Dans cette phrase le feu de l’armée nationale est-elle criminel ?
Les civils sont piégés entre le feu criminel des rebelles et celui de l’armée nationale.
Bonjour,
La phrase est irréprochable.
Pourquoi en doutiez-vous ?
Je souhaite comprendre le sens. L’adjectif « criminel » qui qualifie le feu, s’applique t’il aussi à l’armée? ou uniquement aux rebelles?
Bonsoir Romypitt,
Le feu est uniquement celui des rebelles, pas du tout celui de l’armée nationale.
Au début de la phrase, l’adjectif ‘criminel’ s’applique au feu des rebelles. La question est : dans la suite de la phrase, est-ce que le mot ‘celui’ reprend ‘le feu’ ou ‘le feu criminel’ ? Parfois, ‘celui’ reprend juste le nom, et parfois, il emporte l’adjectif avec.
« Je me suis fié au bon goût de Pierre, et à celui de Paul ». Ici, ‘celui’ = ‘le bon goût’, c’est obligatoire, parce que ‘bon goût’ fonctionne comme un tout.
« Je me suis fié au goût sûr de Pierre, et à celui de Paul ». Il me semble que les deux ont un goût sûr, mais ce n’est pas évident, puisque on peut dire ‘au goût sûr de Pierre et à celui, plus incertain, de Paul’.
« J’ai subi les propos malveillants de Pierre, et maintenant ceux de Paul ». Ici, le verbe ‘subir’ indique que l’adjectif ‘malveillant’ est contenu dans ‘ceux’, pour une raison de sens.
« J’ai utilisé le crayon rouge de Pierre et celui de Paul ». L’adjectif est très lié au nom, parce que ce n’est pas sa couleur qui compte, mais sa manière d’écrire, donc les deux sont des ‘crayons-rouges’.
« J’ai utilisé le beau crayon de Pierre et celui de Paul ». Là par contre, ‘beau’ me semble s’appliquer au crayon de Pierre, sans préjuger de l’esthétique de celui de Paul.
« J’ai affronté le feu nourri des Allemands, puis celui des Anglais ». Pour moi, ‘feu nourri’ est une expression, et ‘celui’ reprend l’ensemble, adjectif compris.
« J’ai marché entre le feu criminel des rebelles et celui de l’armée. » Je dissocierais bien, mais on peut estimer que c’est ambigu, je comprends bien votre question.
Pour dissocier clairement, on peut utiliser des virgules, ou un deuxième adjectif.
— Entre le feu, criminel, des rebelles et celui de l’armée. Le pronom ‘celui’ ne peut pas emporter la virgule.
— Entre le feu criminel des rebelles et celui inoffensif de l’armée. C’est clair, mais ce n’est clair que parce que c’est absurde : si le mot ‘criminel’ signifie bien ‘qui tue’, c’est difficile de ne l’appliquer qu’à la moitié des tirs.
Pour associer clairement, mettre au pluriel.
— Entre les feux criminels des rebelles et de l’armée.
En conclusion, je ne sais pas, j’ai juste donné des pistes.
David, vous multipliez les exemples, c’est bien.
Mais pour donner d’autres exemples de phrases, vous êtes obligé de changer les mots des phrases, et cela ne peut ne pas influer sur le sens des phrases, même si elles sont structurellement identiques.
Et c’est ce qui vous arrive justement chaque fois que vous changez d’exemple.
Vous faites en quelque sorte des raisonnements analogiques dont tout le monde sait qu’ils ne sont pas fiables.
à Brad
Effectivement, c’est bien observé, pour faire de nouvelles phrases, il faut changer les mots. Selon les mots qu’on met dans la phrase, on obtient des sens différents, c’est un tour de main à prendre. Il faut d’abord s’entraîner avec des phrases courtes, et ensuite, on peut dire plein de choses.
En multipliant les exemples et les contextes, on montre qu’il y a plusieurs critères à prendre en compte pour savoir si le pronom ‘celui’ reprend le nom seul, ou le syntagme nom + adjectif. On découvre que si l’adjectif et le nom forment une locution, ils restent associés dans le pronom. Que si l’adjectif change le sens du nom, ils restent associés dans le pronom. Que si l’adjectif est nécessaire au verbe, ou au sens général de la phrase, il ne nécessite pas d’être répété pour que son sens soit inclus dans le pronom. Si le pronom reçoit un adjectif, l’adjectif du nom repris par le pronom n’y est pas inclus.
La grammaire consiste à dégager des règles communes à différentes phrases, pour pouvoir appliquer ces même constructions dans d’autres cadres. C’est le contraire du cas par cas.
Je comprends très bien cette démarche, David, et vous faites de fines analyses.
Ce que je ne comprends pas, par contre, ce que je ne comprendrai jamais, c’est votre conclusion : En conclusion, je ne sais pas, j’ai juste donné des pistes.
Là, je tombe des nues comme on dit. Si vous avez des doutes sur une phrase aussi simple, et elle est très simple, alors que lisez-vous et de quoi ne doutez-vous pas ? Quand je vois de grands champions disserter doctement sur des phrases bancales sans se rendre compte qu’elles sont fausses, qu’elles sentent le faux à mille lieues, même pour un sourd-muet du nez, je me demande si trop de grammaire ne rend pas illettré 🙂
Et ne me dites pas qu’ils dissertent sur des subtilités qui m’échappent, ça ne marcherais pas 🙂