D’aussi loin que…
Bonjour,
D’aussi loin que je me souvienne, il aimait chanter dans sa salle de bain.
Aussi loin que je me souvienne, il aimait chanter dans sa salle de bain.
D’aussi loin que je m’en souvienne, il aimait chanter dans sa salle de bain.
Quelle phrase est correcte ?
Merci
Bonjour, toutes ces digressions poétiques sont fort agréables et viennent nous rappeler de belles pages de la littérature française des siècles passés, mais elles ne répondent pas à la question de Fifi qui, sauf erreur de ma part, ne portait pas sur la formulation littéraire il m’en souvient mais plus prosaïquement sur la tournure personnelle [que] je m’en souvienne. Pour répondre précisément à cette question : que je m’en souvienne n’est pas une erreur (contrairement à que je m’en rappelle). Les deux tournures que je m’en souvienne et que je me souvienne sont tout aussi correctes mais présentent une (légère) nuance de sens : dans le premier cas vous sous-entendez un complément (le « quelque chose » dont vous vous souvenez), dans le second vous évoquez vos souvenirs d’une façon générale, sans préciser quelque chose en particulier.
Enfin, la tournure il m’en souvient est d’un usage essentiellement littéraire ou poétique, elle peut à l’occasion être utilisée dans le langage courant mais c’est alors généralement avec une connotation humoristique ou par dérision.
Digressions, dites-vous ? Vous avez sans doute mal lu les réponses de nos experts, notamment celle de Jean Bordes, qui répond parfaitement et très précisément à la question, en 3 phrases, qui plus est en citant ses sources.
Qu’avez-vous dit de plus qu’eux ?
Bonjour Cathy, vous dites que Jean Bordes a parfaitement répondu à la question de Fifi, mais relisez bien son message initial et vous verrez qu’en fait sa question était double : elle portait d’une part sur la formulation aussi loin/d’aussi loin et d’autre part sur que je me souvienne/que je m’en souvienne. Jean Bordes a effectivement répondu de façon précise et documentée (et poétique 😊) à la première mais pas à la seconde, que Fifi a donc reformulée dans son deuxième message en demandant si la présence de m’en dans je m’en souvienne était une erreur. La réponse suivante (« pas nécessairement une erreur ») de jbambaggi étant à mon avis ambiguë et inexacte (s’appuyant notamment sur la tournure il m’en souvient qui est d’un registre complètement différent de je m’en souviens), je me suis permis d’apporter ce que je pense être une réponse précise et complète à cette question.
Les deux expressions sont acceptées (Grevisse).
La plus courante : d’aussi loin que je me souvienne.
Simone de Beauvoir : « Aussi loin que je me souvienne, j’étais fière d’être l’aînée : la première,
On dit aussi : « Du plus loin que je me souvienne, qu’il m’en souvienne, la chose était ainsi. » (Ac.)
Jean Bordes a déjà tout dit. Juste pour ajouter une autre citation à l’appui de la formulation « Du plus loin que » :
« Du plus loin que me revienne
L´ombre de mes amours anciennes […] »
Tel est le début de la chanson de Barbara Ma plus belle histoire d’amour.
Magnifique, j’allais citer la même chose…
Très bonne idée.
Merci pour vos intéressants commentaires. Donc « m’en » n’est pas nécessaire dans ces phrases, voire une erreur… (Il me semble l’avoir vu ou entendu comme cela.)
« M’en » n’est pas nécessaire mais… pas nécessairement une erreur. Il peut même être d’un emploi élégant : Jean Bordes vous en a donné un exemple – « Du plus loin […] qu’il m’en souvienne, la chose était ainsi. » (Ac.)
Le premier couplet de la très belle chanson citée plus haut se termine ainsi :
« Du plus loin qu´il m´en souvienne
Si depuis, j´ai dit « je t´aime »
Ma plus belle histoire d´amour, c´est vous »
Bien que cette tournure ne soit plus guère employée oralement, on la rencontre à l’écrit et surtout dans la langue littéraire.
G. Appolinaire a écrit :
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu’il m’en souvienne
La joie venait toujours après la peine. (Le pont Mirabeau).
et A. de Lamartine
Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n’entendait au loin, sur l’onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux. (Le lac).