RE: COD OU ADJECTIF ?
Bonjour,
J’ai un gros doute sur la nature d’un mot.
Dans la phrase: « Elle parle français ».
Français a t-il une nature de nom ( et fonction cod ) ou est-ce un adjectif ?
Merci pour votre aide !
La notion de nature d’un mot n’a pas grand intérêt en syntaxe, et vous auriez tort d’établir une correspondance formelle entre par exemple la nature de nom et la fonction de COD, ou entre la nature d’adjectif et la fonction d’épithète.
Dans les phrases « je lui parle fort, je lui parle lentement, je lui parle français », on a des façons de parler, et le complément est dans tous ces cas adverbial.
Alors, que fort soit un adjectif, que lentement soit un adverbe, ou que français soit un nom… qu’importe ? C’est l’emploi (emploi nominal, emploi adjectival, emploi adverbial…) qui compte. Peut-être lirez-vous quelque part que fort est un adjectif qui peut s’utiliser adverbialement, mais il n’y aurait pas vraiment d’inconvénient syntaxique à considérer l’inverse.
Pour « je lui parle français », on pourrait tout autant dire qu’on a un adjectif utilisé adverbialement qu’un nom utilisé adverbialement, puisque l’adjectif et le nom sont le même mot. Un mot n’est pas toujours « en soi » nom ou adjectif ; le mot « aîné » est le même mot dans « l’aîné » et « le fils aîné », il ne mérite pas deux entrées différentes dans un dictionnaire selon son utilisation.
S’agissant d’une langue, en principe, en fonction d’épithète on considère qu’on a un adjectif, et avec un article on considère qu’on a un nom, mais sans article et en fonction adverbiale, la question a peu de sens (cet adverbe est-il un nom ou un adjectif ?).
Pour ce qui est de la fonction, comme complément du verbe « parler » non transitif direct, on a donc forcément un complément adverbial et non un COD.
Quand « parler » prend un sens transitif, utilisé par exemple pour dire « connaître » ou « pratiquer » (mais non « converser »), il peut être syntaxiquement préférable d’utiliser un déterminant, et alors ce complément peut être qualifié clairement de nom, et être analysé comme un complément d’objet direct (ou complément d’objet interne pour certains grammairiens, comme dans vivre sa vie). On le reconnaît au fait qu’on peut le pronominaliser (elle parle le français –> elle le parle) ou le mettre en fonction de sujet (on parle le français en Autriche –> le français est parlé en Autriche).