Maître-savonnier ou maître savonnier
Bonjour,
il s’agit de décrire la fonction d’un artisan.
Dois-je écrire avec ou sans tirets maître-savonnier ?
Merci de me répondre.
Merci beaucoup pour cette réponse ultra rapide !
Il n’y a pas vraiment de règle concernant les composés de « maitre » lorsque celui-ci désigne une personne. Les objets s’écrivent, eux, systématiquement avec un trait d’union : maitre-autel, maitre-à-danser (un compas !), maitre-couple, etc.
Pour les personnes, la dominante des dictionnaires de référence est l’absence de trait d’union et seuls quelques termes en bénéficient :
– Larousse : maitre-chien, maitre-nageur, maitre-penseur ;
– Le Robert : uniquement maitre-chien ;
– CNRTL : maitre-chanteur, maitre-fournier (vieux).
En fait, il s’agit d’une simple juxtaposition de deux noms, modulable avec différentes professions, sans qu’il y ait besoin de lexicaliser l’ensemble. « Maitre savonnier » est donc préférable.
N.B. Pour rester à Marseille (et à son savon), Pagnol dans Marius fait intervenir le personnage de Panisse, maitre voilier. Enfin, en fouinant dans ma bibliothèque préférée, je vous ai trouvé l’adresse d’un contre-maitre savonnier qui vous expliquera tout en détail…
C’est la question de la présence éventuelle du trait d’union dans les mots composés avec le substantif maître, notamment suivi d’un nom de métier ou assimilé.
1. il y a au moins cinq dictionnaires (deux de langue générale – a et b ci-dessous – et trois des difficultés – c à e – qui donnent une « règle ». Ils vont dans le même sens : pas de trait d’union, sauf exceptions au nombre desquelles ne figure pas maître(-)savonnier
a. Le Larousse en ligne :
« Maître, joint à un nom de métier pour former un titre, s’écrit sans trait d’union : maître coq, maître graveur, maître imprimeur, maître maçon, maître nageur, maître queux, maître tailleur ; maître à danser (= professeur de danse, autrefois) ; maître chanteur (traduction de l’allemand Meistersinger). → maître-à-danser, maître-assistant, maître-chanteur, maître-chien, maître-penseur. »
b. Le Cordial :
« Maître .Relié par un trait d’union dans les mots composés : « maître-à-danser », « maître-autel », « petit-maître », « quartier-maître », mais pas de trait d’union pour « maître d’oeuvre », « maître mot », « grand maître » et toutes les associations de « maître » avec un corps de métier (« maître maçon », « maître nageur », « maître chanteur ».
c. J.-P. Colin :
Les mots composés avec le substantif maître (sans préposition) ne prennent pas de trait d’union (ex. : maître carrier, maître chanteur*, maître nageur), sauf maître-autel, petit-maître (= jeune élégant), premier maître et quartier-mâitre, et maître-aspirant.
* Ne pas confondre avec maître-chanteur : » personne qui fait du chantage ».
d. Péchoin et Dauphin :
: « joint à un nom des métier pour former un titre, s’écrit sans trait d’union : maître coq, maître graveur, maître imprimeur, maître maçon, maître nageur, maître queux, maître tailleur. » Exceptions : Maître-assistant, maître-chien. »
e.Thomas :
« Les composés de maître s’écrivent sans trait d’union : maître assistant, maître chanteur, maître couple, maître imprimeur, maître queux, etc. (Exceptions : maître-autel et petit-maître [jeune-élégant].) »
2. Les trois grands dictionnaires actuels ne donnent pas de règle mais vont dans le même sens que les cinq ouvrages dictionnairiques ci-dessus
a. Dictionnaire de l’Académie française, 9e édit., article maître :
« Artisan, ouvrier qui, après avoir été apprenti puis compagnon, est reçu dans un corps de métier. Maître tailleur. Maître horloger. […]
Maître queux, chef des cuisiniers d’une grande maison. Maître coq, chef des cuisines, notamment à bord d’un navire. […] Maître charpentier. Dans la Marine nationale, le mot Maître entre dans l’appellation du grade des officiers mariniers. Second maître, maître, premier maître, maître principal, dont le grade équivaut à celui de sergent, de sergent-chef, d’adjudant et d’adjudant-chef dans les autres armes. »
b. Grand Robert de la langue française (201 7) art. maître :
» (1080 ;anciennt).Qui est le premier, le chefdes personnes qui exercent la même professiondansun corps demétier, une entreprise.➙ Chef,premier.— (1835).Maître maçon(→ Forteresse,cit. 1).Maîtrecompagnon.Maître fondeur.Maîtrecalfat (→ Étude,cit. 52).— (1846).Maître chanteur(trad.del’all.Meistersinger) :« compositeurallemandreçudansune corporation à la suite d’épreuvespédantesques » (L. Réau).Les MaîtresChanteurs, opéra deWagner(dansun autre sens ;➙ Chanteur).Maître sonneur : maîtredelacorporationdessonneursdecornemuse.Les Maîtres sonneurs, romandeGeorgeSand.
