Accord
Bonjour,
Dans la vie de Napoléon, de Stendhal, on trouve cette phrase : « Je suis enchaîné dans l’expression de ma pensée, je manque de talent et mon noble adversaire a pour auxiliaire tous les tribunaux de police correctionnelle. ».
Dans cette phrase, on note que le mot « auxiliaire » est au singulier ; Moi, je pencherais pour le mettre au pluriel, car, dans le contexte de la phrase, ce sont tous les tribunaux qui sont les auxiliaires de : « mon noble adversaire ».
Je ne comprends pas très bien ce singulier mis par l’auteur. Que faut-il en penser ?
Je vous remercie par avance des informations que vous pourrez me fournir à ce sujet, ma vie en dépend !
Cordialement.
Bonne question ! Il faut vérifier que les auteurs ont été reproduits fidèlement. En effet, il peut y avoir une faute ou une coquille dans les différentes éditions.
Sinon, le singulier « auxiliaire » peut s’entendre comme une entité unique : tous les tribunaux de police (une conjuration en quelque sorte) constituent l’auxiliaire de …Cela renforce à mon sens la démonstration.
J’entreprends d’écrire l’histoire de ma vie jour par jour. Je ne sais si j’aurai la force de remplir ce projet, déjà commencé à Paris. Voilà une faute de français ; il y en aura beaucoup, parce que je prends pour principe de ne pas me gêner et de n’effacer jamais.
Mais faut-il le prendre au pied de la lettre et surtout, ceci vaut-il pour la Vie de Napoléon ?
Trève de plaisanterie : je pense comme Joëlle que le singulier peut se justifier et même est préférable : ainsi en face de Stendhal il y a son adversaire et le bloc des tribunaux.
Merci pour vos réponses, mais le pluriel serait-il admis, quand même ?
Je pense que le pluriel serait juste bien sûr. Toutefois, il y a une nuance introduite par les auteurs.
Oui, le pluriel serait aussi correct, en effet.
La question se pose parce que « avoir pour » est attributif. Auxiliaire est attribut de tribunaux.
Nous savons que l’attribut ne s’accorde pas en genre quand il représente la fonction, le rôle. Elle est un témoin, il est une victime. La fin est le juge du moyen.
Pour l’accord en nombre, je dirais que c’est également cette notion de rôle qui fait la nécessité du singulier.
Avec un déterminant, c’est assez net.
Mes enfants sont ma (et non mes) raison de vivre.
Les gendarmes sont le bras armé de la loi.
Les gendarmes sont l’auxiliaire de la loi.
Les tribunaux sont l’auxiliaire de la loi.
On peut considérer que chaque gendarme est un auxiliaire, donc le pluriel est possible : les gendarmes sont les auxiliaires de la loi (métonymie permettant de désigner une personne par son rôle), mais pour les tribunaux, cette assimilation de chaque tribunal à un auxiliaire me semble moins évidente.
Donc avec un article, le singulier me semble s’imposer.
En remplaçant « ils sont l’auxiliaire de la loi » par « la loi les a pour auxiliaire », est-ce que ça fait une différence ? Formellement non à mon avis. Mais c’est en fait la construction avec « avoir pour » qui est en jeu. J’ai Pierre et Paul pour amis. J’ai Pierre et Paul pour tout soutien… Il me semble que « avoir pour » peut aussi bien introduire un attribut personnes qu’un attribut fonction. Pour des gendarmes, on choisit de désigner les personnes ou la fonction. Pour des tribunaux, je comprends que la fonction se soit imposée à l’auteur.