RE: Est-ce que « c’est faute à » est fautif comme l’est « c’est la faute à » ?
Je suis désolé de revenir là-dessus… Tara m’a récemment déjà répondu à ce sujet, et je ne voudrais vexer personne. Surtout pas elle, qui m’a souvent aidé et est visiblement extrêmement compétente.
Il m’est tout à fait clair que « c’est la faute à » est une formulation fautive, et qu’il faut absolument lui préférer « c’est la faute de ».
Toutefois, je me demande si « c’est faute à » est tout aussi fautif ou, au contraire, peut être correct. Exemple : « C’est faute à la guerre, si nous sommes affamés ! »
Ce qui me trouble, c’est que je trouve de nombreux exemples d’ouvrages publiés qui comportent cette formulation, « c’est faute à », ou bien « faute à », sans le « la » devant « faute ».
Pourriez-vous m’aider à trancher une fois pour toutes ? Est-ce que « c’est faute à » est fautif comme l’est « c’est la faute à » ?
C’est faute à : est fautif
L’Académie répond :
L’expression « C’est la faute à… » relève du parler populaire ou du langage enfantin. Elle doit son succès à la fameuse chanson que Gavroche chante dans Les Misérables (V, 1, XV) avant d’être abattu (« Je suis tombé par terre, / C’est la faute à Voltaire, / Le nez dans le ruisseau, / C’est la faute à… »).
Notez que Victor Hugo s’inspirait de chansons réelles, composées par le Genevois Jean-François Chaponnière (1769-1856) et le chansonnier François Béranger (1780-1857).
Depuis, l’expression a fait florès, dans la littérature – je recense, parmi les publications cataloguées par la Bibliothèque nationale ces deux dernières années, La Faute à pas de chance (Lee Child, 2010), La Faute à Napoléon (Val Beauchamp, 2010), La Faute à Mallarmé (Vincent Kaufmann, 2011) – comme au cinéma – de C’est la faute à Zidore (1909) et C’est la faute à Rosalie (Romeo Bosetti, 1912) à La Faute à Fidel (Julie Gavras, 2006), en passant par La Faute à Voltaire (Abdellatif Kechiche, qui cite fidèlement l’expression hugolienne, 2000).
Il n’en reste pas moins que l’Académie déconseille cette expression, en dehors des tournures où « à » renforce un possessif (« Ce n’est pas leur faute, à ces enfants ») et de l’expression interrogative « À qui la faute ? », où il y a ellipse du verbe « revenir » (« À qui revient la faute ? »).
Idem pour la forme «c’est de la faute de», indique le Trésor de la langue française. Pour être correct, il est donc préférable d’écrire «La faute en est à Pierre» ou «C’est la faute de Pierre».
Voyez, ici à la suite, quelques uns des nombreux cas où la tournure « c’est faute à » est employée dans des ouvrages qui m’ont l’air d’être tout ce qu’il y a de plus sérieux (liens + captures d’écran) :
https://books.google.co.in/books?id=mPdTAAAAcAAJ&pg=PA352-IA2&dq=%22c%27est+faute+%C3%A0%22&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwix3KS0r439AhWW6XMBHfEUBh04HhDoAXoECAIQAg#v=onepage&q=%22c’est%20faute%20%C3%A0%22&f=false