REM. Cet emploidemaîtreconnaît, depuis 1960, un regain d’emploi pourfor*** s composés désignant des artisans qualifiés :maître-artisan,maître-fabricant,maître-rôtisseur,etc. (inP. Gilbert). »
c. Trésor de la alngue française informatisé (TLFi)
a) Personne qui dirige à titre de patron, d’employeur (v. aussi infraII B 1). Maître charpentier; maître menuisier. Il n’y a pas de maîtresse lingère ou autre qui ne recommande à ses filles de boutique de parler au monde poliment(MUSSET, Mimi Pinson, 1845, p. 218). Les maîtres sont obligés d’envoyer deux heures par jour à l’école tous les enfants de douze à quinze ans qui travaillent dans leurs ateliers(TAINE, Notes Anglet., 1872, p.314). Il [un vieux maçon] n’était employé par les maîtres maçons que dans les temps de grande presse, et on lui confiait volontiers le soin de gâcher le mortier ( BAZIN, Blé, 1907, p.192).
Maître imprimeur. Chef d’une entreprise d’imprimerie. […]
Maître(-)clerc. V. clerc C 1.
Maître(-)coq. V. coq2 et maître-queux (s.v. queux).
c) Spécialement
Dans les métiers de l’armée. Maître ouvrier des corps de troupe. Ouvrier qualifié ayant grade de sous-officier, travaillant dans les corps de troupe sous le contrôle du service de l’Intendance et dirigeant un atelier. Maître bottier. C’était même une chose connue, qu’il avait quelque part, en ville, chez un ami, une complète tenue de fantaisie pour les jours de grandes permissions: un dolman de sous-officier (…), ainsi qu’un pantalon de cheval, retouché sur lui-même par le maître tailleur (COURTELINE, Train 8 h 47, 1888, I, 1, p. 11). […]
MAR. NAT. Maître chargé ou, suivi du nom de la spécialité, maître de manoeuvre, maître canonnier, maître fusilier, maître électricien, maître fourrier, maître commis, etc. Officier marinier le plus gradé dans sa spécialité, chargé du matériel d’un service. Sur sa robe de vieux satin noir un grand col bleu de maître-timonier (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 168). […]
Maître(-)assistant (fém. maître). Membre de l’enseignement supérieur situé hiérarchiquement entre l’assistant et le maître de conférences, chargé d’un service d’enseignement et de certains travaux de recherche. […]
- [Exprimant un degré de qualification professionnelle ou le statut qui y est attaché]
1. [Dans le domaine des métiers]
a) [Au Moy. Âge et jusqu’au XIXe s.] Celui qui, ayant accompli son apprentissage et réalisé le chef-d’oeuvre, avait obtenu les lettres de maîtrise et était reçu dans un corps de métier (ce qui lui conférait le droit d’avoir des compagnons et des apprentis). Passer maître; maître juré; maître charpentier, maître drapier, maître sonneur. Fils d’un maître coutelier [..]
3. Les auteurs emploient plus fréquemment maître savonnier que maître-savonnier.
Sauf erreur de ma part, cela ressort du graphique qu’il est loisible de réaliser à tout un chacun avec NGram Viewer.
4. Conclusion
Compte tenu de tout ce qui précède, je conseille d’écrire de préférence maître savonnier (sans trait d’union donc), sans condamner maître-savonnier, qui est défendable à certains égards.
Rem. 1. Le label s’écrit sans trait d’union : Adhérez au label « Les Maîtres Savonniers » !
- On trouve aussi sur la Toile : Maître artisan savonnier.
Bonjour, sur ce même sujet de discussion : un monteur-soudeur, un monteur-électricien, etc. le trait d’union me paraît logique sur le modèle boulanger-pâtissier par exemple.
Bonjour et merci, car votre réponse est toujours utile quelques années plus tard.
J’ai donc confirmation que je dois écrire « maître espion » et non pas « maître-espion » comme on le voit parfois orthographié.
Bonjour,
le tiret est de la partie dans le cas d’un tel emploi (sans jeu de mot !), comme pour marin-pompier, par exemple.
Bonsoir,
Il existe au moins deux dictionnaires qui donnent une « règle », et la même en l’occurrence.
Etc.
Je reviendrai sur la question demain sans doute…