps simples du fait de la succession des sons « en », mais elle l’est encore aux temps composés dans lesquels, entre les deux sons « en », s’intercale le verbe être : Il a été peiné par les évènements qui s’en sont ensuivis. »
Cela se trouve ici. Du coup :
a)
– Il s’est ensuivi des guerres (…). Pas de problème.
– Suite à ces différends, des guerres s’en sont ensuivi. Ce serait la forme correcte, mais cela ne se dit plus et il faut aujourd’hui : Suite à ces différends, des guerres se sont ensuivi, ou s’ensuivirent. Pourtant, la remarque reproduite par le CNRTL indique que la forme fautive Suite à ces différends , des guerres s’en sont suivies est celle que l’on rencontre le plus…
b) Du coup, la première forme paraît correcte et… la seconde est la plus fréquente mais fautive.
2) Je pense aussi qu’il faut le singulier : des enquêtes faites sur le métier de chacun des sondés ; des stages consacrés à la découverte.
3) S’il y a une règle générale, je ne la connais pas. En physique, un certain nombre d’unités viennent du nom de savants. On parlera de M. André-Marie Ampère, mais d’un courant électrique de 3 ampères. Dans le cas précis de votre exemple, je mettrais une majuscule : on ne dit pas « un arnold », mais « une prise Arnold » et il me semble que cela justifie la majuscule – cela reste un nom propre.
Regardez tout de même l’intéressant article de Wikipedia sur l’antonomase.
Merci de nouveau Jbambaggi. Tous ces éléments sont très intéressants.
Il est vrai que le verbe « s’ensuivre » est un véritable casse-tête. En les regardant, je ne suis pas très convaincu pour « il s’en est suivi des guerres ». Bien que beaucoup l’écrivent de la sorte, cela ne doit pas changer la règle. Le verbe « s’en suivre » n’existe pas. On pourrait à la rigueur écrire :
– Il suit des guerres
– Il se suit des guerres
Car les verbes « suivre » et « se suivre » existent. De plus, dans vos explications, l’Académie précise bien qu’il ne faut jamais séparer « en » du reste. Il vaut mieux se tenir à son raisonnement je pense.
En tout cas, vos éclaircissements m’ont bien été utiles !
Attention, dans la réponse b) je m’étais emmêlé et avais lu » Il s’en est ensuivi des conséquences », ce qui aurait été correct. Mais la forme telle qu’elle est écrite ( » Il s’en est suivi des conséquences ») est, ainsi que je l’ai rectifié, fautive… mais fréquente.
Nous sommes d’accord Jbambaggi
jbambaggi
Pour parler d’un désaccord, on écrit un différend.