Accord
la scène n’a rien des heureuses retrouvailles qu’elle s’était imaginé(és).
J’ai un gros doute, même si je penche pour l’accord ées.
Merci !
Bonjour,
Vous avez une verbe accidentellement pronominal dont le participe passé est invariable s’il est suivi d’un infinitif ou d’un COD :
« Elle s’était imaginé une cabane merveilleuse. »
« Elle s’était imaginé faire un excellent gâteau . »
Le PP s’accorde si le COD est antéposé, ce qui est le cas de votre phrase :
« La scène n’a rien des heureuses retrouvailles qu’elle s’était imaginées »
ou avec le sujet s’il est l’objet imaginé :
« La pie s’était imaginée au sommet de cet arbre gigantesque »
La scène n’a rien des heureuses retrouvailles qu’elle s’était imaginées.
le verbe pronominal « s’imaginer » a un COD : que (qu’) qui reprend « retrouvailles » féminin pluriel.
Ce COD est placé avant : l’accord du PP se fait avec lui. (de la même façon qu’un participe passé accompagné de l’auxiliaire avoir)
Votre phrase ne permet pas, sans connaître l’intention de l’auteur, d’identifier le COD du verbe « imaginer ». Est-ce un nom ou une proposition sans verbe exprimé ?
Vous utilisez dans votre phrase le pronom « que », identique au singulier et au pluriel. Reformulez avec un pronom qui diffère entre sa forme au singulier et sa forme au pluriel, et vous déciderez plus aisément :
— Ces retrouvailles étaient heureuses, comme je l’avais imaginé.
— Ces retrouvailles étaient heureuses, comme je les avais imaginées.
Cette question est très fréquente avec différents verbes, mais il est exact que le verbe « imaginer » s’y prête plus que d’autres. Les deux constructions sont utilisées par divers auteurs, avec des justifications différentes.
Personnellement, dans ce type de phrase, il est exceptionnel que j’envisage que l’auteur souhaite présenter un nom comme COD. Je pense que l’intention consiste à peu près toujours à imaginer une proposition (croire que A fait B) et non une chose (croire A faisant B), et cette interprétation impose selon moi l’invariabilité.
Cependant, dans la mesure où c’est le sujet de la proposition COD qui est pronominalisé et antéposé, alors, bien que ce soit totalement contraire à l’intention initiale des promoteurs de la règle, l’accord le plus courant va vers le sujet de la proposition déconstruite.
— J’ai vu ces dames partir, je les ai vues partir.
— J’ai imaginé ces dames partir, je les ai imaginées partir.
— J’ai cru ces dames heureuses, j’ai cru que ces dames étaient heureuses, je les ai crues heureuses.
— Des retrouvailles que j’aurais préférées heureuses.
Y a-t-il une raison à ce tropisme ? Personnellement je n’en connais pas. Pour moi ce n’est que extension injustifiable d’une règle déjà arbitraire. Comment le sujet d’une proposition COD peut-il être qualifié isolément de COD ?
Souvent, la logique interdit l’accord tandis que l’usage demande l’accord. Alors bon, on fait comme on peut.
La pure logique voudrait que l’on n’accorde jamais avec un COD, quel qu’il soit et où qu’il soit placé dans la phrase.