Un panel de / une France (dite) napoléonienne
Bonjour,
J’ai de nouveau quelques points à soumettre.
A. Est-il correct d’employer « un panel de » dans le sens de « un ensemble de » ?
– Ma formation propose un panel de cours qui touchent au domaine de l’entreprise
B. Pouvez-vous me dire à quoi sert le participe passé « dite » dans la seconde phrase. Fait-il plus soutenu que dans la première ou sert juste-t-il de renforcement ?
– Comment est-ce possible dans une France napoléonienne
– Comment est-ce possible dans une France dite napoléonienne
C. Quelle est la meilleure tournure selon vous ?
– Les États-Unis n’ont jamais été aussi riches dans toute leur histoire
– Les États-Unis n’ont jamais été aussi riches de toute leur histoire
Merci pour vos réponses
Bonjour Tony !
A. Non, ce n’est pas correct. En effet, panel (que le Grand Robert considère déjà comme un anglicisme) n’a pas le sens de « un ensemble de » ; il peut y avoir l’idée de « un ensemble de personnes » dans panel, mais les sens de ce mot sont beaucoup plus précis.
« 1 Psychol.soc. Échantillon* expérimental sur lequel se fait une enquête d’opinion.Un panel de consommateurs, de téléspectateurs, d’entreprises.Personne faisant partie d’un panel (➙ Panélisé).
2 (1963).Groupe de spécialistes animant une discussion devant un auditoire.— (1970,inP. Gilbert).Réunion, débat devant un public.➙ Table ronde.
2017 Dictionnaires Le Robert – Le Grand Robert de la langue française »
B. Je ne dirais pas que dite est soutenu ou qu’il sert de renforcement.
Pour déterminer de façon précise et certaine le sens de dite dans votre phrase, il faudrait plus de contexte. Il semble possible toutefois d’indiquer qu’ici ce mot signifie « quel’on dit être », « que l’on prétend ».
Voici les sens de dit selon la Banque de dépannage linguistique (qui est plus complète à ce sujet que bien des dictionnaires) :
« En français, l’adjectif dit peut prendre différents sens selon le contexte. Tout d’abord, il peut signifier « qui a été convenu, fixé », en parlant principalement d’un moment; il peut également signifier « que l’on dit être, que l’on prétend »; il peut enfin avoir le sens de « que l’on surnomme, que l’on appelle communément », en parlant d’une personne, d’un lieu ou d’une chose.
Certains spécialistes de la ponctuation guillemettent le mot qui suit dit (dite, etc.) ==> La France dite « napoléonienne ».
C. Je supprimerais de/dans toute leur histoire. En effet, puisque l’on dit que les Etats-Unis n’ont jamais été aussi riches, il est superflu d’ajouter cette précision (qui n’en est donc pas une).
Bon après-midi !
Bonjour Prince,
Je vous remercie pour votre réponse détaillée et enrichissante ! 🙂
Quant au point A, vous avez raison « panel » est bien un anglicisme et il n’a pas le sens de « un ensemble de ». Je me suis laissé emporter par la tendance actuelle. Vos références sont excellentes.
Quant au point B, impeccable également ! Vos réponses rejoignent celles de Christian.
Quant au point C, vous avez raison également, la précision que j’ajoute ne sert pas à grand-chose et peut, peut-être, rendre la phrase plus lourde. J’en prends note
Bonne journée !
Bonjour Tony,
A. Le mot panel est généralement considéré comme un anglicisme, mais surtout il est employé dans un sens précis (échantillon de population ou groupe de spécialistes débattant d’une question) qui n’est pas celui que vous lui donnez. Il vaut mieux ici parler d’un « ensemble de cours », d’une « série de cours » ou de « tout un éventail de cours ».
B. L’emploi de dit(e) ne rend pas le style plus soutenu, mais ce n’est pas non plus un renforcement, au contraire, cela affaiblit plutôt le sens de l’adjectif qui le suit (cette tournure est souvent employée pour exprimer que l’auteur de la phrase n’est pas forcément d’accord avec le qualificatif, ou du moins qu’il ne reflète pas sa propre opinion).
C. La seconde formulation me semble effectivement plus soutenue, ou du moins d’un meilleur style que la première (mais les deux ont bien exactement le même sens).
Bonjour Christian ! 🙂
Merci aussi pour votre réponse.
Vos propositions rejoignent celles de Prince.
Quant au point A, j’ai bien compris qu’il s’agissait d’un anglicisme à présent, je ne ferai plus l’erreur. Je vais utiliser vos propositions.
Quant aux autres points, je partage également votre avis. J’en prends note,
Bonjour,
C─ Aucune des deux phrases proposées n’est correcte.
Sachez faire la distinction entre entre aussi, comparatif d’égalité, et si, adverbe d’intensité.
Pierre est aussi grand que Paul.
Le ciel et si bas qu’il semble toucher la terre.
Si mince qu’il puisse être un cheveu fait de l’ombre (Littré). En ce sens si ne peut être remplacé par aussi. On ne doit donc pas écrire : « Aussi mince qu’il puisse être…».
Cette confusion se répand malheureusement.
Il faut donc écrire :
Les États-Unis n’ont jamais été si riches.
Phrases incorrectes, dites-vous ? 😮 Les dictionnaires usuels mentionnent pourtant cette acception de aussi (ex. Petit Larousse ed. 2019 : 3. Marque l’intensité : je ne savais pas que c’était aussi difficile). Ci-dessous un extrait du CNRTL avec des citations d’auteurs chez lesquels cette « malheureuse confusion » semble finalement assez répandue :
AUSSI1, adv.
B.L’idée de comparaison restant quelquefois implicite, le mot signifie l’idée d’une intensité (qui produit gén. tel ou tel effet). À ce point.
2. Le plus souvent, seule l’idée d’intensité est explicitée, celle de comparaison étant sous-entendue.
Aussi suivi d’adj. (la prop. étant affirmative ou négative) :
13. […] de l’homme qui avait enfanté une aussi criminelle extravagance. BAUDELAIRE, Paradis artificiels, 1860, p. 329.
14. Je n’ai jamais vu l’autorité paternelle aussi moquée, aussi souffletée. […] E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1860, p. 731.
15. Pourtant la brume était aussi épaisse, et là, encore, pouvaient se trouver des morutiers […]
PEISSON, Parti de Liverpool, 1932, p. 158.
Bonjour Czardas,
Merci également pour votre réponse 🙂
Quant au point C, je ne partage pas votre avis .. Ces tournures sont souvent employées et sont tout à fait référencées dans l’usage actuel, notamment dans les exemples venant de dictionnaires que Christian vient de citer.