À peine passé(es ?) les fêtes…
Bonjour, nous savons que certains participes passés placés en début de phrase ou de proposition (comme vu, étant donné, fini, passé, excepté…) y prennent une valeur d’adverbe et à ce titre sont invariables : « Vu les circonstances… « , « Fini la rigolade ! », etc. Mais qu’en est-il si ce participe passé est lui-même précédé d’un adverbe ? Par exemple dans la phrase « À peine passé les fêtes, il se remit à étudier », faut-il bien laisser « passé » au masculin singulier (comme dans « Passé les fêtes… » ou la présence de « À peine » lui fait-il perdre le statut d’adverbe et doit-on (ou peut-on) alors écrire « À peine passées les fêtes… » (comme une simple inversion de « Les fêtes à peine passées ») ? Merci de vos avis éclairés et à bientôt…
Le fait que « passé » soit précédé d’une locution adverbiale ne change rien :
À peine passées les fêtes, il se remit à étudier : il me semble que dans cette phrase, l’ellipse est « sont » : à peine les fêtes sont-elles passées.
Penser que ce serait le sujet « il » qui a passé les fêtes est sémantiquement faux. Ce sont les fêtes qui sont passées, elles le sont pour tout le monde, et non pour lui qui a passé les fêtes quelque part ou entre amis.
Bonjour,
Certains adverbes ou locutions adverbiales tels que Aussitôt, À peine… permettent de commencer une phrase par une proposition participiale et d’inverser la position du sujet, ainsi : « Aussitôt dites ces paroles, elles [les nymphes] disparurent avec la nuit… – Longus (Daphnis et Chloé, traduit par P.-L. Courier) » De nombreux participes peuvent être envisagés, bien plus largement que ceux pouvant avoir une fonction prépositionnelle.
Je pense que c’est uniquement cette inversion (facultative) dont il faut tenir compte et le participe passé s’accorde alors avec le sujet apparent : À peine passées les fêtes, il se remit à étudier = À peine les fêtes passées, il se remit à étudier = À peine les fêtes [ayant été] passées [par lui], il se remit à étudier . Le verbe est d’ailleurs pris dans sons sens plein (il a passé les fêtes).
On remarquera que les participes prépositionnels toujours invariables comme vu et excepté n’admettent jamais d’adverbe préalable et ne peuvent être inversés. On ne dira pas *Les circonstances vues ou *À peine vu les circonstances, le verbe voir a d’ailleurs perdu sons sens plein dans ce genre de formulation.
Avec le verbe passer, l’interprétation d’un sens plein reste possible « Passée la mauvaise saison », c’est bien la mauvaise saison qui a été passée (au sens de vécue) alors que dans l’expression « Passé les délais », passé n’est qu’un synonyme de au-delà sinon le verbe serait plutôt dépasser (Il dépasse les délais).
Il y a tout de même beaucoup d’affirmations erronées, si je puis me permettre.
Je crois que vous torturez trop ce pauvre passer : À peine passé(es) les fêtes / À peine les fêtes passées ≠ À peine les fêtes [ayant été] passées [par lui], mais = À peine les fêtes finies/terminées.
Et il n’est pas question de sens plein ou non, passer dans passer les fêtes (v.t. Utiliser (le temps) dans telles conditions, de telle manière) n’a simplement pas le même sens que dans les fêtes passées (v.i. = prendre fin, s’achever). Ce verbe a de nombreuses autres acceptions, dont passer = dépasser (On avait largement passé l’heure du couvre-feu).
Le fait que vu et excepté n’admettent pas d’adverbe contrairement à passé (= après), n’est pas dû à leur invariabilité, mais au fait qu’il est exceptionnel qu’une préposition soit modalisable par un adverbe :
Tout de suite / bien / juste + après les fêtes.
Mais avec vu = eu égard à et excepté = hormis,
tout de suite / bien / juste + hormis / eu égard à
Il est tout à fait possible de dire les circonstances vues, c’est juste que cette tournure est clairement nettement moins usitée que l’alternative vu les circonstances.
Cela dit, je vous rejoins sur l’inversion du sujet que permet ces adverbes (ou ces locutions adverbiales) mais avec tout de même un bémol : lorsque après est substituable à passé, il n’y a pas de raison de rejeter l’invariabilité (même si la variabilité reste possible), lorsqu’aucune préposition « vraie » n’est substituable au participe, il faut rejeter l’invariabilité et systématiquement accorder, car alors le participe n’a clairement pas de valeur prépositionnelle. Donc :
À peine passé*/passées les fêtes = *À peine après les fêtes, mais
À peine préparé**/préparées les fêtes, **parce que préparé n’a pas d’emploi prépositionnel.
(Ces participes n’ont pas la valeur d’un adverbe, mais d’une préposition.)
On voit que si on substitue à passé une préposition synonyme – après – il est tout à fait possible de joindre à cette dernière la locution à peine : À peine après les fêtes, il se remit à étudier, donc À peine passé les fêtes (il est cependant possible d’accorder le participe antéposé, même si cette forme est plus rare que le non-accord).
Merci de vos réponses. En fait, il semble que les « participes passés prépositionnels » cités plus haut ne soient pas tous logés à la même enseigne. Si le dictionnaire de l’Académie spécifie bien que lorsqu’ils sont employés comme préposition (placés avant le nom), vu et excepté sont invariables, il note que dans cet utilisation, passé est « le plus souvent » laissé invariable mais cite quand même les deux exemples « Passée la mauvaise saison » et « Passé les délais ». Les deux orthographes (À peine passé les fêtes et À peine passées les fêtes) sont donc possibles, aucune des deux ne devrait pouvoir être considérée comme fautive.