Accord du participe passé avec « en » précédé d’un adverbe de quantité
Bonsoir,
J’ai un point à soumettre.
1)
a)
J’ai lu une règle sur le site « aidenet » qui m’a interpellé. La voici :
« Le participe s’accorde, quand un adverbe de quantité » autant, beaucoup, combien, moins, plus, tant, trop… » précède « en » :
– Des cerises, combien j’en ai mangées !
– Autant de parties il a jouées, autant il en a perdues »
Je ne connaissais pas cette règle. J’ai vu sur le site qu’il y avait déjà eu un échange à ce sujet.
Dans « Le Bon usage », j’ai trouvé une règle qui contredit celle du site :
« Quand l’objet direct est le pronom personnel « en », le participe reste d’ordinaire invariable. Il en est de même si « en » est associé à un adverbe de degré jouant le rôle d’un pronom indéfini et précédant le participe. »
Les sites et livres de référence semblent en désaccord à ce sujet. L’usage est flottant. En conséquence, on peut écrire au choix :
– Des cerises, combien j’en ai mangé(es) !
– Autant de parties il a jouées, autant il en a perdu(es)
J’ai une préférence pour l’invariabilité telle que prônée par « Le Bon usage » de « en » quand il reprend le COD, quelle qu’en soit la situation. Qu’en pensez-vous ?
b)
De plus, « aidenet » oblige d’écrire :
– J’ai reçu plus de lettres que je n’en ai envoyées
Pourtant dans cette phrase, « en » est bien COD car il ne peut pas être retiré de la phrase. Il en aurait été autrement dans le cas suivant :
« que » ayant « en » comme antécédent est un objet direct normal :
– Des livres, j’en ai que vous n’avez jamais lus
De ce fait, cet exemple de « aidenet » est bien fautif n’est-ce pas ?
Merci pour vos avis
Bonjour Tony, cette question a bien déjà été traitée sur ce site (ici), quasiment dans les mêmes termes. La réponse la plus convaincante qui avait été donnée me paraît être celle, très complète, de Jean Bordes, qui confirme, références à l’appui, que l’usage n’est pas général et que dans certaines constructions, telles celles que vous citez, l’accord peut ne pas être commandé par le pronom en mais par un autre mot (adverbe de degré), ou encore qu’il arrive que en soit lui-même considéré comme un pronom personnel et qu’on lui attribue le genre et le nombre de son antécédent. Avec cet éclairage, je ne pense pas qu’on puisse dire que les exemples d’Aidenet soient fautifs (même si moi-même, dans ce type de cas, me rangerais prudemment à la règle générale et éviterais l’accord).
Bonjour Christian,
En effet, vous avez raison, l’usage n’est pas fixé. De ce fait, chacun pourra accorder à sa guise dans ce genre de cas.
Néanmoins, dans la phrase suivante, vous êtes d’accord que « que » n’est pas COD et ne doit pas commander l’accord. Le COD est bien « en » puisqu’il ne peut pas être retiré. Après libre à soi de considérer « en » en genre et en nombre ou neutre :
– J’ai reçu plus de lettres que je n’en ai envoyé
Tout à fait, Tony, dans cette phrase que ne saurait en aucun cas être COD puisqu’ici il n’est pas pronom relatif mais conjonction de subordination (plus… que). Nous sommes bien dans le cas où en est considéré comme prenant le genre et le nombre de son antécédent (les lettres). Notez au passage un joli exemple de « ne explétif » dans plus de lettres que je n’en ai envoyées… 🙂
Merci pour votre confirmation Christian.
Néanmoins, dans cette phrase on peut tout aussi bien vouloir laisser le COD invariable en considérant que « en » est neutre., soit : « plus de lettres que je n’en ai envoyé »
Ah oui en effet, bonne remarque ! Voilà un bel exemple 🙂